" Qu'un fou pour espérer changer le monde..." Scylla

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Affalé à terre, semi-conscient, il avait été délaissé par son agresseur. Il avait mal, et dans son brouillard de conscience, entre torpeur et douleur, il tentait de revenir à lui... Il avait toujours ressenti une crainte viscérale de ne pas pouvoir se défendre lorsque la situation l'exigerait. Ce sentiment qui le prenait le hantait depuis la mort de Furie, depuis cette horrible nuit où il avait été spectateur de l'horreur d'une politique... D'une vision du monde...Et elle s'opposait à sa simple existence. Son existence sous cette étiquette de calice qu'il n'avait pas choisi de porter... Dans un regain d'énergie qu'il puisa dans sa panique et son désespoir, il parvint à sortir de ce brouillard trop tentant, à se redresser sur ses coudes, ses yeux à moitié ouverts, bataillant avec ses paupières pour ne pas sombrer à nouveau... Il avait mal au crâne, comme si une tempête avait éclaté entre ses tempes et déferlait sa puissance destructrice contre les parois internes de son crâne... Sa tempe le démangeait, il voulait gratter, se débarrasser de cette gêne qui, associée à la douleur de son épaule et celle de son crâne, était des plus dérangeantes... Dans un effort qui lui parut excessif, il porta sa main à sa tempe, se débarrassant de ce qui le démangeait d'un geste. La croûte de sang séché fut retirée dans la protestation de sa peau et de ses sens exacerbés par sa gueule de bois. Il perdit le barrage qui séparait son sang pulsant à travers la veine palpitante sa tempe. Traître, le liquide vital se retira alors avec une certaine hâte. Chaud, le liquide se répandait lentement sur le côté de sa tête pour se perdre dans son cou torturé par sa période passée sur ce sol froid et dur.

Il croisa le regard ennuyé qu'il connaissait malgré lui. Ces yeux hétéro chromes, sa prunelle argent et sa prunelle azur, se posant sur la silhouette à moitié relevée du calice... Les prunelles agacées de Baba Yaga... Elle qui craignait la colère des vampires plus que la mort elle même... Elle semblait furieuse mais il ne savait dire si c'était contre lui, contre la situation...

- Il a fallu que tu sois hors du Manoir, cracha-t-elle.

- Je... commença, sourcils froncés le calice, ne sachant comment réagir face à cette mauvaise foi évidente... Ils n'avaient pas à l'attaquer ! Ils n'avaient pas à s'en prendre à lui! Il n'avait rien demandé... Il se savait légitimement inattaquable même si, en effet, à ce moment là, il n'avait rien à faire dans la forêt... Il avait cédé à sa curiosité et à ses pulsions en allant trouver les réponses qu'on refusait de lui fournir...

- Qui m'a enlevé, demanda-t-il d'une voix misérable.

- Quelle importance, tu vas mourir, cracha la femme en s'en allant, le laissant sur le sol de cette prison aux barreaux rouillés et insalubre. Dorian, épuisé, effrayé, luttait contre la panique qui menaçait de lui faire perdre ses moyens. Il devait se sortir de là. Il devait se sortir de cette situation dans laquelle il s'était mis malgré lui. Il se leva dans un gémissement de douleur qui se répercuta contre les paroi froides et humides qui l'entouraient. Il ne resta pas debout bien longtemps, pris d'un violent vertige qui le fit basculer sur son côté gauche, l'électrocutant de douleur alors que son épaule se remettait à saigner. Il ne combattit pas plus la douleur et la torpeur qui lentement le tiraient vers les sombres abysses de son inconscience...

Debout à quelques mètres des grilles, la lumière de la lune embrassant le lieu par un petit orifice au dessus de la cellule, deux individus fixaient le calice qui avait finalement cessé de lutter pour rester conscient.

- Baba Yaga s'est retirée avec les siens, commenta la créature velue qui avait traqué et capturé le calice dans la forêt, son McMillan passé sur son épaule droite avec une certaine nonchalance.

- Elle ne voulait pas être mêlée à cela mais je suis la plus Haute Puissance du Nord après les Vampires. Elle me doit obéissance pour l'avoir laissée entraîner et former ses sorciers et sorcières en toute liberté.

- Vous n'êtes qu'un vagabond sadique, sinon votre ligue d'assassins surentraînés, vous n'êtes rien.

- Toi tu es un mythe sans nom, tu n'as pas à me parler de légitimité par le pouvoir.

- Je suis le Mythe du nord, la créatures innommable, corrigea la créature velue. Cette absence de catégorisation me rend plus libre que n'importe quelle créature, un vague sourire aux lèvres, nullement offensée par les propos craché par son vis-à-vis.

- Quelle navrance. Tu te complais dans cette absence de reconnaissance...

- Il va sans dire que je préfère ne pas avoir de nomination ridicule. Vous, nommé Bonhomme Sept Heure par la plèbe , que gagnez vous? Qu'est ce que ce titre apporte à votre quotidien? Est-il moins routinier? Moins absurde? Moins ridicule?

- Assez de cette insolence, gronda le-dit Bonhomme Sept Heure, une sombre aura se dégageant de lui. Le Mythe renifla avec mépris et dédain avant de quitter l'endroit.

Il s'arrêta face à un escalier taillé dans la pierre qui semblait mener à l'étage supérieur, disant avec un certain amusement :

- Une fois votre sniper parti, en prenant en compte le départ de vos sorcières et sorciers vu le manque d'estime que vous avez porté à notre chère Baba Yaga, pensez-vous tenir un siège de vampires ?

Le vagabond à l'allure débraillée qui avait nourri les craintes de nombreuses générations nordiques et dont le nom était encore susurré lorsque disparaissaient des enfants, fronça des sourcils, sifflant avec un certain agacement teinté d'appréhension :

- Rien ne peut atteindre cette caverne ancrée dans la montagne.

- Oh, mais vous avez eut la mauvaise idée de laisser ce cher et tendre calice se vider de son sang, rien ne peut entraver l'odorat et l'instinct d'un vampire. Rien ne peut s'opposer au lien.

- Misérable, c'est vous qui... commença à éructer le Bonhomme Sept Heure mais il n'acheva pas sa phrase, son vis-à-vis ayant disparu alors que dans la montagne, de nombreux hurlement bestiaux semblaient s'éloigner, l'un faisan écho à l'autre. Dans un grognement de colère, le vagabond le plus méprisé et le plus craint du nord se dirigea vers les étages supérieurs. Il avait une revendication politique à préparer pour plaider sa cause, celle qui avait conduit à l'enlèvement de ce calice.


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