" A chaque choix on parie contre le sort..." Faf La Rage

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Comme si face à ce résidu d'enfant, à ce garçon qui avait du grandir  trop vite, elle ne voyait que son enjeu social, politique,économique... Comme si son fils ne signifiait rien en tant qu'enfant. Elle le considère comme un atout, un pion à déplacer, une vie n'en valant pas tant que cela.
La dame de fer de Londres, la ministre Wall n'avait que peu d'intérêt pour le bonheur de Dorian. Cela, elle l'avait montré, peut être inconsciemment en le nommant le jour de sa naissance qui fut une brisure, que ce soit pour elle ou pour l'enfant à qui elle donnait la vie. 

Pourtant, face à elle, en larmes, ce même enfant qui dix-huit ans plus tôt avait un bref instant attisé son empathie ne lui procurait rien sinon déception et inconfort... Ces larmes, cette douleur... Cette incohérence alors qu'il voulait protéger cette créature contre nature qui animait en lui des sentiments... Déplacés... Elle poussa un énième soupir. Elle comprenait sa douleur au fond d'elle même. Elle l'avait jadis vécue lorsque son propre père l'avait laissée dans cette cave de leur maison de campagne pour qu'elle y prenne conscience de "sa place"... Elle en avait pris conscience. Amèrement. Violemment... Elle avait abattu son cher, très cher, père, lorsqu'il avait hésité à la tuer. Et à présent, elle faisait face à l'erreur mortelle de son aïeul. Cette douce et délicieuse erreur qui l'avait menée elle à sa position. 

Dans leur famille, l'amour n'a pas sa place. Il ne l'avait jamais eu. C'est par intérêt que les membres de la famille agissaient. Que cela cause tourment, douleur ou autre... Ces émotions devaient être tues. Ces émotions devaient être refoulées. Ces connexions neuronales parasites ne devaient surtout pas être un frein à la croissance du pouvoir de la famille. Car le nom est tout. Car ce nom est tout...Carla volonté des anciens était la pérennité de cet empire. L'identité est le seul fardeau dont les mortels ne peuvent se détacher. Son fils, à travers son union avec les immortels de ce monde avait tenté de se défaire de cette identité. De s'éloigner de sa génitrice. De sa famille. Or il est le seul héritier. Elle ne peut le laisser... Pas alors que son époux l'a laissée... Parce qu'il était incapable de faire abstraction de ses sentiments. Incapable de se détacher de sa culpabilité.  

En lien avec le défunt Henri Conscience avec qui elle avait eut de longue discussions politiques et sociales, elle savait la position de son fils. Elle savait pour son statut de calice. Elle en était déçue... Cette information aurait été si utile par le passé. A présent, elle ne pouvait rien en faire.

Pieds et poings liés sur cette chaise, au milieu de la pièce, son fils la fixait avec peine , le regard brillant de trahison, de tristesse, d'empathie...

- Tu es un don pour la famille Wall, Dorian. Un don qui est objet de maintes convoitises depuis que tu t'es lié à la politique du Monde des Créatures...
- Je n'ai rien fait pour...
- Ta simple position de calice, cher fils, te rend plus précieux que tu ne l'es déjà.
-Je...
- Tu n'as pas le choix.
- J'aurais pu vous tuer, mère... Mais je ne l'ai pas fait. Laissez moi partir et il ne vous sera rien fait.
- Mon cher fils, tu ne prends même pas conscience de la situation avec assez de sérieux pour me proposer une négociation...
- Vous êtes et resterez ma mère malgré et contre tout... Je vous en prie. Je ne veux pas votre mort.
- Voilà qui est bien honorable car je n'hésiterai pas à t'exécuter, mon fils, si tu viens à devenir un fardeau pour notre noble famille.
-Pourquoi faire cela... Alors que vous avez déjà perdu père... 
- Parce que j'ai perdu ton père mon fils. Je ne peux permettre à la famille d'avoir un membre de plus qui sera je menace pour sa pérennité.
- Il vous a aimé...
- Tout comme je l'ai aimé.
- Alors pourquoi ?
- Parce qu'ainsi est fait le monde.
- C'est faux...
- Toi qui est sur lié à un vampire, que sais tu ? Tu es protégé... Tu es sur-protégé... Tu n'as pas idée de l'importance qu'a la stabilité de notre famille. Pour de nombreuses vies.

- Vous voilà soudain altruiste, railla Dorian, un mince sourire aux lèvres.
La gifle était légitime. Il l'avait cherchée... Il se serait dit cela à l'époque où il avait rencontré Eago. Il y a un an et des...
Mais à présent, il était différent. Il n'était plus l'enfant subissant une relation abusive. Il n'était plus le gamin soucieux de plaire à sa mère... Il avait changé... Mais, naïvement, il ne pouvait se résoudre à souhaiter sa mort à elle... Il aimait sa mère. Il aimait la femme qui lui avait donné la vie et ce malgré toute la haine qu'elle avait déversé sur sa jeune vie. Malgré toute la peine qu'elle lui avait causé. Parce qu'elle était sa mère et qu'il n'avait qu'une seule mère... Il n'y avait rien de plus logique...
- Cher fils... Tu sais que je te tuerai sans hésiter. Tu le sais... Alors pourquoi avoir hésité ? Toi, un calice qui doit survivre malgré et contre le monde ? 

Ses prunelles bleu océan, aussi profondes que celles de son père, étaient plantées dans son regard. Il eut un sourire désolé, répondant avec une certaine amertume et un certain désespoir, comme prisonnier de ses ressentis : 

- Parce que je vous aime mère...
-Comme c'est beau... Risiblement beau... Plus encore que n'importe quelle des annonces que tu aies pu me faire dans ta longue enfance.
- Je le sais, souffla-t-il, une larme perlant sur sa joue.
- Je suis navrée que mon éducation n'ait pas été plus efficace sur ce point...
-Je ne le suis pas.
- Dans le cas contraire, tu aurais survécu.
- Mère... De grâce... Ne faites rien d'inconsidéré... Je ne veux pas que vous mourriez...
-La famille...
- En voilà assez, grogna une voix qui glaça tous les hommes de sa mère et sa mère.


Dorian, malgré toute l'inquiétude qui l'avait instantanément quitté en sentant la présence de son vampire, sentit ses entrailles se tordre douloureusement. Il avait eut la possibilité de se défendre mais ne l'avait pas fait. Il aurait pu éviter cette frustration et cette inquiétude à son vampire mais il n'avait rien fait. Il avait simplement pensé à ce qu'il voulait à cet instant. Et ce qu'il avait voulu c'était que sa mère le comprenne. Que sa mère vive.
- Eago... Je vous en prie... Ne la tuez pas, supplia le calice, contenant ses larmes. Elle est qui elle est... Elle est politicienne avant d'être mère... De grâce... Ne la tuez pas...
- Je pense que tu en as assez fait pour cette femme, Dorian, rétorqua froidement le vampire, debout entre la mère et le fils. 


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