« Ces choses futiles. »

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Je me présente devant la porte. Je sens une angoisse naissante montée en moi. J'ai mis un certain temps avant d'ouvrir, et quand j'ai daigné le faire je ne m'attendais pas à le voir. La silhouette derrière cette porte était différente de celui qui se trouvait devant moi. Cette personne était tout de noir vêtu. De la tête au pied. Son teint et la couleur noire de ses habits se complétaient parfaitement. Je m'attendais à voir une toute autre personne. Mais ma « visite très importante » était : le Sergent Mickaël.

- Puis-je entrer ? Demande-t-il.

Après un court instant de réflexion je dis :

- Euh... oui bien sûr, entrez.

Je me suis décalée pour le laisser rentrer. Quelle drôle de surprise, je ne m'attendais pas à le voir, enfin pas tout de suite.

- Installez-vous. Ma phrase est suivie d'un geste de la main lui indiquant le canapé du salon. Voulez-vous boire quelque chose ?
- Non, ça ira merci. Me dit-il en hochant négativement la tête.

Je le vois qu'il regarde quelque chose sur la table près du canapé. Mais je me dirige dans la pièce opposée pour prendre un verre d'eau.

- Dites-moi Cordelia, qu'est-ce...? Me questionne-t-il en me montrant mon journal.
- C'est mon journal, j'écris dedans.
- Qu'écrivez-vous ?
- C'est intime, je n'écris que mes pensées.
- Puis-je en lire un bout ?

Je n'ai pas réellement envie ! Que dois-je faire ? Mais si l'on vient à se marier, il aura le droit de savoir.

- Sauf si vous ne voulez pas, je ne le ferai pas.
- Cela ne me dérange pas, mais puis-je vous montrer une page que j'aurai choisi ?
- Bien sûr, si cela vous plaît plus.
- Très bien, merci.

Je prends mon carnet, et je cherche désespérément une page qui ne décrit pas ma vie à la maison. Je fini par en trouver une. Je lui tends donc le carnet et il commence à lire à voix haute.
« Oh non pas ça ! ». Pensais-Je

- « Le 16 juillet 1819,
Cette journée promet d'être belle, je me suis levée tôt afin de pouvoir admirer les belles fleurs ainsi que les abeilles. Elles sont si belles en été. J'apprécie énormément la compagnie d'Arthur, il est vraiment épatant ! Je ne m'en lasserai jamais. Je l'aime tellement.
Cordelia » Qui est Arthur ?
- C'était mon chien, il est décédé quelques jours plus tard.
- Je suis désolé. Dit le Sergent Mickaël d'un air triste.
- Ce n'est rien, il est bien là où il est, au paradis.
- Pourrais-je en lire un autre ?
- Très bien.
- «Le 27 décembre 1819,
Ce matin, n'est pas un jour comme les autres. Je n'aime pas penser que cela pourrait gâcher ma routine. J'aime me lever tôt, regarder à travers ma fenêtre, me balader dans le parc et lire.
Mais aujourd'hui tout va changer. Mon père va me présenter le Sergent Mickaël. Il veut que nous nous marions. À mon âge, la plupart des filles sont mariées. C'est pour cela, qu'aujourd'hui est le début d'une nouvelle vie.
Cordelia. »  Vous êtes remarquable ! Ces choses futiles vous font du bien.

Je sens mes joues s'empourprer et la colère monter en moi.

- Écoutez, « ces choses futiles » comme vous dites, je les entretiens depuis que j'ai l'âge de 13 ans, et j'aime écrire ce que je ressens, le jour où je ne me souviendrai plus de rien, je pourrai me remémorer grâce à mes écrits. Ils sont peut-être futiles, mais j'aime et je n'aime pas que l'on critique mes passions.

Après mon fameux discours, le Sergent Mickaël repose mon carnet sur la table, s'abaisse comme signe d'excuse. Je ne supporte pas que l'on me critique. Je suis très énervée lorsque je sors de la maison, je pars comme une furie en parlant dans ma barbe, sans penser au froid et à la neige qui tombe. Je pars loin et me réfugie dans le parc sous un grand sapin. Je reste assez longtemps pour me rendre compte de la froideur. J'ai dû rester au moins deux bonnes heures dehors.

Cordelia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant