il bastardo & the soft girl
ou l'association clichée qu'on a déjà vue 20000 fois, mais après tout, qu'est-ce qu'on aime le bad boy et la good girl, même une fois de plus
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Les jambes croisées sur mon lit, j'observe Jackie faire les cents pas dans ma chambre. En réalité, ce qu'elle m'a révélé m'a à peine surprise. Mais elle semble tellement bouleversée que je n'ose lui faire part de la façon dont je prends les choses. Les mots « irresponsables », « tarée », « trop dans la lune », « trop dans le fantasme », résonneraient trop fort dans l'appartement endormi.
« Tu ne vas plus le revoir, n'est-ce pas ? »
Elle s'est arrêtée, prenant la chaise qui trône devant mon bureau et s'asseyant dessus, les jambes autour du dossier, les bras croisés sur celui-ci.
Je fronce les sourcils. Je l'ai laissée débiter ses insultes à l'égard du garçon qui me plaît, je l'ai laissé m'expliquer à quel point cette situation ressemblait beaucoup trop aux fictions, aux films d'amour pourris, bien que dans notre vie, dans notre réalité, la fille meurt à la fin ou se fait battre par le taré qu'elle a décidé de fréquenter. Je l'ai laissée dire tout ça sans un mot. Mais maintenant qu'elle énonce la possibilité de ne jamais le revoir, même l'obligation, au ton qu'elle prend, je ne peux plus me taire. C'est mon choix.
« Tu as juste vaguement entendu une conversation...
- « Vaguement » ? La barman a clairement dit : « quand il ne sort pas pour son fric sale, il sort pour les filles, je vais finir par le payer à ne pas travailler... ». Tu comprends le terme « fric sale » ? Et elle a parlé des filles au pluriel, clairement le type est un queutard, je te l'avais dit ! »
Baissant les yeux, je serre mes mains autour de ma tasse de chocolat chaud : j'ai l'impression d'être glacée. Malgré tout ce qu'elle me dit, je n'arrive pas à me résigner à abandonner l'idée de le revoir. Quelque chose chez lui a résonné en moi, et l'écho qui en a résulté continue à me vriller le cœur.
J'entends Jackie soupirer, et lui jette un regard pour la voir lever les yeux au ciel, visiblement exaspérée. Elle me connaît, elle sait bien que, quoiqu'elle puisse me dire, le résultat sera le même.
Parce que malgré la dégaine, malgré le langage, malgré l'attitude, je ne crains rien de ce garçon. Ce ne sont pas les éléments qu'elle m'apporte qui vont soudain m'effrayer.
« Ok, je vois... Quand t'as une idée derrière la tête, t'en démords pas, pas vrai ? »
Je hoche doucement la tête, prenant une gorgé de mon chocolat ; brûlante.
« Alors promets-moi que tu seras prudente. Je me doute que tu vas vouloir le voir, mais ne t'embarques pas dans quelque chose de dangereux, tâte le terrain avant, et si tu ne le sens pas, ne fais pas un pas de plus dans sa direction. »
Encore une fois, j'acquiesce. Sur ces mots, elle vient s'asseoir à mes côtés sur le lit et m'entoure de ses bras, avec un sourire, qui me gagne également.
« Je détesterais que tu te retrouves dans une position difficile parce que je t'ai poussée à aller vers un mauvais garçon. Je m'en voudrais trop. Alors fais attention, d'accord ?
- C'est promis.
- Parfait ! Vue l'heure, autant faire une nuit blanche ! On regarde Grease ou Diamant sur Canapé ? »
Je ris un peu. Elle sait très bien ce que je vais choisir, et un simple regard dans sa direction lui fait comprendre que je n'ai pas l'intention d'être originale cette nuit.
