Le silence planait paisiblement sur le camp du Clan du Tonnerre. C'était l'heure de la sieste. Les guerriers se prélassaient au soleil, les chatons jouaient silencieusement... rien ne venait troubler ce calme, cette sérénité... tout était paisible. Soudain, brisant le silence, une douce et tendre voix murmura délicatement :
- NUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGGEEEEEEEEEEEEEEE DE PIVOIIIIIINE !
Tous se réveillèrent en sursaut. Un vieil ancien, l'air amusé, lança :
- Encore ? C'est de plus en plus tôt qu'on entends ça, en ce moment... il ne perds vraiment pas son temps, le petit !
- Il ferait mieux de ne plus nous réveiller aussi tôt. " bougonna un guerrier noir.
- À votre avis, qu'est-ce qu'il a encore fait ? " demanda l'ancien.
- Bah... lâché une vipère dans la tanière des apprentis, tartiné de crotte de loutre la litière des guerriers... avec lui, on ne sait jamais. " bailla le guérisseur.
- En tout cas, Étoile de Taches est de plus en plus en voix... " fit remarquer une guerrière tigrée.
Mais où est donc ce chat que la douce et délicate Étoile de Taches réclame si gentiment, me demanderez-vous ?
Quelque part au fin fond de la forêt, en train d'aller retrouver une certaine personne, je vous répondrais.
Nuage de Pivoine s'arrêta. La clairière où il se trouvait lui était familière. Un observateur extérieur aurait pu croire qu'il parlait dans le vide lorsqu'il lança :
- Hé, je suis là !
Pas de réponse.
- C'est moi, espèce d'abruti ! " cracha-t-il avec agacement.
- Prouvez-le ! " lança une voix provenant du haut d'un arbre.
- Tu sais très bien que c'est moi, Inigo !
- Balivernes et bouillie pour les chats domestiques ! Le mot de passe ! " exigea la voix enfantine qui venait d'en haut.
Nuage de Pivoine soupira :
- Pff... bon... le mot de passe, c'est " Étoile de Taches est une folle hystérique " C'est moi qui l'ai choisi, abruti, tu te doutes bien que je m'en rappelais !
Il y eut un bref silence, puis la voix d'en haut marmonna :
- Bon, bon, d'accord, je te crois. Je descends.
Un chaton d'à peu près le même âge que Nuage de Pivoine, c'est-à-dire autour de sept lunes, sauta de l'arbre, atterrissant souplement sur ses pattes, et se dirigea en trottinant vers lui :
- Tu en as mis du temps, aujourd'hui...
- Ça en valait la peine, ricana Nuage de Pivoine, tu ne devineras jamais ce que j'ai fait à Étoile de Taches...
- Ah ouais ? On parie que je devine en dix essais ? " répondit Inigo d'un air de défi. Attends, euh... tu as tartiné sa litière de crotte de loutre ?
- Tu me prends pour un débutant ? Pff... ça, c'est le coup classique !
- Tu as laissé une carcasse de renard en putréfaction devant son antre ? " tenta une seconde fois Inigo.
- Encore mieux que ça. " sourit Nuage de Pivoine, fier de son petit effet.
- Balivernes et bouillie pour les chats domestiques ! Il n'y a pas mieux !
- Tu abandonnes, alors ? " miaula triomphalement Nuage de Pivoine.
- Pff... bon, d'accord, dis-le moi.
Nuage de Pivoine s'approcha :
- Attends, je vais te le murmurer à l'oreille...
Et il glissa à l'oreille d'Inigo ce qu'il avait fait à sa chef le matin même.
En l'entendant, celui-ci éclata de rire :
- Non ? C'est vrai ? Tu as fait ça ?
- Exactement !
- Crotte de souris et bouillie pour les chats domestiques ! Elle a dû devenir hystérique ! " s'exclama Inigo.
- Encore plus que d'habitude, tu veux dire ? Non, je ne pense pas que ce soit possible. Mais, de toute façon, j'ai préféré ne pas voir ça... il vaut mieux que je m'éloigne de sa vue pendant quelques semaines après un coup pareil.
Et les deux enfants se mirent à rire.
Mais je ne suis pas très juste avec vous. À ce stade, vous avez sans doute l'impression de prendre l'histoire en cours de route, et vous n'avez d'ailleurs pas tort.
La rencontre entre Inigo et Nuage de Pivoine remontait il y a plusieurs lunes de cela. À l'époque, Nuage de Pivoine était encore Petite Pivoine. Il avait rencontré Inigo un jour qu'il avait fait ce que tout bon chaton faisait : une fugue en douce de la pouponnière. Il s'était aventuré plus loin que prévu, jusqu'à la Terre des Chevaux.Et c'est là qu'il l'avait croisé. Un petit chaton crasseux, si sale et si poussiérieux qu'on ne distinguait même plus son pelage brun. Très vite, Petite Pivoine avait reculé d'un pas, légèrement dégoûté. Les chats errants étaient des bestioles lâches et serviles, il paraît. Ils avaient même des maladies qu'ils pouvaient transmettre aux chats de Clan si ils les touchaient.Le chaton errant avait reculé, lui aussi. Pour un observateur extérieur, leur différence aurait sauté aux yeux. D'un côté, un petit chaton fin et gracile, au beau pelage doré, au poil bien lissé et soigneusement lavé, aux grands yeux ronds, et de l'autre, une espèce de petit sauvage crasseux et hirsute, au poil affreusement en bataille, au pelage noyé sous une bonne douzaine de couches de crasse noire, à l'air méfiant et presque hargneux.Un silence s'était installé entre eux.Quand un blanc est dans la conversation, c'est toujours un moment très embarrassant. Le meilleur moyen d'en sortir est de lancer une banalité, du genre "bonjour ? ", "comment tu t'appelles ? ", "que fais-tu ici ? " et d'autres stupidités.Le premier à s'en charger fut Petite Pivoine, qui balbutia maladroitement :- Bon... jour.Il tentait de se rappeler les conseils de sa mère pour ce genre de situations. Mais il n'y en avait aucun, tout simplement parce que sa mère n'avait jamais prévu que Petite Pivoine se retrouve face-à-face avec un étrange chaton crasseux le jour où il aurait fugué du camp en douce pour aller explorer la forêt.- Dégage de mon territoire... bégaya le chaton errant, sinon, euh... je vais te tuer, parce que je suis très féroce, d'abord.- Mais je suis plus féroce que toi, d'abord ! balbutia Petite Pivoine. Je suis le plus féroce des chatons, c'est ma maman qui l'a dit ! Et d'abord, toi, t'es qu'un sale chat errant puant !Le sale chat errant puant en question ne sembla pas apprécier le compliment. Pas du tout, en vérité. C'était peut-être même la raison pour laquelle il se jeta sur Petite Pivoine, toutes griffes dehors. Mais le chaton doré, plus fin et plus vif, l'esquiva et le laissa s'affaler dans l'herbe.Après la bagarre qui s'ensuivit et quelques museaux et oreilles égratignées, quand les deux chatons en sortirent avec leurs doses de griffures et de morsures, tout en étant tous deux certains d'avoir gagné, ils se mirent à reculer en pleurnichant :- Je vais appeler mon père, d'abord. Et mon père, il va te démolir, parce qu'il fait quatre fois ta taille ! " avait chouiné le chaton errant que Petite Pivoine ne connaissait pas encore sous le nom d'Inigo.- Ah oui ? Alors, euh... moi aussi, je vais ramener mon père, et mes douze grands frères, et ils font chacun vingt-six fois la taille de ton père, d'abord ! " avait rétorqué Petite Pivoine.Inutile de préciser que tous deux mentaient effrontément. Le premier n'avait jamais connu son père, et le second n'avait pas un seul frère ou soeur, et quant à son père, vous savez comme moi ce qu'il était devenu.Mais, la bagarre cessant, Petite Pivoine avait relâché un peu sa garde et s'était même permis de demander :- D'où tu viens ?- De la Terre des Chevaux, répondit le chaton crasseux, j'y habite avec ma mère, là-bas ! Et toi, c'est vrai que tu viens d'un Clan ?- Du Clan du Tonnerre, le plus fier Clan de la forêt, et il aime pas trop les chats errants et les chats domestiques, mon Clan, d'abord ! " rétorqua fièrement Petite Pivoine, répétant ce qu'il avait entendu Étoile de Taches dire.- Balivernes et bouillie pour les chats domestiques !Quand soudain, une voix forte appela :- Inigooo ! Où es-tu, mon petit trésor ?Une grosse femelle dorée entra dans le champ de vision de Petite Pivoine. Se précipitant sur Inigo pour lui lécher le crâne, elle lança d'un ton inquiet :- Oh, tu es là, mon petit coeur ! Et... oh, tiens, tu t'es fait un petit camarade ?Petite Pivoine, blessé dans son amour-propre, rétorqua en tentant d'hérisser les poils :- Je suis pas un petit camarade, je suis un fier guerrier du Clan du Tonnerre, et d'abord, on n'aime pas trop les chats errants et les chats domestiques, dans mon...- Oh, mon pauvre petit chou ! Tu viens du Clan du Tonnerre ? Mais tu es atrocement loin de chez toi, mon coeur ! Viens donc à la grange avec nous, on trouvera bien une souris à te donner, mon pauvre petit, il se fait tard ! Tu connais le chemin, j'espère ? " la mère d'Inigo le noya sous un flot de paroles.Et, avant qu'il puisse résister, elle utilisa l'arme fatale : elle l'inonda de coups de langue affectueux et prévenants.- Viens là, mon trésor ! Viens faire un câlin à Buttercup ! Oh, il est si mignon, pour un peu, je l'aurai pris pour une fille !Petite Pivoine, qui avait effectivement un air si fin et si gracieux qu'il en paraissait presque effeminé, mais qui n'aimait pas qu'on le lui rappelle, tenta de se débattre et de résister héroïquement contre l'assaut de bisous baveux, mais il finit par se rendre et se laissa entraîner par Buttercup jusqu'à leur maison, bien au chaud.Mais voilà ce dont Petite Pivoine n'avait pas conscience à l'époque : combien de chats errants qui auraient trouvé un chaton du Clan du Tonnerre seul et perdu dans la forêt l'auraient gentiment secouru et invité à partager une souris ?La réponse, je peux vous la donner : aucun. Aucun chat errant n'aurait agi comme la douce Buttercup. Petite Pivoine disait vrai quand il répétait bêtement que le Clan du Tonnerre détestait les chats errants et les chats domestiques. A l'époque où se déroule notre histoire, les amis, maltraiter les chats errants, les traiter comme des choses inférieures, parfois même les tuer, était parfaitement normal.Les chats errants et solitaires, d'ailleurs très rares dans la Forêt, avaient, pour la plupart, soif de revanche - une soif justifiée, d'ailleurs. Si n'importe quel autre solitaire que Buttercup était tombé sur Petite Pivoine, vous pouvez être sûr qu'il n'aurait pas partagé gentiment son toit avec lui, oh que non. Il aurait plutôt profité de l'occasion pour réduire en charpie le petit et déposer son cadavre déchiqueté devant le camp en signe d'avertissement.Si notre héros n'était pas tombé sur Buttercup, son histoire en aurait donc été beaucoup plus courte et se serait assez tragiquement achevée. Mais, heureusement pour lui, il fut cajolé et nourri par la grosse et maternelle Buttercup, qui ne cessa de roucouler à quel point il était "siiiii mignooooon" et de le gaver de campagnols jusqu'à ce qu'il en fasse presque une indigestion.Pendant qu'il se restaurait, Petite Pivoine observait Inigo du coin de l'oeil, et Inigo en faisait de même de son côté. Ils n'osait pas venir l'aborder, ni même le regarder en face. Ces deux chatons a priori si différents avaient un seul point commun : ils cherchaient un ami.Quand on est un petit solitaire qui vit seul avec sa mère enfoncé dans la forêt, se cachant plus ou moins des chats de Clan hostiles, on a peu d'occasions de rencontrer des enfants de son âge. Et, quant à Petite Pivoine, depuis la mort de Nuage de Flamme, il n'avait jamais eu d'autres amis. Dans son esprit, ça aurait été comme le trahir.Bref, tous deux avaient cruellement besoin d'un ami, et ils auraient été prêts à prendre à peu près n'importe qui pour remplir ce rôle, tant que ce n'importe qui ne les aurait pas jugé. Après le copieux repas de campagnol, Inigo osa enfin s'approcher timidement de Petite Pivoine :- T-tu, euh... tu te bats bien, tu sais.- Oh, euh... oh, merci. Toi aussi. " bégaya Petite Pivoine, déstabilisé.Mais Buttercup ne tarda pas à s'exclamer :- Oh, mon pauvre chou, mais la nuit va bientôt tomber ! Il faut que tu rentres chez toi ! Tu connais le chemin, je suppose ? Non ? Alors, tu n'auras qu'à suivre ta propre odeur !Petite Pivoine reconnut, un peu vexé, qu'il n'y avait pas pensé.- Tu... vous ne pourriez pas me raccompagner ? " demanda-t-il poliment.Buttercup eut l'air gêné :- Oh... euh... non, je suis désolée, mon petit, mais... non, je ne peux vraiment pas. Moi, une solitaire, m'aventurer sur le territoire du Clan du Tonnerre, ce serait du suicide !Petite Pivoine, qui n'était pas encore en âge de comprendre (entendez par là : de comprendre à quel point les chats du Clan du Tonnerre étaient devenus des sinistres prétentieux intolérants), s'exclama :- Mais... pourquoi ?- Tu... tu verras en grandissant. " soupira Buttercup.Juste avant de partir, Petite Pivoine glissa à Inigo :- Je prendrai ma revanche, un de ces jours.- Quand tu veux. Reviens ici dès que tu peux.En vérité, ils cherchaient simplement un prétexte pour se revoir. Tous deux l'avaient très bien compris, mais étaient trop fiers pour l'avouer.Et voilà comment Inigo, solitaire crasseux et sauvage, et Petite Pivoine, joli petit chaton un peu précieux, devinrent amis. De bagarres en bagarres, ils se confièrent leurs secrets, leurs peines, leurs joies...Petite Pivoine lui parlait de la vie au Clan, de sa chef braillarde et irritable ( "J'avais juste un peu lâché une araignée dans sa tanière, et elle m'a condamnée à nettoyer les litières des anciens pendant deux jours ! Aucun sens de l'humour, vraiment !") des apprentis snobs, mais surtout, surtout, il lui parla de son père. Du bout de tissu porte-bonheur, de son espoir de quitter le Clan pour le rejoindre... Inigo écouta tout, absolument tout. Lui, il lui parla de la vie de solitaire, qui était d'ailleurs bien solitaire, comme vous vous en douterez, mes amis, de ses petits tracas, de sa mère qui ne le laissait pas faire ce qu'il voulait ("Je voulais juste partir seul sur le Chemin du Tonnerre et jouer à esquiver les voitures, et elle n'a pas voulu me laisser ! Elle a dit que je pouvais me faire écraser, et d'autres balivernes et bouillies pour les chats domestiques de ce genre ! Tu y crois, ça ?") bref, ils devinrent réellement amis.Mais, revenons là où j'en étais.Là où j'avais laissé mon récit, Nuage de Pivoine venait de dire à Inigo la bêtise qu'il avait faite le matin même, et Inigo venait de s'exclamer son expression fétiche : "balivernes et bouillie pour les chats domestiques !"Ça faisait plusieurs lunes qu'ils se retrouvaient dès que Nuage de Pivoine pouvait se libérer de ses tâches, qu'il en soit autorisé ou non, d'ailleurs. Ils se retrouvaient toujours dans la même clairière, et avaient même établi un mot de passe, qui était, souvenez-vous en, " Étoile de Taches est une folle hystérique", mot de passe qui résumait en peu de mots le caractère de la chef du Clan du Tonnerre, ou plutôt, la vision que Nuage de Pivoine en avait.- J'avais entraînement au combat en commun avec tous les apprentis, cet après-midi, normalement, mais j'ai trouvé le moyen de m'éclipser. " lança Nuage de Pivoine.Il regarda à l'horizon, la mine songeuse, et repartit sur son sujet de prédilection :- Crotte de souris, je te jure, vivement mes douze lunes, que je parte d'ici. Plus de lois, ni de responsabilités... ce sera merveilleux.- Mais tu restes à cause de l'apprentie guérisseuse, hein ? " glissa malicieusement Inigo.- C'est pas vrai ! " s'exclama Nuage de Pivoine, devenant rouge comme la fleur dont il portait le nom.- Balivernes et bouillie pour les chats domestiques ! Inigo se mit à rire et se dirigea vers l'arbre le plus proche, bondit sur la première branche et l'escalada :- Allez, suis-moi, Nuage de Pivoine ! On va voir si tu peux battre mon record !Nuage de Pivoine le suivit en grommelant :- Tu vas voir !Ils arrivèrent tous deux essouflés en haut de l'arbre, incapables au final de déterminer qui avait gagné. Ils s'assirent sur le bout de la plus haute branche et discutèrent de tout et de rien, de leurs petits problèmes, Nuage de Pivoine se plaignant du plus insupportable de tous les apprentis, Nuage de Feu, et Inigo se plaignant de sa mère, parce qu'il n'avait personne d'autre de qui se plaindre, et ainsi de suite.Quand soudain, le solitaire brun pencha la tête en bas, sembla remarquer quelque chose, et dit d'une voix un peu blanche :- Hé, attends, il y a un truc bizarre qui s'approche de nous... c'est quoi cette créature toute hérissée avec la bave aux lèvres qui avance en rampant et en grognant vers nous ?- Quoi ? Laisse-moi voir... oh, crotte de souris de crotte de souris ! C'EST ÉTOILE DE TACHES ! En effet, c'était bien Étoile de Taches, et elle était furieuse.- Quoi ? Mais... comment elle a fait pour te retrouver ? Tu as bien effacé tes traces, comme d'habitude ?- Ben... non... j'ai oublié, j'étais tellement pressé de lui échapper...- Quoi ? Balivernes et bouillie pour les chats domestiques, tu avais bien le temps d'y penser !- C'est pas le moment ! gémit Nuage de Pivoine. Inigo, il ne faut pas qu'elle te voie ! Je vais descendre !- Quoi ? Non mais tu as vu cette furie ? L'engueulade que tu vas prendre ! Balivernes et bouillie pour les chats domestiques, ne descends surtout pas ! - Je préfère encore me prendre vingt-cinq lunes de corvée d'anciens plutôt que de te faire repérer ! Qui sait ce qu'ils te feront ? Non, je descends ! Et, joignant l'acte à la parole, Nuage de Pivoine sauta de branches en branches jusqu'à atterrir en bas.La tête et la queue basse, il se planta devant Étoile de Taches, se préparant à entendre sa douce voix lui sussurer :- NUAGE DE PIVOINE, ESPÈCE DE BON À RIEN ! CETTE FOIS, TU AS DÉPASSÉ LES LIMITES ! ÇA NE SE PASSERA PAS COMME ÇA, NOM D'UN VIEUX BLAIREAU AVEUGLE ! SUIS-MOI IMMÉDIATEMENT !Nuage de Pivoine, résigné, pensant avant tout à Inigo, se laissa docilement prendre par l'oreille (ce qui est crotte de souris de douloureux, au cas où vous l'ignoreriez, mes amis) et traîner par Étoile de Taches dans toute la forêt, jusqu'à arriver à la Combe d'Entraînement.Malgré son oreille rouge et douloureuse, Nuage de Pivoine estimait avoir réussi. Tout s'était passé comme il l'avait escompté : si il était resté caché en haut de l'arbre plutôt que de se "rendre" à sa chef tout de suite, Étoile de Taches n'aurait pas mis très longtemps à fouiller en haut des arbres et à le trouver, lui et Inigo. Et, dans ce cas, l'affaire serait devenue grave. Bien plus terrible et grave qu'une ou deux bêtises d'apprenti. Inigo aurait pu, au mieux, se faire chasser à coups de pattes dans le derrière, au pire, se faire tuer. À l'époque qu'est celle où je vous raconte cette histoire, mes amis, tant qu'à choisir, un apprenti s'exposait à beaucoup moins de danger en se faisant surprendre avec une apprentie d'un autre Clan qu'en se faisant surprendre avec cette sous-race, cette abomination qu'étaient les chats domestiques et les chats errants.En arrivant à la Combe d'Entrainement, où étaient réunis tous les autres apprentis et plusieurs vétérans du Clan pour une séance d'entraînement collective, Nuage de Pivoine sentit sur lui le regard de tous les autres apprentis, qui étaient ébahis de le voir débarquer de force, traîné ici par une Étoile de Taches furieuse, enfin, encore plus furieuse que d'habitude.Étoile Tachetée - merci, Clan des Étoiles, merci, pensa-il - lui lâcha enfin l'oreille, et le poussa juste devant les autres apprentis, crachant :- Les enfants, vous voyez votre petit camarade ? Vous voyez à quoi ce bon à rien s'occupait ? Je ne vous raconterai même pas le tour qu'il m'a joué ce matin, non, je me contenterai de vous dire que monsieur avait décidé de sécher l'entraînement et se prélassait dans une clairière, au lieu de venir apprendre son devoir de guerrier, comme tout bon apprenti !Elle le désigna de la queue, furieuse :- C'est une honte ! C'est le pire exemple à suivre ! Ce petit n'a de respect pour rien ni personne ! Mais qu'est-ce que sa mère dirait, si elle était encore en vie ?Nuage de Pivoine eut l'impression de se prendre un coup en pleine poitrine. Sur lui, il sentait les regards moqueurs ou consternés des autres apprentis, ces petits enfants modèles et parfaits... eux, au moins, ils avaient d'autres amis qu'un solitaire crasseux, eux, au moins, leurs parents étaient encore là pour les acclamer et être fiers d'eux... Et, en ce moment même, les enfants modèles le huaient du regard, le narguaient, lui disaient "Regarde-nous, Nuage de Pivoine. Regarde-nous, nous et nos enchaînements de combats qu'on connait parfaitement, nos tonnes d'amis, notre politesse, nos parents qui nous aiment, toutes ces choses que tu n'auras jamais, Nuage de Pivoine. Tu n'es pas comme nous, regarde à quel point on te méprise."En vérité, je ne pense rien vous apprendre en vous disant que la paranoïa et l'imagination de Nuage de Pivoine y jouaient beaucoup dans cette impression. En réalité, quelques apprentis le plaignaient même d'un regard plein de compassion, l'air de lui dire : "courage, on sait ce que c'est". Mais ça, Nuage de Pivoine n'était pas en état de le voir. Il n'était qu'en état de retenir des larmes de honte, et de supporter avec le peu de dignité qu'il lui restait son humiliation publique, persuadé qu'il était que tous le méprisaient et que tous étaient contre lui.Quand soudain, malgré son regard brouillé par les larmes qu'il tentait de retenir, il vit, dans la foule des apprentis, Nuage de Chenille.Non... non, pas elle. Pas elle. Entre tous et toutes, pas elle. Il ne voulait pas être humilié devant sa chère apprentie guérisseuse. Et, pendant ce temps, cette abrutie d'Étoile de Taches qui continuait à parler, parler :- Il trahit le sang d'Étoile de Feu qui coule dans ses veines. Car, oui, croyez-le ou non, mais ce petit bon à rien a bien le sang d'Étoile de Feu. Mais, au fond, c'était prévisible. Son père avant lui était déjà un traître à sa race...Ce fut encore pire qu'à l'évocation de sa mère. Cette fois, les larmes de rage et d'humiliation semblèrent couler d'elles-mêmes.- Balivernes et bouillie pour les chats domestiques... " marmonna-il en sanglotant.- TU AS DIT QUELQUE CHOSE, NUAGE DE PIVOINE ? Tonna Étoile de Taches. VAS-Y, FAIS-EN PROFITER A TES PETITS CAMARADES !Nuage de Pivoine leva les yeux vers Étoile de Taches. Il ne prononça pas un mot, mais son simple regard plein de hargne suffit à déstabiliser la chef. Le regard est le meilleur moyen de cracher sa haine, plus encore que les mots.Étoile de Taches fut déstabilisée, mais, un quart de secondes plus tard, elle cracha :- NE T'AVISE PLUS JAMAIS DE ME REGARDER COMME ÇA !Les autres apprentis eurent presque tous un mouvement de recul, choqués. Et c'était parfaitement compréhensible. N'importe quel observateur extérieur de la scène n'aurait pas compris pourquoi Étoile de Taches avait piqué une telle crise. Il n'y a rien de mal à regarder quelqu'un dans les yeux, après tout, non ?Sauf quand le regard ressemble à ça. Sauf quand le regard est un concentré de haine pure, de révolte muette, de milliers de "je vais te tuer" réunis en un seul coup d'oeil. Et c'était exactement le regard que Nuage de Pivoine avait jeté à Étoile de Taches en cet instant-là.Étoile de Taches devint tellement hors d'elle et furieuse que - pitié, Clan des Étoiles, pitié, pensa Nuage de Pivoine-, elle le traîna de nouveau par l'oreille. Cette fois, son trajet forcé dura jusqu'à ce qu'ils arrivent au camp.Une fois arrivés, elle le lâcha enfin et cracha :- TU RESTERAS ICI T'OCCUPER DES ANCIENS PENDANT DEUX SEMAINES, ET TU NE SORTIRAS PAS DU CAMP !Nuage de Pivoine ne répondit rien, occupé qu'il était à étouffer ses larmes.Il passa le reste de la journée à nettoyer les litières. Il dut subir les quolibets de Nuage de Feu, le fils d'Étoile de Taches, et accessoirement, son futur chef. Nuage de Feu avait beau être le petit frère de Nuage de Flamme, il ne lui ressemblait en rien. Pour Nuage de Pivoine, jamais la forêt n'avait connu de tel enfant gâté.Étoile de Taches avait murmuré, juste avant de le laisser à nettoyer les litières :- Je ne comprends pas, Nuage de Pivoine... avant, tu étais un chaton adorable, tu voulais plaire à tout le monde... comment est-ce que tu as fait pour devenir cet apprenti insolent ?Si Étoile de Taches avait mieux réfléchi, elle se serait rendu compte de quelque chose de crucial : Nuage de Pivoine n'était pas passé par miracle de chaton adorable à apprenti insolent. Le changement dans son comportement avait débuté après la mort de Nuage de Flamme.La mort de Nuage de Flamme, bien plus que le départ de son père, avait définitivement marqué sa rupture avec le Clan.Rappelez-vous, il s'était déjà demandé, le jour même de la mort de Nuage de Flamme, ce que le Clan avait de si spécial pour qu'on lui sacrifie son ami. Et, depuis, ce sentiment d'injustice, de mort inutile, n'avait fait que croître. Parfois, il se remémorait son ami partir docilement vers la mort, il revoyait sa mère abjecte lui dire d'un ton froid comme la glace "tu combattras en première ligne, Nuage de Flamme", et ce crétin d'acquiescer sagement, se doutant qu'il n'avait presque aucune chance d'en réchapper, mais ne protestant pas une seule seconde, docile comme un mouton...
Il trouvait ça atroce. Ce jour-là, il réalisa pleinement ce que vivre dans un Clan impliquait. C'était d'être prêt à mourir à tout moments, à s'exposer à tous les dangers, même quand on n'a que six lunes, même quand on a peur, même quand on est faible, être capable de sacrifier père et mère pour son Clan...
Et il rejeta à jamais cet idéal. Il rejeta ce Clan qui était responsable de la mort de son ami, et qui allait plus tard rejeter Inigo comme un paria...
À trois lunes, son rêve n'était pas, contrairement aux autres chatons, celui de devenir un grand guerrier, non : c'était de partir. De s'évader un jour de cet endroit.
Depuis le jour où il avait compris tout ça, Petite Pivoine s'était promis de n'être jamais, jamais, un Nuage de Flamme, un mouton qu'on conduirait à l'abattoir.Au moment de se rendre dans la tanière des guérisseurs pour aller chercher de la bile de souris, Nuage de Pivoine bloqua devant l'entrée. Et si Nuage de Chenille était à l'intérieur ? Il ne voulait pas qu'elle le voie, pas après ça... mais il inspira un grand coup et rentra tout de même à l'intérieur.Et, malheureusement pour lui, j'ai le malheur de vous annoncer, mes chers amis, que c'était effectivement Nuage de Chenille qui l'attendait dans la tanière. Enfin, elle ne l'attendait pas réellement, elle ne faisait que trier des rangées de plantes, en vérité.
- Ah, tu es là... " grommela-t-elle en sentant sa présence, sans même lever la tête.
- Je...
Nuage de Pivoine se sentit stupide, comme à chaque fois qu'elle était à côté d'elle, et balbutia :
- Il me faut de la bile de souris... pour les anciens, tu sais...
- Oui, je vois...
Elle tourna enfin la tête vers lui. Nuage de Pivoine baissa les yeux face à son regard ambré.
- Je vais te chercher ça.
Quand j'ai dit que Nuage de Pivoine n'arrivait pas à soutenir le regard de Nuage de Chenille, n'allez surtout pas vous imaginer que c'était parce qu'elle possédait un étrange regard envoûtant, deux yeux profonds et mystérieux, qui happaient instantanément tous les pauvres fous qui osaient y plonger le regard... non, rien de ce genre. Elle avait deux yeux ambrés assez banals, rien de plus. C'était simplement parce que Nuage de Pivoine l'aimait qu'il voyait ses yeux comme tels.
Nuage de Pivoine, pensant qu'il valait mieux en parler tout de suite, marmonna :
- Nuage de Chenille, tu sais, j'ai été ridicule, avec Étoile de Taches, tu étais là, pas vrai, hein, et je me disais qu'en fait, je pensais que...
Comme d'habitude, il perdait ses mots. Nuage de Chenille le regarda, et murmura à son tour :
- Oh... ah, oui. Je ne m'en souvenais même plus de cette histoire.
Et, comme d'habitude, ses yeux semblaient ailleurs lorsqu'elle parlait. Si Nuage de Chenille n'avait ni regard profond et envoûtant, ni rien de ce genre, elle n'en avait pas moins un regard assez particulier. Absent, toujours ailleurs, fixant le vide. Parfois, quand Nuage de Pivoine la croisait la nuit, quand il allait retrouver Inigo (c'était assez rare qu'il y aille de nuit, mais ça lui arrivait) elle était encore là, à traîner dans le camp, sans réussir à trouver le sommeil, en insomniaque qu'elle était. Et, dans ces moments-là, ses yeux étaient d'une fixité étrange, comme enfiévrés. Plus que jamais, elle avait l'air hagard de quelqu'un qui voit quelque chose qu'il est seul à voir.
- Tiens, ch'est ta bile de chouris... " marmonna-elle en déposant sur le sol ce qu'il portait dans la bouche.
- Merci... " murmura Nuage de Pivoine avant de prendre la bile de souris à son tour.
- Ah, au fait, grommela-t-elle, la prochaine fois, tu prendras le temps de masquer les odeurs de ton copain le solitaire sur le territoire.
Nuage de Pivoine faillit en lâcher sa bile de souris. Ou mieux, la lui jeter à la gueule.
- J'ai pas eu le temps, cracha-t-il, Étoile de Taches est arrivée en furie ! Sinon, je l'aurai fait, comme d'habitude !
- Tu finiras par te faire repérer un de ces jours, vraiment. Je ne sais même pas pourquoi je continue à garder ce secret, tiens !
Nuage de Pivoine, sans se laisser déstabiliser, lui lança entre ses dents :
- Je sais pas... peut-être parce que moi aussi, je garde le secret pour tes vi...
- J'entends pas, j'entends pas ! " lança Nuage de Chenille en repartant vers le fond de la tanière.
Nuage de Pivoine grommela entre ses dents en sortant de l'antre. C'était toujours pareil. Quand il ne se disputait pas avec elle, il ne pouvait que bégayer devant elle.Ces deux-là avaient un accord tacite. Vous vous demandez sans doute de quelle vision parlait Nuage de Pivoine ? Je suis là pour y répondre, chers amis. Nuage de Pivoine faisait en réalité allusion à un événement qui avait eu lieu quelques lunes plus tôt, un de ces fameux soirs où il partait en douce rejoindre Inigo. Comme d'habitude, il avait croisé une Nuage de Chenille insomniaque qui faisait les cent pas dans le camp, les yeux hagards. Mais, cette fois, il l'avait nettement vue, son pelage tricolore hérissé, ses yeux grands ouverts, reculer comme si elle voyait quelque chose d'atroce juste devant elle. Il avait tenté de s'approcher, même si il aurait plutôt eu envie de s'enfuir à toutes pattes, mais quand il avait fait mine de la toucher, elle avait fait un bond en arrière en poussant un cri :
- Me touche pas !
Elle s'était retrouvée effondrée sur le sol, les yeux grands ouverts, à fixer quelque chose d'invisible. Nuage de Pivoine était complètement terrifié, et il y avait de quoi.
- Je... je... " avait gémi Nuage de Chenille.
- Qu'est-ce que tu vois ? " avait murmuré dans un souffle Nuage de Pivoine.
- J-je vois... " elle s'était interrompue, l'air terrorisée, et avait gémi :
- Ne me touche pas, je t'en supplie, ne me touche pas...
Nuage de Pivoine, pour se donner bonne conscience, avait marmonné :
- Bouge pas, je vais chercher ton mentor, il saura quoi faire...
Mais il n'était rien allé chercher du tout. Il s'était sauvé à toutes pattes dès qu'il était devenu hors de sa vue.
Elle est folle, se disait-il, elle est folle, complètement folle, bonne à enfermer...
Et le pire dans tout ça, c'est qu'il l'aimait.
Ils n'avaient plus jamais reparlé de cet épisode, mais ils ne l'avaient pas oublié. Depuis, ils avaient conclu leur accord tacite : personne ne saurait rien, ni à propos d'Inigo, ni à propos de ces espèces de visions.
Une seule fois, Nuage de Pivoine s'était risqué à lui demander, un jour qu'ils étaient seuls, dans la forêt, et qu'il l'aidait à cueillir de l'herbe à chat :
- Tu... tu as toujours été... enfin, tu as toujours eu...
Elle avait tout de suite compris. Son regard s'était assombri :
- Depuis que je suis toute petite. " avait-elle répondu, sans rien ajouter d'autre.
Et ils n'avaient tous les deux plus rien rajouté.Il en était là de ses réflexions quand il vit, en sortant de la tanière, les deux dernières personnes sur qui il avait envie de tomber : Nuage de Feu et Nuage de Fraise. Il tenta de ne pas prêter attention à leurs ricanements tandis qu'il passait piteusement avec sa bile de souris.
Nuage de Feu, comme je crois l'avoir déjà mentionné, était le fils cadet d'Étoile de Taches, et tenait son nom du célèbre fondateur de sa lignée, chose qui était très, très loin d'être rare. Les Petite Flamme, Petit Feu, Petite Braise, et tout ce qui tenait, de près ou de loin, au champ lexical du feu, étaient les prénoms les plus courants dans cette famille. Les Étoile de Feu et les Étoile de Flammes s'était succédés sur le promontoire. Si Nuage de Flamme avait vécu assez vieux pour monter sur le promontoire, il serait devenu quelque chose comme... hum, je dirais, le cinquième ou le sixième Étoile de Flammes du Clan du Tonnerre.
Quant à Nuage de Feu, n'en parlons même pas. Le jour où il monterait sur le promontoire (et Nuage de Pivoine était certain qu'il y monterait, qu'est-ce qui l'en aurait empêché ?), il deviendrait exactement Étoile de Feu XI ème du nom.
Crotte de souris et bouillie pour les chats domestiques, ils sont même pas fichus d'avoir un peu d'originalité dans les prénoms qu'ils donnent à leurs gosses, dans cette famille. Pensait Nuage de Pivoine les jours où il était plus jaloux que d'habitude.
Mais il pouvait inventer des piques de ce genre autant qu'il le voulait, ça n'aurait pas étouffé sa jalousie. Ça ne lui aurait pas donné le talent au combat et en chasse de Nuage de Feu, ni ses privilèges. Nuage de Fraise, qui accompagnait Nuage de Feu partout, était une vraie petite peste... mais une peste mignonne. Très belle, même. C'était même la plus désirée de toutes les apprenties. Mais, évidemment, le grand, le beau, le fort, l'excellent Nuage de Feu se l'était réservée pour lui. Elle était folle de lui.
Nuage de Pivoine, tout en passant discrètement avec sa bile de souris, pensa amèrement que décidément, il ne savait pas ce qu'on trouvait de si spécial à toute cette lignée d'abrutis aux noms si ridicules, son père et Nuage de Flamme en faisaient peut-être partie, mais ils valaient tellement...
Il se figea. Peu à peu, par associations d'idées, il s'était rendu compte de quelque chose.
Il ne connaissait pas le nom de son père.
Il avait beau fouiller dans sa mémoire, il ne s'en rappelait plus. Impossible de s'en souvenir. Il se rappelait de son beau pelage flamboyant, de son sourire, de son rire, surtout... mais pas de son nom.
Il avait un nom en rapport avec le feu, comme les deux tiers des membres de cette famille, ça, il s'en souvenait... mais quoi, exactement ?
Cette pensée le hanta jusqu'à la nuit.
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Fanfic La Guerre des Clans - Balivernes et Bouillie pour les Chats Domestiques
FanficA la mort d'Étoile de Feu, la forêt entière fut en deuil de ce héros. Son courage, sa force... y aurait-il jamais de nouveau un chef de cette trempe ? Le Clan du Tonnerre décida alors de quelque chose. Fini, les lieutenants qui devenaient chef. Déso...