La vérité se trouvait derrière les remparts de pierre, dans la constance du cœur. C'était avec circonspection que l'on vainquait les ennemis du monde, avec la patience et la préparation que l'on se prémunissait de la dangerosité de la vie.
Je savais que mes rêves me portaient, me guidaient vers l'homme que je devais rester, cette ébauche proche de la perfection que notre dieu veut que nous soyons.
Alors je persistais à vivre tel le modèle de vertu que je voulais être, tel l'exemple que les âmes chaleureuses et bienveillantes qui m'entouraient m'avait donné.
Je fus très attristé de célébrer les obsèques d'Anne, qui décéda en mettant son enfant au monde. La benjamine de cette famille eut droit à une belle éducation, avec tout le respect que les Ribeaupierre conféraient à leurs serviteurs.
Il était bien, beau et bon, d'être aimé en ce monde. Je songeais que l'amour filial que nos seigneurs nous vouaient faisait de nous, les villageois, une fratrie.
Nous étions protégés par leur majesté, et je crois que nous les aimions à la mesure de ce que nous étions : au service de l'amour.
On me dit souvent que la terre appartient aux enfants, à ceux qui savent s'émerveiller, et qui ont le courage de croire en elle, de la respecter. Ainsi la foi nous accompagne chaque jour : de la naissance à l'émerveillement, du respect au tombeau.
Je me sentais familier de tous mes prédécesseurs, d'Ulrich à Otton, des pères à m'avaient élevé à Anne, des Ribeaupierre à la terre.
Si secret il y avait, la révélation était morte avec Anne, le service remplaçait la vie, ôtait tout doute et oisiveté ; et...j'en étais privé.
Car j'accomplissais mon ministère avec mes mains d'homme, ma voix d'homme. J'étais un maître qui n'enseignait pas, qui garderait, comme Anne, ses secrets pour le tombeau.
Il n'y avait pas d'incantation divine pour la sagesse, il n'y avait pas de démon qui m'inspirait à l'oreille. Le pouvoir que nous détenions tous était différent.
Les hommes étaient plus qu'égaux, et je crois que Jésus l'avaient compris. Nous n'avons pas la capacité d'être parfait dans un domaine, mais seulement le talent d'être nous-mêmes.
Je préférais de loin être, et ne pas savoir ce que...
Adalbert ?
Adalbert, où êtes-vous ?
J'ai mal, je ne vous vois plus et...