SEVENTH DEGREE

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 Mon incisive vient déposer un légère marque dans le bois tendre du crayon à papier dont le bout repose entre mes lèvres

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Mon incisive vient déposer un légère marque dans le bois tendre du crayon à papier dont le bout repose entre mes lèvres. Le regard perdu dans les nuages, ignorant la luminosité presque aveuglante du ciel, j'entends vaguement le cours de sciences qui se déroule en ce moment-même. Jackie n'est pas avec moi, faisant partie du deuxième groupe de la classe, et je suis donc livrée à moi-même, sans rien pour m'encrer dans la réalité scolaire. Alors je pense à lui.

Le nuage à ma droite ressemble un peu à une moto. Il a une tête a en faire, je suis certaine qu'il en a une. Et j'essaie de me souvenir des tatouages qui recouvrent ses doigts. En a-t-il d'autres ?

Je ne l'ai pas appelé, hier soir. Pas de message non plus. Et je n'ai rien reçu.

J'ai peur de ne jamais le revoir, j'ai peur qu'il s'en fiche. J'ai peur que cette rencontre n'aie pas eu la même signification pour lui que pour moi... Peut-être que des filles comme moi, il en croque au petit-déjeuner, qu'elles sont interchangeables, pour lui.

Ces idées me vrillent la tête, et ma capacité de concentration, déjà relativement peu efficace au quotidien, est tout simplement inexistante aujourd'hui.

Croisant mes bras sur le bureau, j'y dépose ma tête, rêveuse, laissant ma peau reposer contre la maille douce de mon pull. Ce contact n'a rien à voir avec celui des doigts calleux du garçon de la bibliothèque. Pourtant, le réconfort qu'il m'apporte me fait un peu penser à ce que j'ai senti quand le brun m'a touchée.

★ ★ ★ ★

Ma tasse de thé à côté de moi, j'observe mon cours de littérature. Baudelaire ; Le Chat. « Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.

Je ne peux retenir un sourire. Comme la femme, les femmes, qui ont du allumer ces ardeurs dans le cœur de ce poète devaient être belles. A le lire, elles paraissent autant d'ensorcelantes créatures, de sensualité et de courbes douces.

Mais un bruit m'arrache à ma contemplation des lettres alignées sur ma feuille. Je lève le nez de mon bureau pour regarder autour de moi. Ma chambre est baignée dans une douce lumière orangée, due aux guirlandes que ma mère y a installées à l'arrivée de l'automne. Mais rien n'a bougé : le bruit venait de dehors.

Il retentit à nouveau, et je comprends cette fois qu'on vient d'envoyer quelque chose contre ma fenêtre. Ne me dîtes pas que...

Me levant, je me précipite à la vitre et ouvre précipitamment celle-ci. Un large sourire se peint malgré moi sur mes lèvres : il est là.

TOUCH ME - tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant