Dimanche, jour de repos, qu'ils disaient.
C'était ma première journée de congé depuis 6 jours et la sonnerie de mon téléphone me réveilla à midi. Ça ne faisait que 4h que je dormais.
— Allô?
— Cocotte, c'est maman. Devine quoi!
— Quoi? demandai-je sans entrain.
— Ton père a eu son congé! Il sort de l'hôpital!
Ma mère était si heureuse qu'elle aurait attendri le plus dur des cœurs de pierre. Je me frottai les yeux pour en chasser les dernières traces de sommeil.
— Maman, c'est super. Je viendrai vous voir lorsque vous serez de retour à la maison.
— En fait...
— Oui?
— Je voulais te demander si tu pouvais venir chercher ton père avec moi. J'ai peur de ne pas être capable toute seule. Tu sais, il a encore de la difficulté à marcher, alors... Je sais que tu as travaillé la nuit passée, mais Astrid est enceinte et je ne veux pas l'emmener dans un hôpital. Je ne veux pas qu'elle attrape une maladie. As-tu entendu cette histoire à propos d'une femme enceinte qui a...
— C'est bon, maman, je vais venir.
-Merci Cocotte, tu es un amour! Tu passes me chercher dans une demi-heure?
Avais-je seulement le choix?
Lorsque nous arrivâmes à l'hôpital, mon père nous attendait en sirotant un jus de pomme, vêtu de son manteau et de son foulard. Son sac contenant ses vêtements reposait à ses pieds.
— Ah, vous voilà enfin! Je vous attends depuis une éternité. Remarque, ça m'a permis d'avoir ma collation, reconnut-il en levant son jus de pomme dans notre direction. Voilà, j'ai fini. Cocotte, tu veux bien m'aider à me lever?
J'aidai mon père à s'extirper de sa chaise et lui tint fermement le bras pour sortir de la chambre.
— Tu es sûr que tu ne veux pas de chaise roulante?
— Moi, une chaise roulante? Cocotte, je suis fringuant comme un jeune poulain, ne m'insulte pas.
Mon père s'appuyait de tout son poids contre moi, mais sa fierté était à toute épreuve.
Une fois chez mes parents, je m'assurai que mon père était confortablement installé dans son fauteuil. J'allai ensuite chercher ses médicaments à la pharmacie du quartier et les fis mettre dans un pilulier avec les jours de la semaine.
— Qu'est-ce que c'est que ça? demanda mon père en jetant un regard suspicieux au pilulier.
—Ça t'indique quel médicament prendre à chaque jour, et à quel moment de la journée.
— Mais pourquoi est-ce que tu lui donnes ça? m'interrogea alors ma mère. Maurice prend toujours ses médicaments.
— Si par « toujours » tu veux dire « de façon purement aléatoire », alors je suis d'accord. Papa, tu dois être plus assidu dans ta prise de médicaments, désormais.
Avant que je n'aie eu le temps de les convaincre, ma sœur fit son arrivée. Aussitôt, j'eus l'impression de disparaître de la pièce. Ma mère lui offrit un verre d'eau fraîche et réarrangea les coussins du fauteuil pour qu'elle puisse s'asseoir. Un peu plus et elle la nourrissait de raisins en lui faisant du vent, comme si elle accueillait chez elle Cléopâtre en personne. Mes parents s'enquirent de sa santé, de sa fatigue, de ses douleurs et de ses inquiétudes de femme enceinte.
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Life is short, baby
RomantizmLorsque Cordélia devient urgentiste à l'hôpital de Pointe-aux-Noyers après sept ans d'études acharnées, elle croit avoir atteint son objectif de vie ultime. Elle adore la médecine d'urgence, mais entre les quarts de travail de nuit, son père qui tom...