Chapitre 20-Ne jamais reconcer

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Hugo était toujours devant sa moto, sur le pont

"Notre pont" pensa Intissar.

Il la fixait de ses yeux vert-marrons avec intensité. Elle s'avança , toute raide puis se planta devant lui sans rien dire. Elle soutenait son regard. Mais aucune parole ne pouvait franchir ses lèvres. Hugo se décida enfin à prendre la parole :

"Tu comptes parler ?"

Intissar secoua la tête négativement, elle était usée cette relation, une relation basée sur le plaisir charnel. Elle avait changer, mûrie, revu ses objectifs. Elle voulait faire des études, avoir un emploi stable, elle voulait oublier le passé.

Elle voulait se débarrasser des fantômes qui la hantait, Jawed, Mara et India.

Elle voulait oublier les coups de feu le soir, les trafics en bas de chez elle, le danger. Les regards lubriques des jeunes dans la rue. Elle voulait oublier sa folie, son amour du danger. Elle voulait changer. Elle voulait partir. Elle voulait oublier sa mère, sa vie d'avant. Elle était usée à bientôt 20ans. Elle regarda Hugo avec gravité et une larme coula.

"Écoutes Intissar. Je suis désolé de la mort de ton frère, de Mara et de ton amie mais je ne suis pas fautif. Je veux juste savoir si tu as encore une place dans ma vie ou si tu préfères partir." En un seul regard il avait comprit la suite des événements. Il avait comprit ce qui chambouler la jeune femme.

Intissar ne répondit toujours pas. Elle continuait son combat intérieur.

Elle le voulait et ne le voulait plus.

Son cœur la faisait souffrir.

La nuit était tombée depuis longtemps, et c'est dans cette sombre nuit qu'elle se décida.

"Je suis désolée mais... Toi et moi... C'est synonyme de souffrance parce qu'un jour un de nous deux va trop s'attacher et l'autre lui brisera le cœur.

Je ne suis pas une amoureuse de l'amour. J'en ai bien trop peur. Toi et moi on n'est pas fait pour être ensemble. On est maudits.

J'ai vécu de merveilleux moments avec toi, nos ébats, nos rires, lorsqu'on écoutait de la musique toute la nuit, nos cris sur ce pont, nos virées sur ta moto, nos bagarres, nos confidences, nos baiser, nos visites dans la ville. Mais comme je te l'ai dit. Un jour un de nous deux en voudra plus, et l'autre ne pourra pas lui donner ce plus. Et les jours passent et je m'attache à toi, mais tu ne dois pas devenir vital pour moi.

Je ne veux pas que tu répondes à tout ça. Je ne veux rien. Plus rien. Pas de promesses que tu ne tiendrais pas, pas de paroles en l'air. On se recroisera un jour, c'est obligé. "

Elle effleura les lèvres d'Hugo avec les siennes puis lui tourna le dos.

"Aucun sentiments" se répétait elle.

Elle remit son masque invisible : faisant disparaitre toute expression de son visage. Et elle marcha. Laissant Hugo loin derrière elle.

Elle avait vécu une relation tumultueuse, violente, dangereuse charnelle.

Elle avait trouver du bonheur sur une moto, sur un pont, dans l'herbe, sur un toit. Du bonheur dans une cigarette partagée, dans des longues conversations, dans des chamailleries d'enfants. Dans des longues nuits d'amour sauvage. Elle avait trouver du bonheur dans des caresses, des hurlements, des menaces, des ballades nocturnes, dans des souffles enmelés, dans des fêtes le soir. Du bonheur dans des disputes, des bagarres, des coups, des baisers,du sarcasmes. Du bonheur dans cette douce folie que lui procurait Hugo.

Mais c'était fini. Plus rien ne briserait sa carapace.

C'est donc dans cette nuit d'hiver qu'Intissar quitta Hugo pour aller à la rencontre une vie qui lui ouvrait grand les bras.

Fais moi taireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant