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N°42, BOULEVARD DE L'ETERNITE

SAMEDI 14 NOVEMBRE – 22H49

Une femme se levait doucement de son lit, repoussant le drap en coton. Elle replaça délicatement une de ses mèches argentées derrière son oreille et se dirigea vers sa jolie coiffeuse en chêne verni où sonnait son téléphone. Elle avait horreur qu'on la dérange ainsi mais son travail l'y obligeait parfois. Ses pieds blancs comme neige, firent craquer le plancher de sa chambre. Quand elle eut enfin attrapé son téléphone, elle décrocha en portant la machine à son oreille. Une voix grésilla :

- Sais-tu quelle âge à une personne née en février de l'année 2000 aujourd'hui ?

Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle demandait :

- Qui êtes-vous ? Elle jeta un regard à son écran. C'est toi... Ethan ?

- Répond à ma question Christine.

La chaise de la coiffeuse grinça lorsque Christine White la tira pour s'asseoir.

- Nous sommes en novembre 2016 donc environ... seize ans bientôt dix-sept, pourquoi ?

- Sais-tu qui est née le vingt février 2000 ?

Un long soupire résonna dans cette grande pièce.

- Bon qu'est-ce qui se passe, Ethan ? Tu as vu l'heure ?

- Il se passe que vous, toi et cet institut pourrie, avez enfermé un enfant dans une cage et que vous lui avez effacé sa mémoire pour pouvoir faire des expériences dessus, expliqua l'homme d'une voix étrangement calme.

- Tu as lu le dossier, affirma Christine en fermant les yeux.

- Oui.

Elle entendait bien le ton de reproche, même à travers le combiné. Elle attrapa un collier en nacres et le fit naviguer entre ses longs doigts.

- Alors tu dois savoir qu'elle a été retrouvée presque morte avec un cadavre, nous l'avons sauvé de la mort et de la prison.

- Vous n'en saviez rien, c'était surement de la légitime défense, annonça Ethan en essayant de contrôler sa colère. C'est peut-être lui, la silhouette qui la hante dans ses cauchemars. Et sauver quelqu'un ne signifie pas qu'on peut maintenant contrôler son existence.

Un long silence vint faire une pause dans leur discussion tardive.

- Je te faisais confiance.

- Ethan, écoute... C'est extrêmement difficile de trouver des candidats qui correspondent au profil. En fouillant par tout pendant plus de six moins, nous en avions trouvé que deux ! Mais l'une est tombée enceinte et l'autre est mort peu avant le lancement du projet. Je n'avais plus de temps pour en rechercher et décaler le projet nous aurais couté beaucoup trop cher. Et nous avions là, sous mon nez, une personne que tout le monde croyais morte et qui avait tous les critères ! Je sais, elle était mineur mais...

- Ce n'est pas une bonne raison, Christine.

Sa main se referma sur le collier de nacre et le serra pour essayer de rester calme et objective.

- Écoute-moi bien, Ethan. Les gens qui dirigent cette institue, on le pouvoir de te faire taire. J'ai le pouvoir de te faire taire ! cria Christine. Et même si tu arrivais à pouvoir avoir un procès, tu tomberas sur un juge qui aura investie dans le projet BOX et qui par conséquent, ne te laisseras pas gagner. De plus, nous avons de très, très bons avocats, Ethan, elle reprit son souffle. Et tu te retrouveras en prison ou en enfer, donc tu n'as aucun intérêt à dire ne serait-ce qu'un mot sur cette affaire et si tu impliques quelqu'un d'autre, tu le condamne. Tu me comprends, correctement Ethan ?

Le croissant de lune éclairait cette pièce à travers les fins rideaux crème. La chambre était principalement remplie d'un grand lit double surmonté d'un magnifique tableau représentant un océan lors d'une tempête, cela contrasté avec les couleurs douces de la pièce. Ensuite il y avait la vielle coiffeuse avec sa chaise et une méridienne en velours bleu qui s'accordait avec le tableau. Une voix remplie d'amertume brisa le silence qui venait de prendre possession de la chambre.

- Vous êtes tous pourrie jusqu'au fond de votre âme.

Et il raccrocha. Christine lâcha son collier et alla se recoucher plutôt sereine. Elle savait qu'Ethan était assez intelligent pour ne pas les dénoncer et qu'il avait compris que sa vie ne tenait qu'à son silence. Demain, elle demandera à ses supérieurs de le faire suivre pour qu'il ait peur et tout ira comme sur des roulettes. Elle se félicita de son efficacité et se rendormie avec un sourire sous son tableau d'océan déchainé.

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