Le bout de papier frétille dans ma main à chaque coup de vent.
Je resserre les doigts dessus.
L'air est chaud et pesant.
Humide.
La route est encore luisante de pluie.
L'ombre de Blanche-Neige danse sur cette surface brillante.
J'attends qu'il disparaisse au coin d'une rue pour me précipiter dans la gare.
Je recherche fébrilement une prise pour mon portable.
Je me fais dévisager par de vieilles mémés quand je regarde au niveau des bancs.
Puis par des caissières.
Par des vigiles aussi.
Toujours pas de prises.
Je reste pantelante au milieu du hall. Avec l'impression de me faire dévisager par tout le monde. Même ceux des trains, sur les quais, avec leurs visions à rayon X...
Bon, je me calme.
Les toilettes !
Le seul endroit où je n'ai pas fouillé.
J'y cours en suivant les panneaux. Enfin... j'y trottine... sous le regard de la foule.
Je quitte le hall et pique un sprint à travers un couloir. Les toilettes sont juste au bout.
J'ouvre la porte à battant d'un coup d'épaule en fouillant dans mon cartable.
J'en ressors mon chargeur, victorieuse.
Un rapide coup d'œil et je repère une prise.
À hauteur des lavabos, en plein milieu du mur face à la porte, elle me fait de l'œil. Je branche mon portable et le dépose sur le bord d'un des lavabos.
Je glisse lentement au sol.
Le carrelage froid sous mes fesses et dans mon dos me soulage.
Déjà qu'avant je n'étais pas une grande sportive...
Je me concentre sur ma respiration, le regard rivé sur la prise au-dessus de ma tête.
Mon corps hurle : «Mais pourquoi t'as fait ça ? On va mourir ici ! C'est la fin !»
Et mon cerveau : «Ça va aller, c'est fini !»
Depuis quelques temps, je me fatigue de plus en plus vite.
Les médocs et le cancer font la course pour savoir qui le tuera en premier.
Tu ting !, me dit mon portable.
Je tâte ma poche arrière gauche et en sors le bout de papier.
Je m'empresse d'entrer les dix chiffres inscrits dessus dans mes contacts.
Une fois le numéro enregistré sous le nom de "Blanche-Neige", je soupire de soulagement.
Depuis qu'il me l'avait griffonné sur un bout de papier trouvé je ne sais où dans ses poches -sérieux, qui se trimballe avec un crayon et du papier ?-, j'avais eu peur qu'il ne s'efface.
C'était la preuve que cette rencontre avait vraiment eu lieu.
La première rencontre de mon voyage.
Je souris, toute seule, assise dans les toilettes d'une gare.
L'odyssée ne fait que commencer.
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Crépuscule
Teen Fiction[EN PAUSE] 《Attrapez ce livre. Lisez-le. Faites-le passer. Courez. Secouez le monde.》 Je suis au crépuscule de ma vie. Et j'ai bien peur que les étoiles ne soient pas la seule limite qui m'empêche d'atteindre l'aube. 《L'odyssée ne...