Étais-je une lâche?
C'était la question que je me posais en prenant ma douche le lendemain matin. James dormait encore lorsque je m'étais échappée de ses bras comme une voleuse. L'alcool ingurgité la veille m'avait donné un bon vieux mal de crâne, mais ne m'avait pas enlevé la mémoire des événements. Je me rappelais chacune de mes paroles et chacun de mes gestes avec une précision effarante. Ceux de James aussi.
Mais qu'est-ce qui m'avait pris? J'avais été tellement... démonstrative.
Les gens saouls sont les gens les plus honnêtes, me glissa une voix perfide dans ma tête.
Je frissonnai malgré la chaleur de l'eau. Même s'il me coûtait de l'admettre, je ne pouvais nier que je pensais tout ce que j'avais dit à James la veille. L'alcool m'avait rendue aussi honnête qu'un enfant de trois ans qui se dénonçait lui-même après avoir fait une bêtise. Le problème était que James s'attendait maintenant à ce que je dise ou fasse quelque chose par rapport à lui. Par rapport à nous. Et qui plus est, aujourd'hui.
Une vague de panique monta en moi. Je coupai l'eau et sortis rapidement de la douche avant de m'envelopper dans un serviette. Je me séchai en tâchant de garder mon sang-froid. Si je faisais croire à James que je ne me souvenais plus des événements de la veille, je n'aurais pas à répondre aux conséquences de mes actes. Cependant, cela ferait de moi une lâche. Ce qui me ramenait donc à la question initiale : étais-je une lâche?
Lorsque je sortis de la salle de bain, propre, habillée et coiffée, je n'avais toujours pas trouvé réponse à ma question. Ça n'allait pas tarder, cependant, puisque James était réveillé. Assis dans le lit, torse nu, l'édredon remonté jusqu'à la taille – Dieu merci, il regardait dehors d'un air songeur. Il darda son regard sur moi dès que j'avançai dans la pièce.
— Bonjour, Cordélia, dit-il d'une voix rendue rauque par le sommeil.
Nom de Dieu, pourquoi sa voix au réveil était-elle si sexy?
— Bonjour, James, répondis-je d'une voix neutre en ignorant délibérément la chair de poule sur mes bras.
Je m'appliquai à plier mon pyjama avec une précision chirurgicale.
— As-tu quelque chose à me dire? reprit James.
Je sentis mon cœur s'affoler.
— Quelque chose à te dire? répétai-je innocemment.
— Oui.
— Euh, bien dormi?
— Cordélia.
Je me tournai finalement vers James. Ses cheveux étaient ébouriffés et la repousse de sa barbe était visible sur ses joues. Je ne l'avais jamais vu aussi négligé ni ne l'avais jamais trouvé aussi séduisant.
Bon sang, pourquoi n'étais-je pas capable de contrôler mes hormones? Mon corps avait le réflexe archaïque de ressentir du désir pour le sexe opposé, ce qui m'aurait permis, il y a de cela plusieurs millénaires, de procréer et d'assurer la survie de mon espèce. Aujourd'hui, cela ne servait qu'à me liquéfier comme une idiote chaque fois que James Norrington était près de moi. Foutues hormones du désir.
— Quoi? lâchai-je finalement d'un ton sec.
— Ne me fais pas le coup de celle qui a tout oublié.
— Oublié quoi? repris-je tout aussi sèchement.
— Cordélia, tu mens aussi bien que Pinocchio.
— Je ne mens pas, James! De quoi m'accuses-tu encore?
— Cordélia, ma patience a des limites, tu sais.
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Life is short, baby
RomanceLorsque Cordélia devient urgentiste à l'hôpital de Pointe-aux-Noyers après sept ans d'études acharnées, elle croit avoir atteint son objectif de vie ultime. Elle adore la médecine d'urgence, mais entre les quarts de travail de nuit, son père qui tom...