Fais moi taire

Chapitre 0- Ne jamais trainer tard le soir

Cheveux au vent, chewing gum dans la bouche, écouteurs avec volume au maximum, sac à dos sur les deux épaules, Intissar trainait des pieds pour rentrer chez elle. Ses longs cheveux frisés noirs comme la nuit se secouaient au grès du vent. La jeune fille battit des cils rapidement, ses prunelles marrons claires fixaient intensément le groupe qui se trouvait devant elle. Elle afficha une moue boudeuse sur ses lèvres pulpeuses. S'arrêta de marcher pour réfléchir quelques minutes.

La question était : devait elle éviter les adolescents qui se tenaient à quelques mètres ou non.

Elle tapa du pied, nerveusement, sans même sans rendre compte, faisant résonner le bruit de ses doc Martens noires sur le goudron. Le son attira l'attention du groupe qui s'avança vers elle.

Un des jeunes, le genre dealer pas net sortit tout droit d'un film Hollywoodien, lui sourit tout en rajustant son bonnet :

"Yo sista, tu cherches quelqu'un ? Moi part exemple ?"

Intissar ne se donna même pas la peine de le regarder, elle marcha comme à son habitude :ixant un point à l'horizon, cherchant à éviter tout contact visuel avec le garçon. Elle garda une allure normale sans non plus ralentir.

"Eh je te parle"

Un autre jeune la rattrapa par le bras, la forçant à faire face au premier. La jeune fille grimaça de douleur mais se retint de crier.

"Tu as peur ?

-Non." le mot avait été prononcé de façon neutre, pour ne pas trahir l'état de crainte dans lequel était la pauvre fille.

"Alors vient avec nous, tu vas t'amuser !

-Je ne crois pas."

Le groupe ricana et se rapprocha d'elle, de façon menaçante; franchissant par la même occasion la limite de l'espace vitale d'Intissar. Cette dernière fronça les sourcils et recula, son cœur s'accéléra, elle avait peur mais il ne fallait pas le montrer.  Elle tira sur l'ourlet de son débardeur pour le baisser,rajusta sa veste en jean bien trop grande et elle prit de l'élan, se remémorant les conseils de son frère "vise les parties intimes"

La jeune fille décrocha un coup de pieds dans les bijoux de famille d'un des garçon, qui tomba au sol, gémissant de douleur. Malheureusement il en restait encore quatre.

Intissar se mordit la lèvre, et continua à reculer, la peur lui serrait la gorge, ses mains étaient moites.

Elle n'était pas du genre peureuse mais quand on a quatre garçons qui ont relativement l'air dangereux et qui veulent notre peau on a le droit d'être inquiète.

Le groupe continuait de s'avancer.

"Laissez moi. hurla l'adolescente.

-Haha t'es drôle !"

Les garçons ne la lâcherait pas. Lers yeux brillaient avidement.

Un vrombissement de moto se fit entendre puis le son d'un crissement de pneu. Un homme avec un casque descendit de l'engin. Il se rapprocha du groupe, évalua la situation en quelques instants puis balança son poing dans la figure de l'homme qui avait tirer Intissar. Le nouvel arrivant se jeta sur un autre, poussa un troisième et cogna le dernier.

Intissar bouillonnait intérieurement. Certes elle était en mauvaise posture mais l'arrivée du motard était trop cliché à son goût. Et puis dans son quartier, chacun se melait de ce qui le regardait. La règle d'or étant "je n'ai rien vu, rien entendu monsieur l'agent". Autrement il vous arrivait quelque bricole comme se retrouver balancer de sa propre fenêtre et finir mort sur le béton.

L'homme vêtu de cuir la prit par la main et la fit monter sur la moto. Intissar tenta de se débattre, et pensa même à crier, puis elle se souvint d'où elle vivait. 

Elle se résigna donc à rester sur cette foutue bécane.

La moto prit de la vitesse. Le vent soufflait dans les oreilles des passagers. 

"De rien jeune fille !

-J'aurais pu me débrouillée seule.

-Face à quatre homme faisant deux fois ta taille et quatre fois ton poids ?

-Oui.

-J'aurais aimer voir ça. "

"Abruti." pensa la passagère.

"Sale conne." pensa le conducteur.

"Bon monsieur le preu chevalier. Puis je rentrer chez moi ?

- Où habites tu ?

- Le plus loin possible de toi.

-Haha. C'est a dire ?

-Bronx. Vers la bibliothèque. "

La moto fit demi tour, les bâtiments en briques rouges défilaient à toute allure.

Le motard s'arrêta, enleva son casque, laissant apparaître une peau bronzée, des yeux vert marrons vifs, un sourire enjôleur et de beaux cheveux marrons coupés en dégradés.

Intissar le jaugea, ce devait être un fils à papa riche comme crésus. Pitoyable.

"Je m'appelle Tobias mais tu peux m'appeler As.

-Y aura pas besoin de t'appeler. "

Tobias partit dans un fou rire.

"Hahahah. T'es tellement cliché, une ado du Bronx rebelle. Waow.

-Hinhin c'est sur que c'est mieux le fils à papa avec une moto pour faire genre qu'il est libre"

Les mâchoires de Tobias se contractèrent sous l'effet de la colère. Il fusilla Intissar du regard et sans dire un mot, il repartit aussi vite qu'il était arrivé.

"Pitié ! Pas un bad boy que toute les filles qualifient de bipolaire et qui est un coureur de jupons." La jeune "rebelle" leva les bras vers le ciel de manière implorante et cria théâtralement :

"Mais pourquoi seigneur ! Pourquoi ???"

Intissar se ressaisit et maugréa :

"Mais qu'est ce que je fous ? Je suis même pas croyante"

Elle rentra chez elle, ouvrit la porte du perron, grimpa les marches, introduit la clé dans la serrure de son appartement et verrouilla la porte derrière elle.