Emir

RECONSTRUCTION

Adrim était dans les ténèbres et se sentait dérivé. Il ne savait pas trop ce qui s'était passé, tout s'était passé si vite, il se rappel seulement de la vision qu'il avait de son frère, étalé à ses côtés, sans vie. Il fixait devant lui, il ne savait pas ce qu'il fixait mais il essayait de faire ce qu'il faut pour s'accrocher. Il entendit une voix, puis des cris, puis des pleurs. Tout ça semblait si réel. Il entendit : « Adrim ! » ou bien « relève toi je t'en prie ! ». Il aurait dit la voix de sa mère, sa mère à qui il tient vraiment énormément. Il se sentit soudain tiré vers le haut, une pression inconnue lui appuya sur l'estomac au fur et à mesure qu'il remontait. Il émergea des ténèbres de son esprit et ouvrit ses yeux. Il découvrit son père qui le tenait dans ses bras, le visage marqué de cendres et de terre. Adrim agita doucement les lèvres.

-Maman ? Balbutia-t-il.

-Non mon fils je viens à peine de prendre son relais. Ta mère est comment dire ... occupée. Finit-il par dire.

Adrim tourna la tête et vit sa mère, son frère dans ses bras la tête enfouie dans le creux de son épaule, pleurer la mort de son fils bien aimé. Il essaya de déterminer ce qu'elle disait, en vain, les mots se perdaient au milieu des sanglots. Une larme coula sur la joue d'Adrim, c'était tout ce dont il était capable pour l'instant, il se rappela le Ven fracassant le mur, meurtrissant son frère, l'air qu'il a fait sortir de son corps, tout lui revenait. Il était cependant trop faible pour quoi que ce soit d'autre. Il réussit à sortir quelques autres mots.

- ... Ma ... faute ...

-Non Adrim. Cette tragédie n'est ta faute en rien. Ils sont arrivés de nulle part, repose-toi tu en as besoin, tu es sauf et c'est ce qui compte. Le rassura son père.

Adrim perdit connaissance immédiatement après ces mots. Cette fois il ne se perdit pas dans les ténèbres mais se retrouva entouré de gens en costumes. Son rêve ? Encore cette fois dans un moment pareil ? Il se leva et voulut faire face à ses opposants mais s'arrêta net. Il remarqua que les personnes en costumes ne murmuraient pas mais le fixait longuement. L'un deux, sur la gauche de Adrim commença à ouvrir la bouche, comme pour parler. Il la referma aussitôt et ils se mirent tous à s'éloigner, se perdant dans le noir. Adrim ouvrit les yeux et du bleu apparut. Non, du bleu nappé de traînées blanches. Il regardait le ciel. Une seconde plus tard, il fut secoué sur le côté droit, il se releva alors et vit un soldat de l'armée rouge, en armure, marcher face à lui. Le soldat leva la tête et sourit. Il commença aussitôt à courir vers l'arrière de Adrim, laissant se découvrir un paysage terrifiant : une épaisse forêt non loin de lui, les deux montagnes, foyer de Adrim, avec une épaisse fumée noire entre les deux et des teintes de rouges chatoyant correspondant sans doute à du feu. Il en déduit alors qu'ils étaient tous en train de quitter le camp. Il s'assit dans ce qui semblait être une sorte de brouette en bois et regarda autour de lui. Il découvrit qu'il était entouré d'herbe verte resplendissante. Tout autour de lui était gorgé de couleurs en tout genre avec de petits insectes volants aux quatre coins de ce paysage magnifique à admirer. Il était dans une grande plaine où toute cette herbe l'entourait, avec quelques rochers nimbés de feuillages et de fleurs. Il entendit des pas précipités venir vers lui. Il tourna la tête et vit le soldat revenir avec sa mère et son père derrière lui. Il tenta alors de descendre de la brouette en marche mais tomba à la renverse dans l'herbe. Elle était chaude, réchauffée par le soleil, et douce. Sa mère le releva et l'enlaça fortement, peut-être même un petit peu trop fort à son goût, cependant, il l'enlaça à son tour. Son père était derrière les main sur les hanches d'un air penseur et dur, comme à son habitude, les yeux trahissant un certain soulagement. Par-dessus l'épaule de sa mère il remarqua que le cortège en file indienne fait par les habitants du camp s'arrêtait progressivement.