Si c'est un don... TOME 2

" The Gods have no mercy." G.O.T

Il l'avait quitté il y a peu et pourtant avait cette désagréable impression de le revoir après une longue absence. Le lien y était sans doute pour quelque chose, du moins c'est ce que son esprit rationnel lui susurrait. Et une autre partie de lui lui signifiait que les termes dans lesquels ils s'étaient séparés un peu plus tôt dans la journée n'avaient pas aidé le jeune calice en lui à ne pas redouter une nouvelle absence. Pas alors qu'enfin ses yeux se posaient sur le seul individu qui avait juré qu'il ne lui ferait jamais de mal. Le seul en qui il osait poser une confiance sans égal... Et son corps, dans cette étreinte de fer qui lui avait évité une mauvaise chute, se détendit considérablement. Toute sa panique se distilla dans son bien-être...

- Où est le métamorphe, demanda calmement Eago en effleurant du bout des doigts le visage tiré par l'inquiétude de son calice.

- Juste derrière... souffla Dorian avec un soulagement certain, sentant tous les muscles de son être se détendre, ses traits de décrisper. Il ne savait finalement même plus pourquoi il en avait voulu au vampire au point de s'éloigner ainsi, la rage au cœur.  Une part de lui grognait intérieurement de mécontentement : cela devait bien arranger Eago qui avait peu de facilités à gérer les colères du jeunes calice qu'il était.

- T'a-t-il fait du mal?

- Je... Non...

- Bien. Restes derrière moi, s'il te plaît. Ce ne sera pas long.

- Il peut vraiment me faire du mal? Mon ami d'enfance ? Devenir métamorphe l'a changé à ce point ?

- Je ne sais pas, Dorian. Mais je préfère éviter que tu sois inutilement exposé, répondit calmement Eago, souhaitant faire décroître la panique qui doucement submergeait le garçon qui jusque là avait réussi à être maître de lui même.

- Devenir autre peut changer à ce point ? Je vais changer moi aussi ? Et si je devenais aussi... Aussi différent ... Je... Méprisable... Violent...

- Vos situations ne sont nullement comparables, Dorian, tenta de l'apaiser la voix calme du vampire.

- Je l'ai frappé...

Les mains délicates et froides de Eago prirent la main blessée du calice, effleurant sa chair mutilée du bout des doigts. Il fut navré de constater avec quelle violence le jeune calice avait frappé cet individu, ce métamorphe, qu'il disait être un ami d'enfance. Ses phalanges étaient meurtries, sa chaire à vif, son sang, blasphématoire, coulant doucement... Et s'il avait hésité? Et s'il n'avait pas frappé ? Eago ne l'aurait jamais rejoint à temps pour lui éviter tout mal... Pour le protéger... Comme le soir de la mort de Furie : Il n'en aurait pas eut le temps... Et en tant que vampire, voir le temps lui accorder quelques instants d'incertitudes, quelques secondes cruciales, l'agaçait... Il était maître de son temps depuis toujours. A présent, le temps avait une emprise sans nom, sans égal, sur la survie de son calice.

- Il te voulait du mal. Tu t'es défendu.

- Je lui ai fait du mal...

- C'était légitime.