" L'homme doit pardonner car c'est Dieu qui juge." Human

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Il trébucha, stupidement, s'affalant tout son long sur les dalles de la capitale. Grognant de douleur, il resta à terre, conscient du ridicule de la situation. Il avait mal au genou. Il espérait ne pas s'être écorché...  Il espérait trop de choses ces derniers temps, lui souffla sa conscience avec un zeste d'amertume.
Se redressant péniblement, il lança un regard à son genou droit qu'il avait ramené devant lui, assis à même le sol. Il poussa un profond soupir d'exaspération. Il avait vraiment une réelle malchance qui s'acharnait sur lui. .. C'en était horripilant. Chaque moment de sa vie était agrémenté de quelques inconvénients... Chaque choix qu'il faisait semblait occasionner plus de conséquences néfastes qu'autre chose. De son point de vue en tout cas, c'était le cas. Peut être voyait-il simplement le verre à moitié vide. Peut être était-il simplement trop ingrat depuis quelques temps... De plus en plus ingrat... 
Il se leva, plus alerte. A présent, trouver Eago n'était plus un caprice du lien... C'était une nécessité. Blessé, il ameuterait tous le s vampires, toutes les créatures mal-intentionnées de Berlin... C'est bien la dernière chose qu'un voulait. 
- Voici donc le calice qui se promène à Berlin, retentit une voix amusée.

- Ils sont nombreux les calices se promenant à Berlin, répliqua Dorian avec ennui.

- Ils sont risiblement rarement seuls.

- Quand on voit la courtoisie des créatures locales aussi...

- Il est présomptueux que de penser que ton statut de calice te rend intouchable, jeune homme.

- Il est présomptueux que de violer la directive première du Tribunal Vampire.

- Le Tribunal a peu d'emprise depuis le troisième Reich.

- Vous excuser votre amoralité par l'histoire humaine... C'est ridicule.

- C'est tout aussi ridicule que de me provoquer alors que ton sort dépend de ma bonne volonté...
- Allez voir ailleurs plutôt, répliqua froidement Dorian, ne cherchant pas à localiser le porteur de la voix, se dirigeant à grand pas vers le croisement suivant.
- Oh ! D'une grossièreté...
- Foutus malades, grognait avec humeur Dorian, un frémissement parcourant son échine alors que sur sa nuque se posaient des prunelles éternelles.
- Qui me blâmerait pour avoir cédé alors que ce sang est si...Extatique...
- Votre mort aussi sera extatique, répliqua calmement Dorian. Ce calme était une façade. Il avait appris à ne pas laisser sa panique dicter ses actions... Il avait du l'apprendre.
- J'ai hâte de voir un calice tenter de se défendre, ria le vampire, son souffle frais allant s'écraser contre le cou de Dorian qui fit de son mieux, pour ne pas trembler.
Une main se pose sur son épaule, le forçant à faire volte face alors qu'il était à deux mètres du croisement.
- Quelle profondeur dans ce regard océan, sourit le vampire inconnu, ses cheveux d'un blond délavé ramenés en arrière.
Dorian sortit son arme sans hésiter, le dressant pour tirer aussitôt, sans ciller. Le vampire germanique poussa une longue plainte de douleur en s'écartant d'un bond de cinq mètres. La déflagration sembla blasphémer la nuit noire et vide de vue qui n'était à présent trahie que par les grognements du vampire.
- Ne le prenez pas personnellement. La prochaine ce sera entre les deux yeux si vous ne vous retirez pas. 

Il avait tiré. Sur un vampire. Il avait logé une balle dans le corps de ce prédateur avant que les crocs de ce dernier ne se logent dans sa gorge... Parce que c'était une créature. Un vampire. Il n'aurait jamais pu tirer sur un mortel. Sur un humain... Il s'en savait incapable. Même si sa vie était en jeu... Il ne pourrait jamais devenir cet individu qui tue pour sa vie. Une vie pour une vie. Une mort pour une vie. Il ne pourrait jamais commettre ce sacrilège, il le savait. L'entrainement à la base de la M.I.V l'avait confronté à faire des choix. Et il avait fait le choix de ne pas perdre son humanité. Sa morale. Pour oser, chaque matin, se regarder dans une glace.

- Misérable...
- Ou ce sera dans la gorge, à vous de voir...
- Je vais te...
- Autant tuer un humain me révulse que tuer une Créature qui attente à ma vie m'indiffère. Alors vous devez faire un choix. Avant tout que Eago ne...

Son arme disparut de ses mains. Dorian ne cilla pas, sachant que rien n'égalait la vitesse vampirique. Il ne pouvait rivaliser avec cela. Il en avait amèrement pris conscience quand les camarades de Eago l'avaient entraîné sur cette base de la M.I.V. Dans ses leçons de tir, il avait touché Blue et Charles deux fois... Sur deux mois de pratique... Et il était certain que les deux vampires lui avaient fait une fleur sous la menace de Eago qui ne supportait pas le découragement que le calice lui transmettait à travers le lien.
- A présent, ton jouet étant confisqué, je vais te...
- Toujours dans les plus improbables situations, soupira une voix.
- La faute n'est pas mienne, souffla Dorian avec un certain agacement, tentant de faire fi de ce soulagement qui le prenait aux tripes, contrastant douloureusement avec la panique qu'il tentait d'étouffer jusque là à l'idée de ne pas pouvoir se débarrasser de son assaillant.
- Tu aurais dû rester au manoir de Vlad.
- Je ne pouvais pas.
- Où est celui qui interrompt ma chasse, s'enquit froidement le vampire germanique.
-Partez si vous voulez vivre, répliqua Dorian.
Peu ravi de se voir donner des ordres par un calice désarmé, le vampire le saisit à la gorge, grondant pour le faire taire. Dorian hoqueta, le souffle coupé.
Une poigne de fer se referma aussitôt sur sa propre gorgé, le faisant hoqueter de surprise.
- Il est blasphématoire d'attenter à la vie d'un calice.  Le-dit calice s'était écarté, une main massant sa gorge douloureuse, restant dans l'ombre de son protecteur.
- A qui ai je l'honneur ?
- Lord Eago, guère ravi de vous croiser... Et vous êtes ?
- Friedish, je...
- A Dieu, Friedish, le coupa son assaillant avant de lui briser la nuque d'un geste sec et précis.
Dorian tressaillit d'horreur en entendant les vertèbres craquer. Il posa un regard désolé sur le vampire qui avait tenté de s'en prendre à lui puis lança :
- Vous n'étiez pas obligé de le tuer.
- Je refuse de justifier la mise à mort de ce que je considère comme étant une menace.
- Fort bien, je ne vous le demandais pas. L'inhumanité n'est pas justifiable, répliqua sèchement le jeune garçon.
- Fort heureusement pour moi, je ne suis pas humain, rétorqua le vampire.
Dorian, ne trouvant rien à répondre à cela ne put que grogner sa mauvaise humeur . 

Eago poussa un soupir ennuyé, ouvrant les bras pour inviter son calice, disant : 

- Je suis navré que ma mauvaise humeur ait un impact si violent sur ta santé, mon précieux Dorian... Je t'en prie, laisse moi t'emmener. 

- Vous allez à nouveau me jeter à la figure votre opinion et ruminer dans votre coin des jours durant, grogna Dorian avec une pointe de lassitude. 

- Non... Je ne ferai rien de tel. J'ai été imprudent, je n'aurais jamais du te dire de telles choses. Tu resteras un humain, et cela, j'ai tendance à l'oublier. 

- Comment suis-je sensé prendre cela?

- Comme une reconnaissance de mon ignorance, mon imprudence, mon égoïsme...

- Vous avez toujours été égoïste, commenta Dorian en se réfugiant, timidement, dans l'étreinte du vampire. Ce dernier, dans un soupir, l'étreignit, inspirant son odeur enivrante, sentant au fond de lui le lien se gorger de ce rapprochement.

- Certes... Et tu seras toujours trop humain pour ton propre bien, soupira Eago en le soulevant pour le ramener au manoir de Vlad. 

- J'ai tiré sur un vampire... lui rappela Dorian, contrarié, s'endormant lentement.

- Tu as visé l'épaule, pas la tête, grommela Eago si bas que le calice ne l'entendit pas. 

- Pourtant nous lui avons appris à viser la tête, commenta Blue, adossé à un lampadaire, un sourire narquois aux lèvres. Eago ne prêta aucunes attentions à sa remarque, traversant à grands pas le ville riche en histoire dans ce pays qui avait vu se jouer tant d'actes de la folie des hommes... 

 

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