Chapitre 22 - Thomas

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Je ne voulais pas me précipiter, je poursuivis ma lecture, complotant en silence sur ce que je m'apprêtais à faire dès que les serviteurs auraient repris leurs quartiers. Au moment du dîner, juste avant de la rejoindre à table, j'étais parvenu à lui glisser.

— Rendez-vous à la fontaine ensuite ?

— Il y a également un petit bassin derrière un rideau de la chambre, vous aimerez beaucoup.

Voilà qui m'allait tout à fait.

Elle dîna tout en me dévorant des yeux entre deux bouffées de réserve. Et je parvins à peine à picorer le contenu de mon assiette tandis que nous attendions l'heure. Elle quitta la table la première et je lui laissai quelques minutes d'avance, rongé d'impatience. Il ne fallait pas, ne venais-je pas d'apprendre que la patience était une vertu extraordinaire, faisant partie du jeu de l'amour, décuplant sa force ?

Non je n'y tenais plus, je serais le plus patient des hommes une fois qu'elle serait contre moi et me dirigeai tout droit vers la chambre. Je refermai derrière moi, quelques bruits d'eau m'accueillirent et sans attendre, je me délestai de tout vêtement avant de la rejoindre dans ce bassin à demi dissimulé derrière un épais voilage. Certes plus petit, mais idéal pour nous deux. Je ne l'avais pas encore remarqué, mais cette pièce me semblait pourvue de quantité de secrets. Des tapisseries aux rideaux, que dissimulaient-ils d'autre ?

— Voulez-vous que je vous lave le dos ? demanda-t-elle mutine, hésitant encore à couvrir ses charmes.

— Non, je voudrais juste t'observer.

Pauvre fou, qu'avais-je dit ! Je repoussai ainsi le moment tant désiré de toucher sa peau, de la sentir. Je devais être sage encore un moment et me délecter de tout ce que mes sens me permettraient de capter d'elle. Ainsi m'avait conseillé le livre des plaisirs.

Prise au dépourvu sans doute, elle s'exécuta pourtant et opta pour ses propres mains plutôt qu'un accessoire de bain, versa un liquide moussant dans le creux de sa paume avant de s'en enduire le corps, débutant par le cou et les épaules.

La coquine insista sur l'arrondi de ses seins, je la soupçonnais emplie de fierté pour ce qui était de leur taille, ou était-ce son chanceux époux qui lui avait confié à quel point ils pouvaient rendre un homme fou ?

Étrange jeune femme, sensuelle et intimidée à la fois, osant me toiser jusqu'au plus profond de mes iris puis détourner le regard. Ses propres caresses empourpraient ses joues, alourdissaient sa respiration. Et moi, je ne tenais plus.

Je passai derrière elle tandis qu'elle m'observait du coin de l'œil, sans oser bouger et m'installai confortablement, les cuisses autour de ses hanches. Je me collai à elle, mon torse contre son dos. Mes mains impatientes rêvaient de toucher à ses trésors et pourtant, j'évitai sa tendre poitrine. Je caressai ses bras, son ventre, effleurai son cou de mes lèvres. La faire languir non pas pour me venger de toutes ses petites farces, mais pour que lorsque viendra le moment, celui-ci soit tant attendu, tant désiré qu'il n'en soit que meilleur.

Moi-même, j'avais du mal à me contenir, me focalisant uniquement sur elle, sa respiration, ses doux gémissements, ses mouvements lascifs lorsque j'approchai de ses mamelons. Non, pas encore, cela viendra.

Il y avait cependant un point que je devais éclaircir avant de poursuivre.

— Lors des enchères, l'on t'a annoncé vierge. Est-ce le cas ?

Elle me répondit par la positive, dans un mouvement de tête.

Comment... oh autant ne pas savoir. Être le premier me remplit d'un nouveau feu, et je m'appliquai alors qu'enfin je lui offris la caresse que tout son corps me quémandait, palpant ses seins, taquinant ses tétons. Je la sentais fondre contre moi, plus excitant encore que de la posséder sans attendre.

Haletante, elle tourna son visage vers le mien et je profitai qu'elle s'abandonnait pour embrasser ses lèvres. Elle ne me repoussa pas, vint d'ailleurs très bien cueillir les miennes et nos langues se mêlèrent en un baiser florentin, préférant prendre le temps de se découvrir tout comme j'allais découvrir son corps.

La femme de l'antiquaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant