Chapitre IX-1

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L'après midi s'est écouler en douceur et les quatre heures de train restantes après notre repas à Mel et moi sont passés en un instant. Je soupire quand le moment vient où je n'ai plus d'autre choix que de me lever pour aller chercher ma valise et descendre du train. Je n'ai que rarement pris ce mode de transport mais ces quelques fois ont suffit à me rendre accro à ce type de véhicule. J'ignore pourquoi mais voyager à bord de ces machines me détend. J'ai ainsi le sentiment que je peux oublier tout mes soucis, que je peux passer à autre chose, qu'il ne peux plus rien m'arriver. C'est comme si tout les tracas de la vie quotidienne n'avais jamais été. Le roulis des roues sur les rails, les paysages qui défilent à toute vitesse,l'ambiance qui règne dans un wagon, tout cet ensemble participe à me faire sentir mieux. Associé à tout ça il y a bien sûr l'idée du voyage, le fait de partir loin, de quitter son quotidien et des'apprêter à le briser pour quelques jours afin de vivre différemment. Vivre une expérience nouvelle, c'est ce qui m'exalte le plus dans l'idée du voyage.


-Ada cesse de rêvasser et dépêche toi un peu, sinon nous allons rester dans le train jusqu'à Brest, me presse Mel.


Revenant doucement à la réalité, je lui adresses un sourire incertain. Avec difficulté je me lève de mon siège et la suit à travers le wagon. La sortie est déjà bouchée par les autres voyageurs qui ont étés plus rapides que nous. Tant pis, il va falloir être patiente.

Une fois le train arrêté et l'espace libéré, nous quittons enfin la magnifique machine bourrée de technologie pour arriver sur les quais bondés.Des bruits en tout genre animent l'endroit et m'agressent les oreilles. Je grimace, il n'y a pas seulement le bruit des machines en mouvement qui participe à cette cacophonie, j'entends aussi au loin des bruits relatifs à un grand chantier. Après avoir remonter le quai et pris un escalier pour accéder a la gare, je réalises que celle ci est en plein travaux.


-La vache ! je ne peux m'empêcher de lâcher, impressionnée devant l'ampleur du chantier.


Dans une partie de la gare inaccessible pour le moment, je peux voir que plusieurs grandes façades du vieux bâtiments ont étés abattues. Des grues et toutes sortes d'engin de gros chantier occupe l'espace et une multitude d'ouvrier s'active. Je ne pensais pas que la gare pouvait être en rénovation, et à une telle ampleur ! Je me plais alors à imaginer à quoi elle pourrait bien ressembler quand tout ceci sera terminer.

D'un geste habile je consulte mon portable qui vient de recevoir un SMS, il s'agit de A.Walker, dont je ne connais toujours pas le vrai nom. Il m'indique de le rejoindre à la gare routière, à la sortie est de la gare. Je hausse un sourcil en lisant cela. Il ne peut donc pas faire l'effort de venir nous chercher ? En ronchonnant un peu je demande à Mel si elle a par hasard déjà repéré un plan de la gare. Elle me fait signe que non.

Elle n'a pas l'air bien grande t'en fais pas, il n'y qu'a en faire le tour on finira bien par trouver. Mon amie part alors se frayer un chemin au milieu des gens, traînant sa valise derrière elle, et je lui emboîte le pas.Nous tournons en rond un bon moment, pendant notre recherche je remarque avec amusement une équipe de scout planté près d'une borne de recharge électrique adaptée sous forme de vélo. Un des jeunes est justement en train de recharger son appareil et semble peiner plus que de raison. Plus loin je découvre un magnifique piano d'où s'échappe une mélodie envoûtante qui semble aussi captiver les passants. La personne qui en joue a une apparence en totale décalage avec ce qu'elle est train de faire. Il s'agit d'un jeune homme habillé en survêtement, les cheveux gras en bataille et un gros collier en or assez bling bling accroché autour du coup. Cette scène décalée me fait songer qu'il ne faut jamais se fier aux apparences...

-Là ! s'écrie Mel.

Je hoche la tête en voyant devant moi un panneau indiquant la sortie ouest, il semble mener dans un étrange couloir souterrain précédé d'un escalier à moitié repeint. D'un rapide regard j'exprime ma surprise envers Mel,qui se contente de hausser les épaules et de commencer de descendre.Nos deux lourdes valises produisent un tintamarre rythmé à mesure que nous descendons les marches de l'escalier. Mon amie tente délimiter le boucan en retenant par à coups son bagage, moi je ne prends pas ces précautions. Ma valise est de toute façon bien trop lourde pour que je ne risque pas de me casser le dos en tentant de la soulever.

En bas de l'escalier nous pénétrons dans un couloir mal éclairé, aux murs simplement constitué de plaque de contreplaqués assemblées à lava vite. L'ambiance que ce décor instaure me rend nerveuse et je presse le pas pour sortir le plus rapidement possible.

L'air libre, enfin,j'ai bien cru que je n'y arriverais jamais. Le couloir m'a semblé interminable et j'étais au bord de la crise à quelques mètres de la fin qui s'offrait à moi en coude, faisant que je ne l'avais pas vue venir. Mel arrive derrière quelques secondes plus tard, un peu essoufflée, me lançant un regard interrogateur.


-Désolé mais je n'aime pas trop les espaces clos, je me justifie.

-Ah.

C'est tout ce qu'elle trouve à dire, vraiment pas bavarde en ce moment mon amie.Enfin je veux dire, encore moins que d'habitude, ce qui se rapproche pratiquement du niveau zéro de conversation.

Nous nous avançons un peu en dehors de la gare, en direction de ce qui semble être un parking de bus. Là j'aperçois un jeune homme très grand agiter une large pancarte avec annoter en lettre capitales, Forum.. L'idiot souris de toutes ses dents et nous fixe intensément.


-Bonjour la discrétion... je râle.


Comme vous le savez déjà, je n'aime pas attirer l'attention, alors le comportement de A.Walker m'exaspère au plus haut point. Pendant quelques instants j'entreprends de trouver une issue pour ne pas avoir à subir l'humiliation de me manifester devant tout le monde qui va et vient dans la rue auprès de cet abruti ; et de son compagnon à l'apparence antipathique qui se tient à côté de lui. En vain, je ne connais pas la ville et je ne voudrais pas risquer de m'y perdre.


-Bon, on va pas les laisser poireauter cinq cent ans, tranche Mel qui part en leur direction.

-Attend !! On ne peut pas...


Elle ne me laisse pas le temps de finir ma phrase, mon amie est déjà à quelques mètres de l'étrange duo et se présente tout en marchant. Quand je vois qu'elle me désigne du doigt l'air lasse, je comprends que je n'ai plus le choix. Je les rejoins la mine fermée, honteuse de mon comportement et du leur.

-Ada !!Décidément tu sais te faire attendre en toute circonstance ! lance le jeune homme à la pancarte que je suppose être A. Walker.

-Ca tu l'a dit Thomas, quelle plaie... je sens que nous allons passer quelques jours de ''pur bonheur'' ensemble, crache d'un ton acide le garçon qui se tient à côté du dénommé Thomas.



 Dès le premier regard j'ai senti que j'allais avoir du mal à faire ami-ami avec un gars pareil. Il est un peu moins grand que Thomas, assez enrobé et affiche une mine sarcastique qui semble être habituelle chez lui.Ses longs cheveux bruns lisses sont attachés en une queue de cheval,il a le teint blafard et ses yeux ressemblent à ceux d'un panda, du fait des deux demi lunes noirs qui en bordent le côté inférieur.Tout son accoutrement est aussi sombre et ombrageux que son visage,il est aussi noir que la nuit et je m'étonnes de ne pas l'avoir remarqué avant tellement il détonne au milieu de cette place ensoleillé.

RequiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant