Chapitre 10 - Thomas

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C'est qu'elle avait du tempérament, mais hélas aucun humour. Je pris une gifle que je n'avais pas vue venir bien que je l'avais un peu méritée. Je pensais que ce mariage avec ce vieillard lui avait pesé, je m'étais trompé.

Elle sortit du bain et j'eus de nouveau le loisir de la voir dans son plus bel habit, fait uniquement de quelques gouttes d'eau. Elle récupéra sa serviette et la maintint contre elle. Ses rondeurs dépassant de ce piètre rempart de tissu me laissèrent rêveur.

— Est-ce que vous aurez besoin d'autre chose ? Maître.

Cela lui coûtait de prononcer ce mot et moi, je m'en amusais beaucoup. Allons une dernière petite farce et nous pourrons discuter sérieusement.

— Va m'attendre dans notre chambre, sois gentille.

Elle me tourna le dos plutôt fâchée et j'admirai sa cambrure. Elle quitta le hammam et j'en profiterai pour terminer de me rincer et sortir à mon tour.

Habillé, je parcourus la demeure jusqu'à trouver cette fameuse chambre. La maison était magnifique, pas aussi luxueuse que celle de mon ami, mais j'avais pu juger de la cour, ombragée et des œuvres d'art accumulées en ces lieux. Il y en avait pour des jours à tout découvrir.

— Adèle ? Madame Bradford. Très bien, je vais cesser ce...

J'entrai par une porte entrouverte que je fermai derrière moi. Elle s'était allongée au centre d'un grand lit, sans prendre la peine de se vêtir pour la nuit. Et bien qu'elle me lançait des éclairs de ses prunelles bleues, elle était tout de même allongée sur le côté tournée vers moi dans une posture aguichante. Je n'y comprenais plus rien.

— Une nuit et vous partirez demain ?

Cette fois, c'était elle qui me prenait au piège, au piège des sens.

— Une nuit.

Suite à cette invitation, je me précipitai vers la couche, ôtant ma chemise et lâchant les bottes que j'avais gardées en main. Ne venait-elle de m'inviter à autre chose qu'une simple nuit de sommeil sous son toit ? Je posai la main sur sa hanche. Elle était d'une douceur à vous damner et je rêvais de parcourir sa peau nue et imberbe. D'un mouvement rageur, elle me tourna le dos. Finalement non, elle ne me proposait rien de plus. Très bien. Nous nous expliquerons demain.

Difficile de trouver le sommeil. Après tout, je m'étais joué d'elle, elle aurait pu tenter de se venger. Sans aller jusqu'à la soupçonner de tenter de m'étrangler durant la nuit, je pris tout de même garde à ce qu'elle s'endorme avant moi. Les fenêtres étaient demeurées ouvertes et un vent léger faisait danser les fins rideaux, je me levai. De son côté, elle n'avait pas bougé, mais ne dormait toujours pas. J'observai les jardins, nous étions à l'étage et d'ici, ils étaient magnifiques sous le ciel étoilé. Je me doutais que pareille splendeur devait avoir été dessinée pour combler la vue. A cette idée je me tournai et eut la même pensée pour ce corps assoupi.

Je m'étais laissé emporter il est vrai, et la voyant vulnérable, de trop taquiner la donzelle. Mais ne s'était-elle pas joué de moi ? Nous verrions demain et je n'aurai de nouveau que peu de scrupules à lui faire valoir mes droits si elle comptait de nouveau me faire faux bond et refuser de rendre mon argent.

Par ailleurs, cet héritage ne comptait-il pas quelques pièces rares ? Où les cachaient-elle ? Je descendis à pas de loup et dénichai quelques vitrines regorgeant de petits trésors, d'un masque funéraire posé sur un vaste meuble, de deux cimeterres accrochés au mur. Dommage que nos relations aient si mal démarré, je lui aurais bien proposé quelque chose. Alliant l'utile à l'agréable. Très bien, dès demain je m'excuserai de ma farce et lui soumettrais l'idée.

Je retournai me coucher, elle dormait enfin. Sa respiration était lourde et régulière. Je me tournai vers elle, admirant une dernière fois ses courbes gracieuses lorsqu'elle eut le geste inverse de tout à l'heure. Ses yeux fermés, le léger gémissement qu'elle émit tout en se pelotonnant contre moi m'incita à croire qu'elle rêvait. Elle m'enlaça de son bras libre et, d'un murmure à vous fendre le cœur, sanglota un nom tout en se pressant davantage contre moi : Henry.

La femme de l'antiquaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant