XI - Nuage noir

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— Notre bâtiment, nos règles ! s'époumona Hikari.

Thalia écarta le coussin qu'elle venait de recevoir dans la tête, frotta ses yeux encore ensommeillés et soupira :

— Je vais peut-être songer à déménager, tout compte fait...

Hikari leva les yeux au ciel et s'éloigna à la manière d'une Coldstream guard. Au vu du claquement sonore de ses pas, Thalia devina qu'elle avait mis ses inconditionnelles bottes couleur abysse et leurs épaisses semelles. En fait, c'était tout à fait dans son style.

La française se redressa dans son lit et aplatit ses cheveux sur sa tête. Elle eut juste le temps de voir Hikari sortir en claquant la porte. Elle put constater que sa colocataire avait sorti sa tenue inspiration Catwoman : ses hautes chaussettes débouchaient sur un short en vinyle et un haut à col montant du même acabit. Sa silhouette était parfaitement moulée, laissant entrevoir son corps élancé et finement ciselé. Elle avait confié à Thalia qu'elle passait la plupart de ses matinées sur le parcours d'entraînement, la laissant admirative.

Quelques longues minutes plus tard, elle avait suivi ses traces et rejoint le réfectoire. Elle y saisit un plateau et entama une agréable balade parmi les différentes fontaines métallique de la pièce dite du « choix » dont les rebords étaient couverts de bacs d'argent. En se penchant au dessus des mets qu'ils renfermaient, une douce odeur chaude et sucrée, salée ou encore chocolatée lui prenait le nez. On pouvait aisément se repérer à l'odorat dans cette partie de la salle.

Thalia se dirigea vers une fontaine de viennoiseries fruitées comme elle n'en avait jamais vu. Si l'on mettait de côté les chaussons aux pommes et les pains aux raisins, il n'y avait rien de typiquement français. Elle se montra aventureuse en choisissant des spécialités étrangères aux fruits rouges et à l'odeur particulièrement envoûtante. Les fontaines n'offrant en leur centre que de l'eau (et vu que faut être inhumain pour boire de l'eau dès le matin), elle se dirigea vers le mur qui les séparait de la cuisine et tourna le robinet qui était marqué d'un dessin d'abricot, parmi une multitude d'autres possibilités. Elle remplit son verre du liquide épais couleur bonheur et partit à la recherche de ses camarades de table.

Toujours dans leur coin côté Nord-Ouest, ils étaient tous là, même Cal. Le fils du feu était avachi sur sa chaise et son plateau était vide. Il regardait par la fenêtre, et ne bougea pas d'un millimètre lorsqu'elle s'installa à l'autre bout de la table. Antoon par contre la salua chaleureusement, les yeux rieurs comme toujours. Aart, juste à sa droite, déposa un nouveau baiser sur sa joue dès qu'elle se fut assise.

— Ton plateau est très harmonieux, ricana-t-il.

— J'ai choisi à l'odeur, avoua Thalia.

— Tu sais ce que c'est, ça ? rit-il en prenant une des deux petites boules de pâtes ensevelies sous un coulis de framboise qu'elle avait sélectionnées.

Devant sa mine perplexes, il enchaîna :

— Ce sont des poffertjes, et c'est un très bon choix. Ça vient de chez nous, expliqua-t-il en lui adressant un clin d'œil.

— On va bien s'entendre Thalia ! s'écria Antoon dont du coulis rouge débordait de la commissure des lèves.

Aart, d'un tension de la main, envoya un courant d'air frais à pleine puissance sur son jumeau qui ferma fort les yeux, les lèvres au vent. Le pauvre Antoon était tout défrisé et le coulis de framboise s'était étalé vers ses joues. Il rouvrit un œil noir, la bouche boudeuse.

Thalia qui jusque là était restée sans voix devant son tout premier aperçu de la maîtrise du vent, éclata de rire.

— C'est pas drôle, grommela le sujet du spectacle, même si on sentait son sourire poindre adorablement.

Céleste (en pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant