o9 - saison des pluies

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En se levant ce matin là, Ejiro se rappela tout de suite que cette journée allait être spéciale

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En se levant ce matin là, Ejiro se rappela tout de suite que cette journée allait être spéciale. Déjà, une certaine effervescence secouait le dortoir des filles, qui faisaient plus de bruit que d'ordinaire.

Njeri était déjà debout et habillée, alors qu'Oona traînait sur sa natte, comme d'habitude.

— Tu veux de l'aide pour te coiffer ? demanda Njeri à Ejiro.

— Oui, je veux bien. Attend, avant je m'habille.

D'ordinaire, il était rare qu'Ejiro tente de dompter sa tignasse bouclée. Mais cette journée était une exception, et tous les élèves se devaient d'être présentables.

Elle rit lorsqu'elle vit la tête de l'irlandaise. Ses cheveux roux étaient emmêlés dans tous les sens, elle avait des cernes sous les yeux et les traits tirés par la fatigue.

— Dépêche-toi, Oona, la pressa Njeri. Aujourd'hui, personne n'a cours, mais il ne faudrait surtout pas manquer la cérémonie de la pluie.

La rouquine afficha un air perplexe.

— Ici, nous avons deux saisons des pluies par an, expliqua Ejiro. Et nous fêtons chacune d'entre elles avec une cérémonie, où nous dansons tous ensemble, avec des masques sur le visage. C'est une célébration qu'aucun de nous ne doit manquer, et qui nous assure une bonne fortune durant toute cette saison.

— Je croyais que les histoires de bonne fortune n'étaient que des arnaques ?

— Disons plutôt une tradition ancestrale, sourit Njeri.

Oona fronça les sourcils. C'était encore une nouvelle chose à laquelle elle allait devoir s'habituer.

Les trois filles descendirent à la verrière, et y retrouvèrent Ahmad. Ils mangèrent rapidement, comme tous les autres élèves, car la cérémonie ne devait pas attendre. Ensuite, une vague de jeunes sorciers de onze à dix-huit ans, encadrés par leurs professeurs, dévallèrent les escaliers jusqu'à la porte d'entrée monumentale.

— Alors, vous faites ça tous les ans ? questionna l'irlandaise pendant la descente.

— Deux fois chaque année, même, répondit Ejiro. Comme il y a deux saisons des pluies.

— Et vous dansez toute la journée ?

L'africaine hocha la tête.

— Enfin, on partage aussi un grand repas tous ensemble. Comme nous faisons ça dans la plaine à côté de Jawanda, les habitants du village se joignent généralement à nous, ainsi que d'autres sorciers qui sont passés par Uagadou et qui ont gardé cette habitude.

— C'est un moment très convivial, en fait, ajouta Njeri.

Pour l'occasion, plusieurs téléphériques enchantés avaient été mis à disposition des élèves pour descendre des Montagnes de la Lune. Le trajet fut long, car un seul aller ne suffisait pas pour emmener tous les sorciers.

Une fois en bas, Njeri retrouva très vite son frère, et partit plus loin avec lui. Ejiro remarqua qu'Oona avait l'air perdue, aussi elle fit bien attention à rester avec elle pour ne pas l'égarer dans la foule.

— Oh ! Qu'est-ce que c'est que ça ?! s'exclama soudain la rouquine.

Ejiro regarda dans la même direction que son amie. Des nuages de poussière rougeâtre se soulevaient à l'horizon, l'empêchant de voir quoi que ce soit. Néanmoins, au fur et à mesure que le nuage se rapprochait, elle comprit qu'il s'agissait de sorciers venus à dos d'éléphants ou de dromadaires. Oona ne cachait plus son admiration.

— Je n'aurais jamais cru que je verrai un jour un éléphant en vrai !

Elle paraissait aux anges, et Ejiro songea avec soulagement que ça devait un peu lui changer les idées. Lui faire oublier ce qu'elle avait vécu à Poudlard, avec la mort de cet élève et le retour de Lord Voldemort. Elle n'avait pas encore osé questionner Oona à ce propos, et ce n'était certainement pas le bon moment pour le faire.

Les élèves, professeurs et autres sorciers commençaient à se regrouper dans la plaine. Les animaux restaient un peu à l'écart.

— Un tel rassemblement ne doit pas inquiéter les Moldus des environs ?

Ejiro fronça les sourcils.

— Les quoi ?

— Les Moldus, tu sais Eji', le professeur Munashe nous en a parlé hier, intervint Ahmad.

— Ce sont les non-sorciers, expliqua Oona. Vous n'avez pas de terme pour les qualifier, vous ?

— Tu sais, ici en Afrique, la magie est encore très présente dans la population, que ce soit chez les sorciers ou non. Beaucoup de tribus ont encore des chamans et les gens ont souvent des liens avec les esprits. D'ailleurs, parmi les élèves d'Uagadou, nombreux sont ceux qui ont des parents non-sorciers.

— Njeri et moi, par exemple, lança Ahmad.

La rouquine hocha la tête. Elle se tourna ensuite vers le centre du rassemblement.

— Pourquoi ont-ils tous des masques ?

Le seul garçon du groupe sourit.

— Une danse pour célébrer la déesse Oya, déesse du climat, se doit d'être effectuée avec un masque. Le mien est dans mon sac, d'ailleurs.

— Oh, j'ai oublié le mien dans le dortoir ! s'écria Ejiro.

Ses deux amis pouffèrent.

— Tu crois que je peux utiliser un sortilège d'attraction d'ici à l'école ? demanda-t-elle à Ahmad.

— Ça se tente, rit le jeune sorcier.

Accio masque !

— J'espère que ça ne va assomer personne, ajouta Oona.

Les trois élèves patientèrent quelques minutes avant de voir apparaître une forme marron arriver rapidement sur eux. Ejiro le rattrapa au vol.

— Alors, Ejiro, on oublie son masque à l'école ? plaisanta le professeur Chike qui se trouvait à côté d'eux et avait vu le masque arriver.

— J'étais tellement pressée ce matin que je n'y ai pas pensé, sourit la jeune fille.

— Bon, maintenant que vous avez tous votre matériel, avancez vous donc vers le centre du cercle. Ah, Oona, tu n'as pas de masque ?

— Et bien non, je...

— Ça ne fait rien, si tu danses ça sera déjà bien. Tu te fabriquera ton masque pour la prochaine saison des pluies.

Tandis que le professeur les poussait vers la foule, Oona demanda à Ejiro qui mettait son masque sur la tête :

— Vous les avez sculptés vous-même ?

— Oui, c'est la coutume, à Uagadou. La plupart des élèves les fabriquent ou les font fabriquer par des membres de leurs familles.

Soudain, un bruit de percussions retentit et couvrit les paroles des sorciers. Ejiro pressa le bras d'Oona.

— Ça va commencer ! Allez viens, on se rapproche. Pendant la chorégraphie, suis les mouvements que je fais, tu verras ce n'est pas compliqué !

Et dans un étrange mouvement de foule, Ejiro, Oona et Ahmad furent emportés, au rythme des instruments de musique africains. Quelques minutes plus tard à peine, la pluie se mit à tomber.

Toutes les nuits ont une fin | fanfiction HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant