Butterfly

CHAPITRE 22

Je suis dans l'autobus dix-sept. Il est supposé me déposer devant le restaurant. Je suis contente de ne pas avoir à marcher trop longtemps, ces talons hauts sont en train de me détruire le bas de dos ainsi que mes pieds. Lorsque je rentre dans le restaurant je vois la magnifique Sarah assise à une table un verre de vin à la main en train de scruter son Instagram. Cette fille est une perfection, elle est tout au naturel. Je dois avouer que je suis un peu jalouse de sa beauté. Je fais un signe à l'hôtesse que mon amie est déjà à une table et je la rejoins en souriant.

"Salut Sarah, ça ne fait pas longtemps que tu attends j'espère ?" Dis-je en lui faisant la bise.

"Non ne t'en fais pas. Comment tu vas ? Dylan t'as laissé sortir ?"

"Ça va et toi ? Oh tu sais Dylan est le petit ami parfait. Il est très protecteur avec moi, mais il me fait confiance, je ne crois pas qu'il soit inquiet pour notre souper."

"Il est complètement fou pour toi. Il ne fait que parler de toi et de comment tu es si merveilleuse." Elle me sourit et elle commence à lire le menu.

"Tu me recommandes quel plat ? Je ne suis jamais venue dans ce restaurant."

"Hum, toutes les pâtes ici sont bonnes, mais le club sandwich est un incontournable."

"Très bien, je vais l'essayer. Tu prends quoi ?"

"La même chose que toi." Dit-elle en souriant.

Le souper c'est très bien passé. Elle est très gentille et elle est vraiment drôle. On a rit toute la soirée. Je croyais qu'on allait partir ensemble jusqu'à l'arrêt d'autobus, mais elle s'arrête devant un bar.

" Tu viens avec moi ?" Dit-elle à deux pas de la porte d'entrée.

"Je n'ai pas l'âge." Dis-je un peu malaisé.

"Jim va te laisser entrer ne t'en fais pas. Tu n'es jamais venue dans un bar de danseuses ?"

"Hum non, je ne sais pas trop. Je ne sais pas si Dylan voudrait que je sois là."

"Ne t'en fais pas. Il ne le sera jamais. Alors tu viens ? Je dois aller me préparer."

"Euh, d'accord... Oui je vais venir jeter un coup d'œil." Elle me fait un grand sourire et elle me tire par la main jusqu'à la salle. Elle me pointe une table à l'écart des autres et elle part se changer. Je ne suis pas très à l'aise je ne vous le cacherai pas. Les serveuses ont soient les seins à l'air ou un petit bout de tissu transparent qui cache leurs seins. Les hommes sifflent les filles et leur balance de l'argent. Je me demande vraiment comment une fille aussi douce et gentille que Sarah peut faire ce type de métier. Si on peut appeler ça un métier. La musique est bonne, c'est probablement le seul point que j'aime de cet endroit. Je regarde les alentours. Pourquoi j'ai accepté de venir ici déjà ? Je regarde un homme rentrer dans une petite cabine avec trois filles, mais qu'est-ce qu'il peut bien faire avec trois filles ? Une devrait être suffisant non ? Je secoue ma tête et je me retiens pour ne pas faire de face dégoûter. Je ne suis pas en très bonne position pour critiquer la place. Plan pour que je me fasse sortir d'ici en un claquement de doigt.

"Maintenant messieurs, soyez prêt à acclamer la magnifique, la sexy, l'aguichante Amélia! Don't be shy." Je regarde la fille rentrer sur scène. C'est Sarah, pourquoi elle n'a pas gardé son vrai nom ? C'est joli comme nom Sarah. Je lui poserai la question après.

Elle commence à danser contre des barres comme celles dans les classes de ballet. Les hommes la sifflent et lance des billets de vingt, cinquante, cent. Elle retire son haut de façon sensuelle. Je croyais être malaisé avant, maintenant... Je n'ai pas de mot pour décrire à quel point je suis malaisé et que je voudrais me cacher dix pieds sous terre. Une fois la chanson terminée, elle sort de scène en envoyant des clins d'œil aux hommes dans la salle. Dix minutes plus tard, elle est assise en face de moi les seins toujours dénudés. J'essaye de ne pas les regarder, mais ils sont directement devant moi.

"Alors, tu as trouvé ça comment ?" Dit-elle souriante.

"Hum, je dirais spéciale. Ce n'est pas quelque chose que l'on voit tous les jours disons-le."

"Oui, je suis d'accord, mais je ne fais que danser et je me fais... Voyons voir." Elle sort son argent et elle commence à le compter. Je n'ai jamais vu autant d'argent dans toute ma vie.

"Je me suis faite mille deux cents dollars ce soir. Je trouve que pour six minutes de travail c'est plutôt bien payé."

"Quoi ? C'est fou ! C'est toujours comme ça ?" Dis-je étonnée par le montant qu'elle a ramassée.

"Parfois plus, parfois moins. Je te dirais qu'en moyenne c'est mille dollars par soir. Tu comprends pourquoi j'adore ce travail ? Peu d'efforts et beaucoup d'argent !"

"Oui, je comprends ça."

"Bon, je vais me changer et je te reconduis jusqu'à chez Dylan j'imagine ? Tu lui as écrit pour lui dire que tu étais avec moi ?" Dit-elle en se faisant une queue de cheval. Mes yeux s'agrandissent et je prends mon cellulaire. Il m'a écrit plusieurs messages. Il est rendu deux heures du matin aussi. Je le comprends de paniquer un peu. Lorsque Sarah part je sors du bar et j'appelle Dylan. Il me répond en moins de trois sonneries.

"Babe ? Dis-moi que tu vas bien ? Tu es où ?" Je vois bien qu'il est paniqué, mais qu'il essaye de rester calme.

"Je vais bien, je suis avec Sarah. On est allé à son bar et je l'ai regardé travailler. Je t'en parlerai à la maison.

" Ne me fais plus une peur comme ça.

"Je suis en vie ne t'en fais pas. Je rentre dans dix minutes."

"Parfait, je t'attends."

Je raccroche et Sarah sort du bar habillée cette fois. Je dois avouer que je préfère la voir habillée que les seins à l'air. On marche jusqu'à sa voiture et elle continue de danser sur la musique de son bar. C'est tellement fort qu'on peut l'entendre dans le stationnement à l'arrière du bâtiment.

Je suis finalement rentrée au condo de Dylan. Dès que je rentre il me prend dans ses bras et il me serre fort. Il panique un peu pour rien, on est à Montréal, ce n'est pas comme si le taux de criminalité est bien élevé. Il me regarde et il m'embrasse avant de me resserrer dans ses bras. Il veux s'assurer que je suis là, dans ses bras et toujours en vie.