Mes chances

32.

Pdv Fred

Putain je m'en veux !
Ma femme est brisée.
Mon fils est encore à l'hôpital.
Je ne peux plus rien faire.
Juste être là pour eux. Pour elle surtout.

Elle essaie de s'en sortir de garder la tête hors de l'eau mais elle reste fragile.
Elle vérifie un nombre incalculable de fois que la porte soit bien verrouillée.
Elle dort peu. Elle est retournée bosser.
Elle commence avec moi vers 3h en boulangerie et ensuite elle enchaîne sur la pâtisserie. Elle ne s'arrête que pour aller voir Gaylord.

Mais aujourd'hui je dis stop.
Elle est l'ombre d'elle même.
Ses kilos perdus, elle ne les a pas retrouvé. Au contraire, elle en a encore perdu.
Thomas, Cindy et Rémi me sont d'un grand secours. On se relaie auprès d'elle mais il lui faut un électrochoc pour qu'elle se reprenne.
Je ne sais plus comment faire...
Je n'ai pas envie de la perdre.
J'ai l'impression qu'elle se tue lentement sans s'en rendre compte.

PDV Sonia

Je ne dors plus. Le noir, le silence, la solitude me font peur.
J'ai beau avoir Fred a mes côtés quand je ferme les yeux, je vois.
Je revis mon enlèvement, les coups, et le meurtre que j'ai commis.
Je me noie, j'en peux plus.
Je suis dépassée par tout ça.
Le boulot me raccroche à quelque chose même si j'ai l'impression d'être un boulet.

J'en ai marre du regard de pitié de mes collègues.
Je voudrais avoir Gaylord avec nous. C'est dur de ne pas l'avoir avec nous.

Aujourd'hui, je vais voir un psy.
Je vais parler de ma folie.
Parce que je deviens folle.
Fred ne sait pas. Je veux y aller seule. Je dois réussir à sortir seule. Je ne l'ai plus fait depuis ce jour maudit où j'ai ouvert la porte sur ce fou.

Allez respire fort et vas y. J'ai l'impression de fuir, je ne veux pas me montrer. Je frôle les murs pour que personnes ne me remarque.
Et j'y arrive.

J'arrive dans le cabinet où on vient à ma rencontre.
Je me sens à l'aise avec elle. C'est déjà un bon point. Elle me pose des questions et elle m'écoute.
C'est une oreille neutre.
Elle ne donne aucune réponse à mes questions mais je me livre à elle.
Elle me guide vers les réponses que j'ai en moi mais que je ne voulais pas voir. Elle ne prend pas mon parti mais elle me fait comprendre que mon choix je l'ai fait parce que je n'en avais pas d'autre.
En 1h, j'ai l'impression d'avoir abattu un travail considérable.
Rien n'est résolu mais je fais un pas vers le futur en essayant d'accepter mon passé.

Je sors de là en soufflant en bon coup.
Je croise mon reflet dans une vitrine et je me fais peur. Je ne suis plus moi. Je suis sans mot pour me décrire.
Au hasard je rentre chez un coiffeur, je demande du changement.

Je rentre au studio où Fred m'attend. Il fait les 100 pas. Quand il me voit, il me serre dans ses bras.

_Fred : putain So tu était où ?
_Sonia : j'avais Rdv chez le psy.
_Fred : merde pourquoi tu n'as rien ? Je me suis inquiété ! Merde j'aurais pu y aller avec toi.
_Sonia : je dois réapprendre à vivre sans peur Fred et si je me cache toujours derrière toi je n'y arriverai pas. Excuse moi.
_Fred : et tu es allé chez le coiffeur ? Ca te va très bien !
_Sonia : oui je me suis faite peur en me voyant dans une vitrine ! Je peux postuler pour faire le zombie d'un film d'horreur avec mon allure.

Il rit doucement et se rapproche pour me prendre dans ses bras.

_Fred : on va voir Gaylord ?
Sonia : oui.

Nous voilà en route pour voir notre prince.
Je suis décidée à me battre pour mes hommes, Fred, Gaylord. Je les aime.

Nous rencontrons le pédiatre qui nous donne une bonne nouvelle.
Si tout continue ainsi Gaylord sortira dans 1 mois.
Il n'a plus de difficultés pour respirer et mange de mieux en mieux. Il prend du poids correctement.
Sa naissance prématurée ne devrait pas laisser de séquelle.

J'apprends aussi que j'ai eu la césarienne en urgence car il y avait un hématome sur le placenta du au coup que j'ai reçu. Ça aurait pu être bien pire. J'ai protégé mon fils du mieux que j'ai pu.
Je comprends que l'hématome aurait pu lui être fatal et à moi aussi.
Je commence à avoir de moins en moins de scrupule à avoir fait ce que j'ai fait.

Demain, je vais aller au commissariat pour voir où en est l'enquête. J'ai besoin de savoir ce que je risque.

Mais ce soir, je dîne en amoureux avec mon homme.
Il a la banane mon chéri car je mange. Pas énorme mais je mange sans cachet ma nourriture, ou trifouiller dans mon assiette et la jeter ensuite.

Je lui avoue que mes nuits sont remplis de cauchemars.
Que même en le sentant près de moi, j'ai peur et que je revis sans cesse ces jours maudits.
Il me propose de laisser une lumière allumée.
Quand on se couche, j'ai l'impression d'être une gamine qui a besoin d'une veilleuse.
Je me fais la promesse que c'est provisoire.
Fred se couche et je me blottis contre lui.
J'adore écouter son coeur et sentir sa respiration. C'est apaisant.

Je me lève en retard pour le travail. Il est 6h. Fred est là avec moi. Il rit de me voir affolée. Je me jette sur lui et le chatouille.
Le jeu aidant nous nous retrouvons.
Nous n'avions pas refait l'amour depuis le jour de mon enlèvement.
Je n'ai pas subi de violence sexuelle. Mais mon corps était tellement marqué que j'en avais honte et que je repoussais toute ses tentatives.
Mais j'ai de nouvelles résolutions. Reprendre ma vie en main.
Et aujourd'hui, je reprends ma vie de femme. Je pleure de bonheur de le sentir en moi. Il est tellement doux. Nous jouissons ensemble le sourire aux lèvres.
Je lui dis que je l'aime.

Nous allons travailler main dans la main. Je ne suis pas forte mais je me sens mieux.

Cindy et Rémi m'embrassent et me félicitent de ma coiffure. Je leur souris.
Cindy nous propose de manger chez eux demain soir. J'accepte sans demander l'avis de Fred.
Il me tape sur les fesses et me dit à toute à l'heure.
Je vais en pâtisserie et lui en boulangerie.

A la pause, Fred est porté disparu. Sabine m'informe qu'il est parti voir un fournisseur en urgence.