You make me feel | vkook

3. Un numéro et les joues rouges de chim

'12 septembre

On s'est installés depuis maintenant une dizaine de minutes dans un petit bar plutôt calme pour un mardi soir, un air de jazz apaisant emplit la pièce et on est assis là, à discuter de tout et de rien.
Taehyung est vraiment le genre de garçon pas prise de tête. Le genre avec qui on peut parler de tout. Il est gentil, il ne se moque pas de moi, même quand je lui raconte certaines anecdotes de ma vie un peu honteuses.
Il m'écoute attentivement, non. Je dirais même qu'il boit mes paroles, le menton posé sur ses mains et un regard doux posé sur moi.
C'est un peu perturbant, toute cette attention, quoique ça me fait plaisir.

Quand une serveuse brune et plutôt jolie était arrivée pour prendre notre commande dix minutes plus tôt, Taehyung lui avait répondu avec un sourire attirant, "un chocolat chaud et lui un café noir, s'il vous plaît".

Il doit avoir un succès fou avec les filles.

J'ai quand même un peu tiqué en voyant la manière dont il l'avait regardée. Exactement comme moi. Mais bon, en quoi ça me dérange? C'est juste que le voir sourire avec quelqu'un d'autre de la même manière qu'avec moi me fait me sentir moins important, tout d'un coup.

Tu t'attendais à quoi au juste? Tu le connais depuis dix minutes à peine.

- Alors, tu es venu ici pour bosser dur, reprend-il en riant. J'aimerais être aussi motivé que toi.

- Oui, mais je me rends compte que j'aurais moins besoin de bosser qu'en Corée. Ici tout me paraît moins strict.

- Et ça te plaît? me demande-t-il étonné.

- Je ne sais pas trop... réponds-je un peu perdu. J'ai pas l'habitude de ça et mes parents m'ont mis une pression de malade, alors j'ai du mal à me laisser aller.

- Mais qu'est ce que tu veux, toi ?

- Moi ? Le bonheur de mes parents, je suppose.

Il rit et se penche pour m'ébouriffer les cheveux,

- Est ce que t'es une sorte d'ange, ou quelque chose comme ça ?

Je ne sais pas quoi répondre, trop troublé par ce contact. Mon téléphone vibre dans ma poche et j'y jette un œil discrètement avant de reporter mon attention sur Taehyung.

- C'est qui ? me demande-t-il.

- Mes parents, dis-je en rangeant le cellulaire dans ma poche.

- Tu ne réponds pas ?

- Qui va m'y obliger ? je réplique avec un sourire, en prenant une gorgée du chocolat chaud qui me brûle les lèvres.

Il sourit et secoue la tête,

- Je retire ce que j'ai dit, l'ange a dû rester en Corée finalement, raille-t-il amusé.

Il a dit ça mine de rien, mais sa phrase me reste dans la tête malgré tout. C'est vrai, maintenant que je suis loin de ma famille, est-ce que je vais rester l'enfant modèle que mes parents ont façonné ?

Mais bon, ce n'est pas le moment d'y penser. Pour changer de sujet, je décide de lui parler de sa chanson, celle qu'il a chanté tout à l'heure au studio.

- Se sacrifier pour une personne, et finalement douter d'avoir fait le bon choix...
Les paroles de ta chanson de tout à l'heure transmettent quelque chose de vraiment fort.

Il se tait un instant, comprenant de quoi je parle, puis il rit.

- En fait, j'avais écrit Singularity en coréen parce que je ne voulais pas confier ce que je ressentais dans une langue que tout le monde comprenait...