" The sun will shine on us again..." Loki

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Hermann Goring avait été connu à une époque pour sa cruauté sans nom. Son amour pour la torture, son attirance pour le désespoir, avaient fait de son nom, comme de tous ses autres noms aujourd'hui oubliés un nom à ne pas prononcer avec légèreté. Nul n'aurait pensé que cette ombre du passé, ce malheur d'un autre âge, referait surface pour s'avérer être l'instigateur de cette pseudo révolution dont l'aboutissement espéré était l'asservissement de tout ce qui était considéré comme inférieur. La destruction d'une structure pour la création d'un système à leur avantage...

Eago, plongé dans ses réflexions, ne prêtait aucunes attention à la partie que jouaient Charles, Blue et Geoffrey. Il gardait une oreille attentive à la respiration paisible de son calice qui dormait dans le canapé, enroulé dans un plaid. Il avait bien tenté de le ramener à sa chambre mais le jeune garçon avait refusé de le quitter. Il commençait vraiment à se lasser de cette tension oppressant constamment son calice mais, à son grand damne, il ne peut rien y faire, contraint d'en finir avec cette guerre d'opinion afin d'enfin avoir la paix qu'il connaissait avant d'être lié...

Beaucoup lui ont signifié son malheur d'avoir trouvé son calice. Beaucoup dans une minorité qu'il fréquente occasionnellement. Heureusement. Il sait que rien ne lui ramènera la douce solitude qu'il avait jadis, libre de vagabonder où son esprit le souhaite, libre de se perdre par delà les frontières, les horizons et les sommets les plus menaçant de ce vaste monde... Mais il sait aussi que rien n'égalera à présent le sang de son calice. Rien n'égalera la sensation de plénitude qui l'envahit alors qu'il le serre dans une étreinte éternelle pour planter ses crocs dans sa tendre chair... Il sait que rien n'égale cette sensation de bien être presque assommante qui le prend quand il est avec son calice... Cet oubli de tout, de tous, n'ayant conscience que des prunelles profondes de ce jeune si fragile, si seul, si brisé... Un humain ayant subi la tendre folie des Autres. Car il avait une humanité dépassant l'entendement... Dépassant la logique même de survie qui est inscrite en chaque individu, qui est dite instinctive...

Bien que la position de Hermann Goring leur soit inconnue, ils avaient une fois de plus quitté Londres. Dorian était certain que que cela était dû à sa mère. Eago voulait garder son calice de la folie de la politicienne. Il espérait que la distance serait suffisante pour que sa sécurité soit effective. Dorian lui ne s'inquiétait pas outre mesure. Il savait que sa mère l'avait toujours vu comme un héritier, un descendant, un porteur et transmetteur de Nom. Il avait, suite à leur dernière rencontre accepté l'idée que sa mère n'était autre que la politicienne dans l'ombre de qui il avait grandi. Il avait accepté la violence de ses mots... La douleur qui en avait résulté... La léthargie dans laquelle il était resté une bonne semaine, soutenu par la présence rassurante de son vampire. Londres n'étais plus la ville qu'il chérissait ... Elle n'était plus la ville où il avait l'espoir de retrouver une mère qu'il avait espéré avoir... Il pensait que rien n'égalerait sa peine d'enfance... Pourtant, sa dernière rencontre avec sa mère, après la perte douloureuse de Furie, avait été une expérience des plus douloureuses... Il savait que rien ne l'attendait à présent dans cet univers qu'il avait quitté malgré lui. Il n'attendait plus rien de sa part non plus alors ne ressentait pas vraiment la peine qui lui aurait habituellement étreint la gorge à la pensée de ne plus vivre les banalités de son quotidien... 

Ils étaient revenu en Fédération de Russie. Il en était heureux. Il aimait ce vide qui s'étendait à perte de vue, partout autour du domaine de Eago. Il aimait ce silence. Il aimait cette solitude. Il aimait cette bibliothèque atypique où il s'était lancé le défi de trouver tous les ouvrage en anglais ou en vieil anglais et de les lire. Il y en avait peu, cela allait sans dire, mais il se plaisait à tenter de les trouver dans ces rayonnages sans âges mais entretenu à la perfection.

Il avait aussi pris l'habitude de s'entraîner avec Charles, Geoffrey et Blue lorsque ceux-ci en avaient le caprice ou lorsque le regard que Eago posait sur eux était bien trop menaçant pour qu'ils tentent de faire de l'humour... Dorian avait voulut se passer de ces entraînement physiques, détestant se battre, détestant devoir blesser quelqu'un par égoïsme, pour survivre... Il n'avait jamais répondu à la violence par la violence alors il ne comptait pas prendre cette habitude dès maintenant alors qu'enfin il acceptait le fait que la violence ferait à jamais partie de son quotidien... Il avait pensé pouvoir s'abstenir d'en être un acteur mais son autonomie dépendait de sa capacité à se débrouiller... Et par se débrouiller, les vampires formant son entourage pensait «se défendre». C'est pour cela que Eago l'avait laissé passer un semestre à l'université. C'est aussi pour cela que Eago avait refusé qu'il y remette les pieds... Il avait en quelques sortes trahi la confiance qu'on lui portait et il savait qu'il serait difficile de la récupérer. Le plus inacceptable dans son entraînement quotidien était l'entraînement au tir. Il avait rapidement réussi à utiliser l'arme avec une précision impressionnante aux yeux des vampires. Comment un gamin se revendiquant pacifique pouvait tirer avec une telle précision ? Dorian avait raconté un pan de son enfance, expliquant qu'avant de disparaître, son père lui apprenait l'art du tir à l'arc. Mais il n'avait pas été très bavard à ce sujet. Il avait simplement expliqué le pourquoi du comment. Eago n'avait pas tenté de le forcer à se livrer, sachant qu'il avait l'éternité pour en apprendre d'avantage sur le passé tumultueux de son frêle calice.

Installé dans un fauteuil tourné vers la baie vitré qui lui offrait une vue panoramique sur l'immensité gargantuesque de la forêt de conifères qui s'étendait jusqu'aux monts dont les sommets titillaient le ciel charge de nuages annonciateurs d'une tempête, Dorian lisait , avec un certain chagrin, « La Tragédie de l'Everest » de Jon Krakauer. Il lisait le récit de ces hommes et femmes qui fin des années 90 avaient tenté l'audacieuse ascension du sommet du monde.Ces alpinistes, ces rêveurs, ces ambitieux qui avaient profité d'une fenêtre météo pour franchir la dernière étape de leur ascension. Pour atteindre le sommet du monde alors que le camps de base leur annonçait une météo tumultueuse.

Ce récit tiré de l'ascension de ce reporter avec plusieurs équipes avait eut un lot de morts navrant. Dorian était fasciné par la dextérité avec laquelle l'auteur, le reporter, décrivait sa douleur, sa peine, son épuisement moral et physique, son désespoir de voir tomber, s'assoupir, tituber des gens qu'il considérait comme étant ses camarades après des semaines de préparation. Ce récit poignant le plongeait sur les flancs escarpés et tentateurs de l'Everest. Il était emporté par le récit à tel point qu'il ne prêtait aucunes attentions à ce qu'il se passait dehors, ne voyant pas ces nuages d'un gris métallique presque fictionnel dévaler les flancs des monts déchirant l'horizon pour envahir avec une lenteurs virale la forêt d'un vert éblouissant.  

  

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