IX - La nuit au tourbillon

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La nuit était tombée. Aart et Thalia avaient patiemment attendu que leurs amis partent se coucher pour filer en douce au terrain d'entraînement. Le noir était complet ce soir là, et Thalia suivait étroitement son complice pour ne pas s'égarer. Il connaissait le parc comme sa poche, et la guida au point d'eau où elle avait fait ses premiers pas dans le domaine de la maîtrise élémentaire. À quelques dizaines de mettre de là, au centre du second cercle de pierre, un feu brûlait, comme au matin.

- Il est éternel, lui confia Aart en suivant son regard.

- Tu veux dire que lorsqu'il pleut...

- ...les goûtes se désintègrent à l'approche des flammes. Fantastique, non ?

- Carrément ! Si seulement je savais en faire un... soupira Thalia. On y voit vraiment pas grand-chose par ici.

- J'avais presque oublié ce détail, tu fais bien de me le rappeler. En fait, de mon côté, ce n'est pas un problème puisque je n'ai pas besoin d'y voir pour sentir le flux énergétique de l'eau. Comme c'est la nuit et que mes sens sont décuplés, je n'ai aucune difficulté à percevoir chacun de tes faits et gestes.

- Vaut mieux pas que je me loupe alors, ricana Thalia.

- Tu ne te louperas pas, lui promis Aart du tac-o-tac.

À la simple lueur de la lune, Thalia vit ses yeux briller d'un éclat transpirant l'assurance.

- Maintenant, pour que tu puisses me suivre, il va falloir que tu t'ouvres également à ces perceptions. Fermes les yeux et concentres-toi sur ce qui t'entoure, essayes de sentir l'eau.

Thalia sourit. Cet exercice, elle le maîtrisait à la perfection, et ce depuis l'enfance. Il allait cependant falloir qu'elle aiguise ses sens si elle voulait savoir avec précision ce que faisait Aart.

Ce qu'elle découvrit lorsque son esprit toucha l'eau était très différent de ce qu'elle avait imaginé. En comparaison, il fallait être fermé hermétiquement pour ne pas percevoir le feu, son arrogance et sa puissante et chaude aura, tandis ce que l'eau, de son côté, était bien plus discrète et modeste. Mais lorsqu'on la trouvait, on découvrait en elle le fourmillement de la vie et les forts courants énergétiques qu'elle dissimulait. L'eau, la véritable et fougueuse eau, était retenue sous sa propre surface, lisse et douce.

Au bord de celle-ci, elle détecta Aart, dont l'activité avait attiré son attention. Il venait de s'asseoir et elle sentait qu'il était attentif à l'exercice mental qu'elle opérait. Il était comme le feu, difficile à louper. Elle pu aisément deviner la position qu'il prit le soin d'adopter pour son confort et l'immense sourire qui ornait sa bouche. Elle ouvrit les yeux.

C'était comme si on avait superposé sa vision réelle et celle que lui offraient ses perceptions, puisqu'elle voyait désormais Aart comme en plein jour. Elle discernait clairement, au plein cœur de la nuit, sa peau lumineuse et pétillante. En plongeant au plus profond de son corps, elle sentait que ses organes respiraient la santé, se délectant de l'air nocturne. Les traits de son visage étaient dénués de toute tension, ne rendant son sourire que plus large. Il dégageait une assurance hors du commun et un charme envoûtant. Il rayonnait, à sa manière.

Là où Cal fascinait autant qu'il révulsait, là où il brûlait et électrisait dangereusement, Aart était bouffée d'air frais, éclat et attraction. Ces changements ne laissaient pas Thalia indifférente, elle se sentait happée par cette bousculade d'informations. Sa tête tournait dangereusement.

- Il est normal que tu sois plus sensible à l'énergie lunaire lorsqu'il fait nuit, la rassura Aart sans se départir de son sourire. Je vois que tu n'as d'ailleurs pas eu de difficulté à trouver l'eau. Tu as dû constater qu'elle était bien plus discrète que le reste des énergies. En fait, en plein jour, tu aurais eu beaucoup plus de mal à ressentir ses flux, et donc, à la maîtriser. Heureusement pour nous, la maîtrise de l'eau est très visuelle, puisque concrète, c'est ce qui nous permet de garder nos pouvoir de jour. Elle est facilement influençable, et très obéissante, surtout sous sa forme liquide.

Céleste (en pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant