L'ultimatum

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J'avais tenté de rester éveillée toute la nuit. Pas question de roupiller pendant que James me remplaçait aux urgences. Au bout d'une heure à cogner des clous en relisant le dossier d'un patient, je dus me rendre à l'évidence que je n'avais pas la force de mes convictions. Au petit matin, James me retrouva donc roulée en boule sur la table de consultation, la bave au coin des lèvres.

— Il y en a qui se la coulent douce, lâcha-t-il, narquois.

Je me redressai, les yeux bouffis de sommeil, un mal de tête me martelant les tempes. Et mon nez... Je le touchai en grimaçant. James traversa la pièce pour me rejoindre.

— Tu as une sale tête.

J'avisai son air exténué et ses cernes.

— Je te retourne le compliment, rétorquai-je en le toisant.

Pour toute réponse, James glissa les main sur ma taille avec un sourire espiègle.

— Tu es prête à rentrer?

— Oui, mais avant je dois te parler, annonçai-je en sautant au sol pour me défaire de son contact électrisant.

— Une telle phrase n'annonce jamais rien de bon. Qu'y -a-t-il? demanda mon collègue en plissant les yeux.

Je me mordis la lèvre, réfléchissant à la meilleure façon d'aborder le sujet.

— Je ne sais pas trop ce que nous sommes en ce moment, commençai-je prudemment, mais je me pose des questions par rapport à notre... relation au travail. James, soupirai-je alors, ce qui s'est passé ce soir ne doit pas se reproduire. Je crois que nous devrions garder une relation strictement professionnelle à l'hôpital. Je refuse de nuire à ton jugement lorsque tu travailles et tu dois faire en sorte que ce ne soit pas le cas.

— Cordélia, nous en avons déjà parlé tout à l'heure, s'impatienta James.

— Mais tu n'as rien compris! m'emportai-je. Tu as pris une décision de merde en t'occupant de moi avant les autres patients!

Le regard de James s'assombrit et sa mâchoire se contracta. Ses yeux verts lançaient des éclairs.

— Je n'ai pas pris une décision de merde. Je ne regrette aucune de mes décisions, rétorqua-t-il, le regard flamboyant comme si je venais de proférer une injure. C'est vraiment ce que tu veux, Cordélia? Faire comme si on ne se connaissait pas quand on est à l'hôpital?

James me transperçait du regard, inflexible.

— Non... enfin, oui...

— Eh bien pas moi, m'interrompit-il aussitôt.

— James...

— Je sais que tu es encore en train de me faire le coup du cactus humain qui repousse les hommes, mais je...

— C'est faux! Je ne te repousse pas!

— Bien sûr que tu me repousses, Cordélia, ça semble être la seule chose que tu sais faire!

Je poussai une exclamation outrée.

— De quel droit te permets-tu...

— Veux-tu savoir ce que je veux? me coupa-t-il à nouveau. Je ne veux pas d'une relation seulement en-dehors de l'hôpital. Je te veux toute entière, ou alors pas du tout. Si l'on poursuit notre relation, je ne ferai pas semblant que tu es une connaissance lorsque je te croiserai dans le couloir des urgences. Je ne ferai pas semblant que je ne suis pas inquiet quand tu as le visage en sang et que tu ne tiens même pas sur tes jambes. Je ne ferai pas semblant que tu me laisses indifférent alors que c'est tout le contraire. Peux-tu comprendre ça?

Life is short, babyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant