Chapitre 16 - Thomas

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Je poursuivis mes investigations dans cette vaste demeure, mais cette fois, je ne fus pas seul. Adèle me suivait partout et me voyant m'attarder sur une oeuvre en particulier, vint à m'en faire l'historique. Elle semblait aussi passionnée que l'on pouvait l'être. Si d'aventure je souhaitais me lancer dans le commerce, je n'en connaissais pas tant. Elle me serait précieuse.

Son regard envers moi s'adoucit d'heure en heure et j'aimais la façon dont elle m'observait désormais. Rougissant lorsque je la prenais sur le fait. Si elle ne m'avait pas tendu délibérément un ou deux pièges depuis mon arrivée, j'en viendrais à imaginer que je ne lui étais pas si indifférent.

Notre relation n'en serait que plus solide si je devenais son amant. Qu'elle m'ouvre la moindre porte et je serais plus que ravi d'entrer. Alliant l'utile à l'agréable.

Je passai une seconde nuit à ses côtés. Elle dormit nue, comme si la chose était si habituelle chez elle, qu'elle en devenait normale avec moi. Et de nouveau je la trouvai blottie contre moi au réveil. Je devais me faire violence pour ne rien tenter.

Le jour du grand voyage arriva et ma compagne de route semblait bien plus joyeuse que les jours précédents.

— Puis-je vous poser une question miss ? Vous n'aimez pas vivre au Caire ? Vous semblez si heureuse de ce départ.

— Je n'ai rien contre l'Égypte, mais notre maison est à Bombay. Il est vrai que lorsque j'ai quitté la France, nous nous sommes d'abord installés ici. Au début, j'étais contre cette union et... et je n'étais pas très ravie de vivre en Orient. J'étais jeune et capricieuse, je crois que je lui en ai fait voir de toutes les couleurs.

— Vous lui avez fait préparer ses bains à l'eau froide, le thé encore bouillant et les mets trop salés également ?

Une autre de ses nombreuses petites farces afin de me signifier que je n'étais pas le bienvenu.

— Non, pas jusque là. Mais je refusais de dormir avec lui ou de lui parler autrement que pour exiger de rentrer en France. Et puis, des mois plus tard, nous avons pris le navire et là, je suis tombée amoureuse.

— De lui ?

— De lui, de la ville, de la vie qu'il m'offrait et que je refusais de connaitre.

— Je tiens à m'excuser pour l'autre jour, lorsque... j'ai dit du mal de votre époux. Je pensais qu'il s'agissait d'un escroc vu ce que m'avait raconté Miller et que votre union n'avait pas été aussi heureuse.

— Vous êtes pardonné. Et rassurez-vous, je ne vous ferai plus de farces.

La femme de l'antiquaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant