Chapitre 8 - Thomas

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Je n'aurais sans doute pas dû me rendre jusqu'à chez elle sous le coup de la colère. Mais cette petite traîtresse me mettait dans une situation impossible. Mon ami m'avait confié ses doutes à son sujet, mais son bon cœur et sa conscience lui avait dicté de voler à son secours, tout comme je le fis et d'oublier les vieilles rancunes. La petite fourbe lui aurait dérobé il y a des mois de cela, un livre précieux auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Je ne parvenais pas à l'imaginer se jouant de nous de la sorte, mais je devais bien avouer que les soupçons de mon ami avaient pris vie.

Cette fois c'était mon honneur qui était en jeu, je promis à mon hôte de retrouver et la voleuse et son livre, dus-je retourner chaque pierre du Caire. Heureusement, il connaissait son adresse.

Je comptais seulement lui faire peur sur le moment. Qu'en savais-je qu'elle se baignait au moment de mon entrée. J'en fus estomaqué et très mal à l'aise.

Grand Dieu et dire que légalement elle m'appartenait corps et biens.

Elle se saisit d'un linge et se couvrit le corps. Je me fichais bien de sa fortune tant qu'elle me rendait la mienne, mais de la voir, j'hésitai un instant à revenir sur ce que je venais de dire. Et cet instant changea tout.

— Sortez d'ici ignoble individu !

— Moi ! Ignoble ! What does that mean ? fis-je dans ma barbe.

Je n'excellais pas dans la langue française, et ce mot me paraissait très mal choisi vu la façon dont elle le prononça. Je choisis donc de poursuivre en anglais puisqu'elle le comprenait tout autant.

— Je n'irai nulle part, car je suis chez moi. Vous pensiez me ruiner et filer sans même un mot ? Et pire encore ! Et bien, sachez, madame, qu'on ne me la fait pas. Et d'ailleurs... fis-je afin d'appuyer mes dires et la plonger dans le désarroi. Je compte prendre mes aises en mon domaine, et ce, immédiatement.

Sur ce, j'ôtai mes vêtements, elle en demeura stupéfaite, et me plongeai dans le bassin qu'elle occupait juste avant.

— Êtes-vous complètement fou ?

— Je suis chez moi no ?

Elle se tourna vers les serviteurs à demi dissimulés derrière la porte. Je claquai des doigts dans leur direction.

— Faites monter mon bagage dans la chambre de madame.

— N'en faites rien, leur fit-elle.

— Obéissez et tout de suite, contre-attaquai-je.

À force, ils ne savaient plus qui écouter et ne bougèrent pas d'un pouce.

— Mais c'est insensé ! Vous n'êtes pas sérieux, vous ne pouvez pas !

— Ne vous ai-je pas payé cinq mille pièces ?

— Oui, mais...

— Et j'ai des témoins de la transaction. Alors venez me frotter le dos. Ensuite, je verrai.

— Et que verrez-vous ?

— Ce que je compte faire de vous. Si vous me servez bien, je reviendrai peut-être sur ma décision.

— Allez au diable !

Bien qu'elle l'eût dit dans sa langue natale, je compris où elle voulait en venir. Après un moment d'hésitation, elle envoya elle même ses serviteurs s'occuper de mes affaires. Ils refermèrent la porte, nous étions enfin seuls. Et cette eau était délicieusement agréable.

— Maintenant, venez, m'amusais-je.

Juste une nuit, qu'elle comprenne la leçon.

La femme de l'antiquaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant