XIII - Le festin

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Comme tous les étudiants sortaient toujours affamés et épuisés de leur intense après-midi d'Apprentissage, la coutume était de se rendre directement au réfectoire, où l'on pouvait raconter ses exploits à ses amis, entourés de mets plus qu'appétissants. Aart ne dérogea pas à la règle puisqu'il entraîna directement sa protégée dans les bas fonds de la vaste salle, certainement la plus aimée des Célestes.

— En plus, comme on est le jour de l'ouverture de l'Apprentissage et que nous nous trouvons maintenant au complet pour entamer l'année, ce soir c'est festin ! s'exclama Aart.

Thalia, qui se demandait comment on pouvait faire plus festin que le festin qu'on leur proposait quotidiennement, comprit en voyant chacune des tables rondes crouler sous le poids des desserts. La salle du choix, de son côté, débordait plus qu'à l'accoutumé de plats carrément empilés les uns sur les autres. Les étudiants avaient devant eux de véritables pièces montées d'où dégoulinaient les sauces, aux goûts aussi délicieux que douteux.

Toutes les chaises s'étaient volatilisées et la foule en famine se déplaçait entre les tables et les fontaines d'argent, piochant à droite, à gauche. Dès son entrée dans la large pièce, Thalia avait sentie la vague de chaleur entraînée par tous ces corps en mouvement (ne parlons pas des Solaires). Il y avait déjà une ambiance très conviviale entre les jeunes Célestes, qui bavardaient bruyamment. Au vu de quelque uns qui ne quittaient pas le robinet de vin, certains ne tarderaient pas à avoir le nez rouge.

Thalia se mêla facilement à cette Académie en fête et, lorsqu'elle eut réussi à choisir parmi les plats (ancestrale méthode « am, stram, gram », on ne t'oublie pas) fit même quelques rencontres. Elle avait aperçu Hikari du coin de l'œil, et carrément Ernesto, qui, pour une fois, ne jouait pas les troubles-fête. Elle se doutait bien que le groupe autour de lui n'était certainement pas constitué d'anges, mais, tant qu'il se mêlait à la fête sans remous, on ne pouvait pas se plaindre.

La française à la peau hâlée, rendue dorée par les lampions, était en grande discussion avec Morgan lorsqu'Aart vint lui tapoter l'épaule.

— Eh, tu aurais pas vu Cal, par hasard ? chuchota-t-il à son oreille.

— Alors là, pas... du tout. Toi ?

— Non, et je m'inquiète de le voir manquer le festin...

— C'est Cal, nan ? Il nous... hic ! honore de sa présence quand il veut, fit distraitement Thalia en agitant son poignet.

Aart jeta un œil suspicieux à la coupe de champagne qui oscillait dans les mains de Thalia. Elle, semblait s'intéressait à un lointain point au fond de la salle.

— Oui, mais il vient au moins à l'ouverture de l'Apprentissage, d'habitude !

— C'est pt'être parce que ce matin il s'est engueulé foooort avec Hikari.

— Ah bon ? s'inquiéta Aart en arrachant la coupe des mains de Thalia qui fronça les sourcils en tentant vaguement de la récupérer.

— Eh, rends-lui son verre ! intervint Morgan.

— Oui, rends-moi mon verre ! bouda Thalia.

Aart attrapa Morgan par les épaules et lui imposa un demi-tour auquel il ne se déroba pas. Bon débarras.

Cal, Thalia. Cal, la ramena Aart au sujet.

— Oui, bah j'en sais rien moi de comment il est. J'le connais po trop. C'est vrai que comme ça il est plutôt mignon... Mais... hic ! qu'est-ce qu'il est chiant ! expliqua-t-elle en illustrant son propos par de grands gestes.

Céleste (en pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant