En février 1996, une nouvelle élève arrive à Uagadou pour la fin de ses études. Ejiro Siaré, élève de sixième année, voit la venue de cette étudiante avec optimisme. Après tout cela permettra d'augmenter les échanges avec les autres écoles de sorcel...
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Une semaine après les aveux d'Oona, Ejiro la sentait déjà beaucoup plus détendue. Bien sûr, elle ne se remettait pas encore du deuil de son frère, mais elle paraissait déjà plus sereine.
La deuxième saison des pluies de l'année approchait. À nouveau, comme pour la précédente, les élèves étaient tous très enthousiastes. Déjà, ils ressortaient leurs beaux habits pour les réparer, les laver et les rendre rutilants. D'autres redonnaient quelques coups de pinceau à leurs masques.
C'était le cas d'Ejiro. Le sien commençait à se faire vieux, et elle souhaitait lui rendre un peu d'éclat, ce qui la poussait à passer tout son temps libre dans la salle commune, des pigments et des pinceaux étalés autour d'elle, et son masque devant.
Un mercredi après-midi, Oona vint la rejoindre.
- Eji', je voudrais me faire un masque, annonça-t-elle sans transition.
La figure barbouillée de orange, l'africaine tourna la tête vers son amie.
- Ah, bien sûr, c'est même une obligation ! Je sais que tu ne partage pas nos traditions ancestrales, mais si tu veux que ta scolarité à Uagadou se passe bien, il est vivement conseillé de suivre les coutumes !
- J'imagine, mais je n'ai aucune idée de comment m'y prendre...
- Hum, alors, je te conseille d'aller voir ton professeur de Botanique, c'est la personne qui s'y connaîtra sans doute le mieux en bois. Il pourra te conseiller qu'elle essence utiliser, et comment la travailler pour lui donner une forme. D'ailleurs, il me semble qu'il y a des cours qui sont dispensés pour les premières années, afin de leur apprendre à sculpter un masque.
- Oh, je vois. Ça prend longtemps ? Parce que si j'ai bien compris, la saison des pluies arrive bientôt...
Amusée de la petite nuance d'angoisse qui pointait dans la voix de la rouquine, Ejiro sourit.
- Ne t'inquiètes pas pour ça, la plupart des sorciers passés par Uagadou disent que leur masque n'est jamais fini. Il y a toujours un élément à rajouter, une retouche à faire - elle pointa son ouvrage. Le but n'est pas qu'il soit parfait, mais qu'il te convienne, surtout.
Oona acquiesça, l'air rassurée.
- Merci, je vais y aller tout de suite.
Ejiro regarda distraitement l'irlandaise repartir et se replongea - presque littéralement - dans sa peinture.
*
Les jours suivants, elle ne croisa pas beaucoup Oona. Elle-même était prise par les cours, et par certains professeurs - comme Munashe - qui augmentaient leur niveau d'exigences.
Les matins, en se réveillant, elle réalisait d'ailleurs que l'irlandaise s'était réveillée avant elle, et elle ne la croisait pas non plus au petit-déjeuner. Ahmad et Njeri la questionnèrent à ce propos. L'africaine leur avait vaguement résumé les confidences d'Oona, et ils crurent que c'était cette raison qui poussait la rouquine à les ignorer.
