Sulivan Gwed,
13h45.
- N'oublie pas Rowan, lui dis-je la main sur la sienne, tu es la meilleure, ne laisse personne te marcher sur les pieds.
Elle me sourit en venant m'embrasser. Je passe doucement ma main dans ses cheveux soignés au peigne fin.
- Je passe te prendre ce soir. Et maintenant file avant que je change d'avis.
Elle rit et vient déposer un baiser sur ma bouche avant de sortir de ma voiture et de me dire qu'elle m'aime.
- Je t'aime aussi, lui répondis-je.
Je démarre juste après l'avoir vu partir. Je sors de l'immense parking de La Défense. Rowan m'a dit de sortir un peu aujourd'hui, ça fait des semaines que je n'étais pas sorti de chez nous mis à part pour le déménagement.
Alors je décide de me garer sur les Champs-Elysée à quelques mètres de l'enseigne Louis Vuitton. Et bien sur ma voiture ne passe pas inaperçu. J'ai acheté récemment une Bentley Continental GT, entièrement noir, intérieur beige tout en cuir. Mon nouveau bébé.
J'enfile ma casquette, mes lunettes de soleil et rabat ma capuche sur ma tête avant de sortir de ma sublime voiture luxueuse.
Le monde extérieur ne m'a vraiment pas manqué. J'étais si bien avec Rowan. Nous étions allés un mois à Istanbul. La Turquie l'a toujours fasciné et il faut dire que c'est super beau, même si je comprends rien à la langue, j'ai de la chance d'avoir une petite-amie bilingue.
Je marche et passe devant l'enseigne Yves Saint Laurent cette fois-ci. Qu'est-ce que j'aime cette marque. J'allais y pénétrer quand au bout de la rue, une silhouette familière attira mon attention.
Une brune, aux yeux bleus étincelants, un sourire et un rire à en faire craquer plus d'un. Avec à ses côtés, une mini elle qui court autour d'elle.
Aubrey Cooper avec ma fille.
Merde. Je suis tout de suite pris de panique. Ma respiration se coupe instantanément. Mes poumons et mon cœur commencent à me faire un mal de chien. Mes membres tremblent et je suis comme cloué au sol. Je sers les poings pour m'empêcher de trembler mais c'est peine perdu.
Je fais demi-tour en courant comme un marathonien pour rejoindre ma voiture et ne plus y sortir. Je frappe le volant et éclate en sanglots. Pourquoi ça me fait aussi mal de la voir ? Je passe mes mains dans mes cheveux en les empoignants durement.
Ma fille, Angel, elle a tellement grandit. Elle marche et parle. Elle est si belle, elle portait une petite robe à fleurs avec une paire de sandales à paillettes.
Et elle, elle... Je souffle. Elle est encore plus belle et plus femme qu'avant. Elle était en train de rigoler avec notre enfant. Angel lui ressemble, mais elle a aussi beaucoup de mes traits.
Aubrey. Rien que son nom me donne des bouffées de chaleurs. Et pas dans le bon sens.
Je suis parti un an et demi dans un hôpital psychiatrique pour soigner mes coups de folies. Je suis plus censé faire de crise et voilà que je peine à respirer.
La revoir était sans doute la pire chose qui pouvait m'arriver. J'avais envie de rester pour Angel, j'aurai pu la regarder pendant des heures. Mais je devais fuir sa mère. Tous ces mauvais souvenirs ressassés dans ma tête. Je l'ai faite souffrir, parce que j'ai été con et malade. Et elle avait raison, j'ai été diagnostiqué maniaco-dépressif.
J'aurais tellement voulu voir grandir mon enfant. Mais je pouvais pas, je suis censé être mort. Je suis qu'un lâche, et un mauvais père. J'avais tout fait pour les oublier mais c'était tout bonnement impossible. J'ai une fille ! Un bébé ! Comment peut-on oublier son enfant hein ? Dites-moi !
