En février 1996, une nouvelle élève arrive à Uagadou pour la fin de ses études. Ejiro Siaré, élève de sixième année, voit la venue de cette étudiante avec optimisme. Après tout cela permettra d'augmenter les échanges avec les autres écoles de sorcel...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Désormais, dehors, le vent et le sable se déchaînaient. Après avoir pris leur repas, les élèves d'Uagadou étaient rentrés dans leurs dortoirs, mais aucun ne dormait.
Ejiro était assise avec Njeri et Oona, sur les trois nattes côte à côte. L'irlandaise se remettait difficilement de sa frayeur de la soirée, mais les deux africaines essayaient tout de même de lui changer les idées.
Actuellement, les trois sorcières étaient en plein milieu d'une Bataille Explosive, et Njeri gagnait sans aucun doute. Elle était la meilleure des trois en stratégie, grâce à sa participation au club d'échecs de l'école. Elle leur avait d'ailleurs proposé d'y jouer, mais Oona avait refusé, prétextant qu'elle ne connaissait pas assez les règles. D'ailleurs, elles étaient trois, donc il y avait une personne de trop pour une partie d'échecs.
— Yes ! Cette manche est encore pour moi ! jubila Njeri.
Oona et Ejiro se regardèrent d'un air agacé. Elles en avaient assez de se prendre des étincelles à la figure, lorsqu'elles n'étaient pas assez rapides et que leurs cartes explosaient juste devant elles.
— Eh, à quoi vous jouez ? fit une voix masculine, intruse dans ce dortoir féminin.
Ejiro vit sans surprise arriver son meilleur ami. Même si le règlement interdisait les visites dans le dortoir du sexe opposé après le couvre-feu, les nuits de tempête échappaient un peu à la règle. Et de toute façon, Ahmad était particulièrement doué pour tromper la vigilance de la surveillante et rejoindre les filles en haut de leur mezzanine.
— Ahmad... fit Njeri d'un ton réprobateur. Un jour, tu vas finir par te faire prendre !
— Pas d'inquiétude, Njeri, je suis un ninja de l'incruste dans votre dortoir.
La phrase fit pouffer Ejiro et Oona.
— Oh oh, je ne m'inquiète pas, mon cher, crois-moi, je serais aux premières loges lorsque la surveillante te condamnera à un mois de nettoyage de la salle d'Alchimie !
Elle ajouta, en aparté pour les deux autres filles :
— Les gens font jamais gaffe à tous les ingrédients qu'ils font tomber par terre. Je vous jure, certains jours c'est vraiment dégueulasse.
Ahmad leva les yeux au ciel.
— Tu peux toujours attendre. Je te dis que je me ferais pas pincer.
— Oh, mais que vois-je ? Un garçon dans notre dortoir ! s'exclama soudain une voix amusée.
À la lumière des bougies qui éclairaient la mezzanine, Ejiro reconnut Farida. La commentatrice avait un sourire moqueur sur le visage et les yeux brillants de malice.
— T'oserais pas me dénoncer ? lâcha Ahmad.
— Hum... je sais pas... fit-elle mine de réfléchir.
— Crois-moi, je te soutiendrai, Farida, si jamais tu devais le dénoncer, rigola Njeri. Il croit tellement qu'il est invincible que j'ai hâte de le voir se faire prendre.
La huitième année se joignit au rire de l'adolescente et s'assit avec eux.
— Dites, une de mes amies a ramené son violon, ça vous dirait de venir dans la salle commune ? On fait une soirée musique.
— Oh, chouette ! s'exclama Ejiro. J'adore les soirées comme ça.
— On a eu l'autorisation de la surveillante, alors c'est parti, les filles ! Enfin, si ça vous dit aussi, vous deux.
Elle désigna Njeri et Oona. Puis elle ajouta :
— Et Ahmad, bien sûr.
— Évidemment, ça me tente, lança le jeune sorcier.
Il tourna la tête vers les deux autres filles en même temps qu'Ejiro.
— Et vous, vous venez ?
— Ça peut être sympa, oui, sourit Oona.
— Comment ça, "ça peut être sympa"?! s'offusqua Farida. C'est sympa, aucun doute ! Allez, levez vos popotins d'Éruptifs et suivez-moi !
Amusés par l'entrain de Farida, les quatre sorciers se levèrent descendirent de la mezzanine à sa suite. Après un mot à la surveillante, celle-ci les laissa passer pour rejoindre la salle commune. Elle ne mentionna même pas la présence d'Ahmad dans le dortoir, ce qu'Ejiro mit sur le compte du charisme de Farida.
Dans la salle commune, il y avait en effet un sacré ambiance. La violoniste dont avait parlé la commentatrice était en train de jouer un air endiablé, et quelques personnes dansaient autour des canapés.
— Génial ! scanda Ejiro en s'avançant vers un fauteuil.
Elle s'y affala et commença à battre le rythme du pied. Oona, quant à elle, repéra Akim et Kamau non loin de la musicienne et alla s'asseoir avec eux.
— Vous êtes pas musiciens ? demanda Farida à Ejiro, Njeri et Ahmad.
Les deux filles secouèrent la tête.
— Moi, j'ai fait quelques années de percussion, lança Ahmad. Mais j'ai rien ici qui me permettrait d'en faire.
— T'inquiète, sourit la commentatrice. Kwame nous a trouvé des grosses boîtes sur lesquelles ont peut taper. Tu te joins à nous ?
L'adolescent sauta sur ses pieds avec un grand sourire et se rapprocha du petit groupe d'amis de Farida. Rapidement, il trouva en effet de quoi satisfaire son envie de percussions.
Njeri et Ejiro le regardèrent avec amusement, tout en continuant de siffloter à l'air entraînant de la musique.
Au bout d'un moment, les musiciens partirent dans le registre des chants traditionnels. Ejiro, qui en connaissait certains, se joignit à eux. Elle n'était pas spécialement douée en chant, mais elle appréciait l'ambiance un peu folle de cette soirée.
Akim et Kamau entraînèrent même Oona dans le cercle, en lui répétant les paroles qu'elle devait articuler. L'irlandaise, qui n'avait d'abord pas paru très réceptive, se lâcha enfin, et Ejiro la regarda avec malice. Elle n'avait pas souvent vu la rouquine s'amuser ainsi en oubliant ce qui se passait autour d'elle et les choses qui l'avaient poussée à quitter l'Angleterre.
Une fois qu'elle eut plus ou moins compris les paroles, elle se mit à chanter. Et alors elle surprit tout le monde.
— Dis, Ejiro, ta petite protégée, c'est une chanteuse géniale ! s'exclama Farida en venant vers elle.
— Je ne le savais pas, souffla la sixième année. Mais c'est vrai, on dirait qu'elle a un don.
Au bout d'un moment, Oona s'approcha même de la violoniste et lui demanda si elle pouvait lui emprunter son instrument. L'autre, intriguée, acquiesça avec un sourire. Ensuite, l'irlandaise se mit à exécuter une gigue traditionnelle de son pays, ce qui enchanta toute l'assemblée. Elle expliqua rapidement à la musicienne comment le jouer, et la fête redoubla d'intensité.
Lorsqu'elle fut fatiguée de chanter à tue-tête les airs irlandais qu'Oona leur enseignait et de danser dans tous les sens, Ejiro s'affala dans un fauteuil et s'endormit, bercée par la musique qui émanait de l'instrument.
[désolée pour cette absence, je commence à avoir du boulot, et mes chapitres d'avance sont presque terminés, donc je pense que je vais ralentir le rythme mais sinon, merci pour tous vos votes (je crois qu'on est à plus de 100) et surtout pour vos commentaires, ça me fait trop plaisir !]