Chapitre 23 : James

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L'entraînement se termine puis nous allons tous dans le vestiaire lorsque le coach nous interpelle, il nous fait signe de le rejoindre et prend la parole :

-Bon, ça fait déjà presque un mois que les entraînements ont commencés et comme vous le savez, prochainement il y aura des matchs entre différents lycées. Les dates ne sont pas encore fixées alors je peux juste vous dire que ça se déroulera d'ici un peu plus d'un mois. Je vous laisse allez vous changer ! À jeudi prochain !

-À jeudi ! Crions nous simultanément.

J'enfile rapidement mon jeans et garde mon tee-shirt de baseball pour aller plus vite, je me dépêche de fermer mon sac et saute dans mes baskets. Je balance ma veste sur mon épaule et prends mes deux sacs à la main puis sors de la pièce.

Arrivé près de la sortie du lycée je croise plusieurs personnes sortant des gradins ou d'autres clubs mais je ne m'arrête pas, pressé de rentrer enfin chez moi. Au moment de passer le portail je percute violemment quelqu'un, par conséquent cette personne heurte le portail et je m'arrête net.

Je ne reconnais pas la personne immédiatement, puis celle-ci se redresse et je reconnais la carrure svelte de Cole, il se retourne avec une main sur son front en train de maugréer des injures justifiées. Lorsqu'il se retrouve face à moi il se tait puis je déclare :

-Je suis vraiment désolé. Je ne regardais pas où j'allais et-

-C'est rien, je vais bien, me coupa-t-il.

-Et ton front ? Demandai-je, hésitant.

-Oh je m'en remettrai. Un simple coup.

-En tout cas je m'excuse...

-Je sais, t'as déjà dis que t'étais désolé, dit-il avec son éternel air blasé.

-Bon, bah je vais y aller, dis-je doucement.

-Attends !

-Quoi ? Demandai-je, impatient de rentrer.

-Ça te dirai qu'on fasse un bout de chemin ensemble ?

-Mais tu habites à l'opposé de mon bus.

-Je t'accompagne ? Faut qu'on parle.

-Si tu veux, dis-je en haussant les épaules.

Nous prenons le chemin de l'abri bus en silence, seul le bruit de nos pas se fait entendre et ça devient pesant. Au bout d'un moment je lui demande :

-De quoi tu voulais me parler ?

-Je sais pas trop par où commencer.

-Il va bien falloir commencer, on est arrivé et il te reste 5 minutes environ. Je t'écoute.

Je paraît blasé, insensible, le mot juste serai indifférent. Mais en réalité je ne le suis pas du tout ; je me perds dans ses yeux bleus, j'observe toutes ces nuances de blond et de doré dans ses cheveux, je détaille la façon dont il tient son appareil entre ses mains malgré le fait que ce dernier soit accroché à son cou par une lanière jaune et noire, je scrute la manière dont il sourit nerveusement. Sa voix résonne alors :

-Eh bien, je ne sais pas trop comment me comporter vis-à-vis de toi.

Perdu, je demande :

-Comment ça ?

-Je sais pas, dit moi : qu'est ce qu'on est tout les deux ? L'un pour l'autre je veux dire.

Sa question fait écho dans ma tête et mes pensées s'affolent. Je ne sais pas quoi répondre. Je ne veux pas espérer inutilement, je ne veux pas me faire de films, alors ma réponse se fait vague :

-Écoute Cole, je sais pas trop non plus. Je sais pas si je pourrai assumer ça au lycée, le regard des autres etc...

-Mais on s'en fout des autres, non ? C'est pas à eux que je m'intéresse, c'est à toi.

-Donc je t'intéresse hein ? Dis-je en souriant sournoisement.

-Évidemment abruti. Sinon j'aurai gardé ta veste, tu ne serai pas revenu chez moi, je ne t'aurai pas épié au fast-food, on ne se parlerai pas par message-

-Et tu ne m'aurai pas embrassé. Et moi non plus, le coupai-je.

-Oui. Alors maintenant, est ce qu'on continu comme ça ou est ce qu'on "évolue", demanda-t-il en mimant les guillemets entre ses doigts.

-Pose la ta question au lieu de tourner autour du pot. C'est drôle mais ça devient long.

-T'as compris où je voulais en venir alors réponds simplement. J'aime pas ce genre de question et le fait de montrer ses sentiments.

-Je réponds pas si tu demandes pas clairement.

-Connard.

-Abruti. Allez grouille, je vois le bus arriver.

Au loin, deux gros phares se dirigent vers nous et je peux distinguer les petites lumières à l'intérieur de l'habitacle.

-Qui me dit que tu te moque pas de moi et que tu vas dire non ?

-Peut-être parce-que si je me serai moqué de toi j'aurai eu un comportement totalement différent ?

Il marmonne quelque chose puis relève sa tête pour demander :

-Bon, tu l'aura voulu : James, tu veux bien être mon petit ami ?

-Putain c'est niais ça.

-Ta gueule et réponds.

-D'accord, je peux répondre niaisement aussi ? Fis-je en riant.

-Si ça te fait plaisir.

Le bus se gare devant nous et je recule en faisant une révérence avant de déclarer :

-Avec plaisir très cher.

Il pouffe de rire et je monte rapidement dans le bus avant qu'il parte sans moi. Je pars m'asseoir sur la banquette du fond avec un sourire béat, impossible à effacer.
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Le PhotographeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant