Lettre à ma mère

285 34 14
                                    


J'ai vu un reportage sur les mères toxiques, mal aimantes; et il est dit dans un livre, qu'il est psychothérapeutique d'écrire une lettre pour notre mère, lui "reprochant" tout ce qu'elle nous a fait, nos ressenti sur notre enfance, ce que nous aurons aimé qu'elle fasse, etc...
Alors je me suis dis, "pourquoi pas faire pareil ?"

Chère maman

Je suis navrée d'avoir à écrire cette lettre, malgré que tu ne la liras sans doute jamais. En plus, cette lettre, je l'écris ici, pas sur papier où je pourrais te l'envoyer par la poste. Cela m'arrange, dans un sens.

Par où commencer...
Sache que petite, je t'ai toujours aimé. J'étais certes largement plus proche de mon père que de toi, mais je t'aimais. Comme n'importe quelle petite fille qui aime sa mère. C'est normal.
Mais avec le temps, j'ai fini pas ne plus t'aimer. Voir à te haïr, te craindre, alors que j'étais petite.
J'étais révolté contre toi, je te détestais et avait peur que tu t'approche de moi.
Qu'est ce que j'ai pu faire pour que tu me fasses ce que tu m'a fait ? Ai-je fais quelque chose de mal ? T'ai-je importuner ? Blessé ? 

Une gamine de 5-6 ans ne peux pas faire grand chose d'assez grave à son âge. Certes, un gosse c'est chiant, surtout que je l'avoue, j'étais très hyperactive et bavarde.
Mais dès mon jeune âge, je me suis renfermée sur moi même. Me demandant sans cesse "pourquoi".

Pourquoi tu me frappais pour des si minimes choses ?
Que ce soit quand je ne comprenais pas un exercice, que je rangeait mal ma chambre, que j'avais eu une mauvaise note à l'école, ou par ce que je t'avais soit disant répondu mal... Tu me frappais. Bien sûr, tu n'avais pas la force d'un homme, pas assez pour le casser un os, mais tes coups suffisait pour me faire hurler, avoir mal et avoir des bleus sur tout le dos, les épaules et les bras. Tu étais assez maligne pour ne pas me frapper au visage. Ça se verrait trop, après tout.
Étant séparé de mon père, je le voyais peu. 

Mais mon beau père était là, à la maison, pour me protéger quand tu me frappais. Quand il m'entendais hurler et pleurer, et toi pousser des sortes de "gémissements" (?) En me frappant, il rappliquait en vitesse et nous séparait.
"Pourquoi tu l'a frappé ?" Demandait-il souvent.
"Par ce que... (Insérer une stupide raison)"

Mais il n'était pas toujours là pour me défendre. Il était chef dans un grand restaurant étoilé, alors il bossait souvent et était rarement à la maison.


Ce que je détestais le plus chez toi, c'était ton hypocrisie. Quand tu m'emmenait au travail, souvent, au restaurant où bossait mon beau père et toi en tant que serveuse, tu me calinait, me chouchoutai et m'offrait pleins de cadeaux, devant les yeux épanouis des clients et du personnel. C'était cette mère là que je voulais avoir toujours à mes côtés. Tu me donnais de l'amour, et moi, naïve que j'étais, je te le rendais et croyais à chaque fois que tout ça était fini, et qu'on allait enfin avoir une vraie relation mère fille. 

Mais à chaque fois, je me rendais compte que je m'étais trompée. Mais j'espérais à chaque fois ! Pour moi, j'avais deux maman. Une gentille, qui m'offrait des cadeaux, me faisait des tresses le soir pour avoir les cheveux ondulés le lendemain, qui me préparait mes plats préférés, qui m'appelait "ma puce, ma chérie", et il y avait la méchante, celle qui me frappait, m'hurlai dessus, me traitait de bonne à rien, sans avenir, et qui me courait après dans la maison pour pouvoir m'attraper et me frapper. 

Mais à chaque fois je m'enfermai dans les toilettes. Enfin, quand je réagissais assez vite à ta colère, et que j'avais le bon réflexe de courir me cacher. 

Aaah, les toilettes. J'y ai passé tellement de temps. Quand je m'y cachais pour pas que tu me frappe, je pouvais y rester des heures jusqu'à que tu soit calmé. "Dès que tu sors, je t'en met une ! Je vais te frapper !" Je n'osais jamais sortir. Parfois, je m'endormais contre le mur, assise. Et, chose amusante, parfois je sortais des toilettes discrètement pour aller chercher une couverture et des biscuits, pour m'installer dans les toilettes et penser y passer la nuit. Mais généralement, tu me demandais gentiment de sortir, me disant que tu ne me ferais aucun mal. Je sortais à chaque fois, et comme convenu, tu ne me frappais pas. Enfin, des fois. La plupart du temps, tu me sautais dessus et me donner une vilaine fessée. Mais les fessées, honnêtement, tout le monde s'en est prit dans son enfance, il n'y a rien de grave à ça. 

Chronique d'une ancienne dépressiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant