CHAPITRE 46

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Le jour du procès arrive enfin. Je ne pouvais pas espérer un jour aussi heureux et traumatisant à la fois, mais je devais le faire. Pour moi, pour me libérer des dix livres qui pèse sur mes épaules depuis trois mois maintenant. Je ne peux plus reculer, je suis devant le palais de justice. Je vais le revoir dans quelques instants. Je me demande vraiment à quoi il va ressembler, ça fait trois mois qu'il est en prison, il a sûrement changé de la tête au pied. Je dois arrêter de me faire des films, je ne suis pas là pour rêvasser à lui, je suis là pour le faire condamner pour toutes les vies qu'il a détruites. Je rentre dans le palais et je vais prendre place sur le banc du premier rang.

 Je suis assise sur le banc en bois froid. Il est là, même si je ne veux plus jamais le revoir, il est là. Il n'ose même pas me regarder. C'est normal après tout. Il est probablement l'être le plus répugnant sur qui j'ai posé les yeux dans toute ma vie. Il m'a détruit. Il a gâché ma vie. Je ne serai plus jamais la même. Il m'a volé une partie de mon âme. Comment réussir à faire confiance à quelqu'un après ce qu'il m'a fait, mais en même temps, il n'a fait aucune erreur. Il était parfait. Je ne crois pas qu'une personne pouvais aimer plus que je l'aimais. Il était mon coeur. Il m'a voilée les yeux dans son jeu sombre.

On m'appelle, je dois me lever, je dois marcher jusqu'à la barre, mais je ne suis pas capable. Mes membres refusent de bouger.

Il tourne sa tête vers moi et il me regarde avec un regard de serpent venimeux. Je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas vu avant. Le voir me fait mal, mais le faire taire à jamais devrait me satisfaire.

On m'appelle à nouveau. Je n'ai toujours pas réagis. Ma mère me serre un peu la main pour me faire réagir, mais rien à faire. Il le sait qu'il va gagner sur moi. Il le sait que je n'ai pas le courage d'aller parler. Surtout avec le nombre de caméras et de flashs qui sont devant mon visage. Je vais devenir aveugle s'ils n'enlèvent pas leurs appareils.

J'avale difficilement et je prends des grandes respirations. Je ne serai jamais capable d'avancer. Je n'aurai jamais la force. Il sait, pourquoi il doit tout savoir sur moi.

Je vais vomir, la juge m'appelle encore une fois. Je ne peux pas faire ça. Je me lève et je sors de la salle en courant. J'ai besoin d'air frais. Je sors du tribunal et je m'assois dans les escaliers. J'ai la vision complètement brouillé par mes larmes. Pourquoi il a fallu que je tombe aussi bas?

Une personne vient s'asseoir à côté de moi. C'est ma mère bien évidemment. Elle me prend dans ses bras et me fredonne une chanson de mon enfance. C'était la chanson qu'elle me fredonnait lorsque je faisais des cauchemars. Elle me disait que cette chanson allait me donner du courage et que je pourrais passer à travers toutes les peurs de ma vie. J'ai besoin de l'album en ce moment pour surmonter ma peur.

"Ça va aller ma belle. Tu vas réussir." Dit-elle en flattant mon dos.

"Je ne crois pas que je vais y arriver maman. J'ai tellement hônte."

"Penses aux nombres de filles que tu pourrais sauver s'il allait derrière les barreaux. Tu n'es pas la seule victime ma grande. Aide celles qui n'ont pas eu le même courage que toi."

"C'est tellement difficile maman. Je me fais regarder comme si j'étais un déchet et que tout ce que j'ai vécu était mérité."

"Lexie, personne ne pense ça. Aucune personne mérite un tel sort. Tu n'as pas envie de te venger un peu? Lui redonner la monnaie de sa pièce. Il t'a utilisée sans aucun remord. Ne le laisse pas filer." Dit-elle en embrassant mon crâne et en me serrant plus contre elle.

"Tu as raison maman, je ne peux pas le laisser s'en tirer avec une tape sur les doigts, il doit payer." J'essuie mes larmes et je prends des grandes respirations pour retrouver mon état d'esprit. Je vais réussir. Je vais protéger les filles qui ne peuvent pas se protéger.

Je me lève et je retourne dans la salle le dos bien droit, confiante. Je ne le regarderai pas. Je vais parler à la juge seulement. Elle me comprendra j'en suis certaine.

J'avance jusqu'à la barre des témoins. Une fois mes doigts enroulées autour de la barre en bois, la greffière me fait citer le serment obligatoire. Ma voix tremble un peu, mais je jure de dire toute la vérité et rien que la vérité.

Je n'ai toujours pas regarder ce serpent, ce votour, ce rat... je peux nommer encore pleins de qualificatifs pour décrire cette pourriture, mais je vais vous laissez le bonheur de la qualifier vous-même.

"Mademoiselle Dawson, pouvez-vous nous dire quelle était votre relation avec monsieur Travis?" Mon avocate venait de prendre la parole, c'était à mon tour de jouer.

"Dylan était mon pimp... et j'étais ça pute, son jouet, son gagne pain." 

"Que voulez-vous dire par là?" 

"Il m'a fait coucher avec des hommes pour de l'argent." Dis-je en regardant la juge directement dans les yeux pour éviter de verser une larme. Je sais que ça serait une victoire pour lui.

"Est-ce que vous pouvez nous donner une approxiamation du montant que vous lui avez rapporté?" 

"45 756$"

"Et vous avez reçu de l'argent de sa part?" Demande-t-elle en se promenant autour de moi.

"Non, il me disait que tout devait être conserver pour la dette." 

"Et comment vous pouvez être sûr que c'est le montant que vous lui avez rapporté?" 

"Parce que je me rappelle de chaque homme, de chaque musique sur laquelle j'ai dansé pour lui. Pour pouvoir le sauver, parce que je l'aimais et je ne voulais pas le perdre." Dis-je en baissant la tête.

"Votre vie maintenant depuis trois mois ressemble à quoi?"

"Quelle vie? Je reste enfermée chez moi en permanence, je n'ai pas voulu recommencer l'école, mes amies me regarde comme si j'étais une pute, on se moque de moi. Je n'ai plus de vie, je n'ai plus rien. Il m'a tout pris. Je ne suis rien, seulement une ancienne pute qui n'a plus confiance en elle et en son entourage parce que je ne sais pas quand tout ça pourrait recommencer." 

La juge envoie un regard sévère dans le direction de Dylan et j'entends les journalistes insultés Dylan. Je sens que les articles dans la presse demain vont être assez juteux. Je n'ai pas menti sur rien toutefois. Je ne suis plus capable de me regarder dans le miroir sans me dégoûter ou de dormir sans revivre des moments avec lui ou des moments dans une chambre d'hôtel. Je me sens toujours sale. La seule bonne chose de cette histoire est que maintenant j'ai une bonne relation avec ma famille. On n'a jamais été autant soudé que ça. Je me suis faite capturer dans un certain sens par cet homme que je croyais être l'homme de ma vie, mais j'ai appris que l'on devrait jamais se mettre dans une situation inconfortable pour la personne que l'on aime. 

Butterfly Où les histoires vivent. Découvrez maintenant