Lettre 48

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Grosse lettre aujourd'hui ! C'est assez émouvant d'après moi, donc mettez vous une bonne musique d'ambiance triste, et bonne lecture :)
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Il fallait que ce soit toi.
Il fallait que ce soit elle.
Il fallait que ça me tombe encore dessus.

Il fallait que ce soit moi.

Je sais bien qu'on est pas potes depuis longtemps, seulement depuis un an. Je sais bien.

Je sais aussi qu'on a pas mal discuté pendant ces derniers mois, avec la rentrée on s'est retrouvés dans la même classe, en 3e.

Je sais bien que tu dois être pote depuis un peu moins longtemps avec elle. Depuis 3 mois disons ?

Ce que ce je ne savais pas en revanche, c'était que je t'aimais, alors que je n'avais jamais été aussi proche d'un garçon. Jamais. Je suis super flippée, à cause de plusieurs expériences qui me sont arrivées avant.

La première, c'est ce Étienne. Oui, oui, le "populaire" de la classe volley. On était ensemble en primaire, et j'étais amoureuse de lui (vraiment mauvais choix il est moche en plus maintenant, mais passons), et il ne l'a pas su, sauf que le dernier jour de classe de CM2, quelqu'un lui a dit, et honnêtement je m'en serais bien passée. Je ne sais toujours pas c'est qui, mais cette personne a signé mon arrêt de fierté.
J'ai perdu toute confiance en les garçons plus tard, mais ce fut un coup dur.
Il m'humiliait, me harcelait, me frappait, m'insultait, me crachait dessus, c'était un calvaire. C'est passé. Quelques fois il réessaye mais j'essaye de ne pas me laisser faire, mais j'ai du mal à parler aux garçons, lui en particulier, et j'ai pas mal de mal à me défendre, mais je fais avec quand même.
Je me fais à l'idée que ça n'aille jamais mieux.

La seconde, tu la connais. C'est mon père. Quand je t'ai appris cette nouvelle, que mon père me frappait, tu as réagi, indigné, que je devais en parler, que je devais m'exprimer là dessus, sans le laisser enfoui au fond de moi. De m'ouvrir aux autres pour en parler.
Je ne me suis pas ouverte. J'ai parlé avec mes parents, et ça va mieux. Un peu.
Je t'ai parlé, je te parle encore. Tu es comme mon antidépresseur, tu m'écoute et tu me comprends, tu me fais rire et tu me fais oublier, tu m'entends et tu me vois, seule mais quand même là.
C'est donc là que j'avais perdu toute confiance envers le sexe masculin, sauf toi, tu étais là barrière entre ces brutes et moi, tu étais le bouclier entre moi et mes peurs.

Je croyais que c'était juste de l'affection d'amitié, parce que je doutais qu'on puisse aimer comme cela. Jamais d'ailleurs je n'ai aimé comme ça.

On ne se l'était pas dit, mais on était devenus amis.

Mais alors je ne me suis rien douté pendant un an. Un an. Quel temps perdu. Perdu, parce que jamais plus je ne pourrai le rattraper à présent.

Car à présent, tu es avec elle. Madeline. Oui. Parfaitement. Celle la, celle qui m'a harcelée en 6e et en 5e.

Je n'en suis pas revenue. Elle ? Mais pourquoi ? Pourquoi pas Emmily ? Ou Naomi ? Non ? Pourquoi pas une fille quelconque mais tout sauf elle ?

Tu ne connais pas cette histoire. Je ne crois pas. En 6e, elle avait fait circuler une rumeur comme quoi j'étais une salope qui aimait 2 garçons en même temps. C'était faux bien sûr. Il faut que tu sache qu'on était meilleures amies autrefois. Je lui avait dit que j'aimais Louis, mais plus Erwann. Sauf qu'elle était aussi amoureuse de Louis. Donc elle a éliminé la concurrence, on va dire. J'avais le coeur brisé en mille parce que même si Louis à été sympa et est venu me voir discrètement me dire qu'il ne m'aimait pas et il leur disait de me laisser tranquille quand on me disait "Oh elle s'est pris un râteau !", elle m'avait trahie et en plus elle a déclenché ce que les autres appelaient la peste. Personne ne devait me parler. Personne ne devait s'approcher de moi. Personne ne devait me toucher. Sinon, ils récupéraient la peste.
Puis ça s'est calmé il y a deux ans, et j'ai pu te rencontrer, te parler. C'était trop bien j'avais enfin des amis ! Puis on s'est un peu éloignés, mais cette histoire de peste me planait dessus, j'étais un peu pétrifiée à l'idée que ça reparte, parce que ça voudrait alors dire que j'aurais du effacer tout ce que j'avais reconstruit.

Ça n'a pas encore repris.

Mais Madeleine est vraiment sans pitié, et je ne vois pas trop ce que tu as fait comme une trahison, mais plus comme...une trahison si. Mais c'est ça aimer, je resterais, parce que cette fois, je refuse de perdre la deuxième manche qui m'est accordée. Ou alors pas contre elle.

Je t'aime, et je suis certaine que ce n'est pas ma rancoeur envers elle qui parle parce que même quand tu me parle je le sens. Quand elle est là mais aussi quand elle n'est pas là, je le sens. Je le sais, et je ne mens pas en parlant du coeur.

Je sais bien que ce n'est pas réciproque, et que cette lettre ne fera rien mis à part t'éloigner de moi. Mais si au final j'ai raison, je t'en prie ne revient pas si tu pars. Ne reviens pas, parce que je ne sais pas ce que je penserais alors de toi, et tu sais quoi ? Je ne veux pas savoir.

Cyan

PS : pardon si c'est un peu mouillé ou si la feuille a gondolé, j'ai pleuré un peu donc c'est normal.

Lettres Du CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant