06 - A Little Waltz

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CHARLIE

Lyse, la dame de chambre qu'on lui avait affectée tentait désespérément de faire tenir ses cheveux et une construction artistique digne de ce nom. En peignoir devant son miroir, Charlie avait une sensation familière mais si éloignée que cela la mettait mal à l'aise. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas assisté à un bal de la Cour de Ravenwell. Elle se demandait qui y serait et comment tout ce beau monde la trouverait.

Finalement, Lyse laissa tomber ses grandes aiguilles à chignon sur la coiffeuse et s'arma de la brosse à cheveux en véritable poils de sanglier sauvage.

"Oh, mademoiselle, le Ciel m'eut fait plaisir si vos cheveux eurent été plus longs et dociles !"

Charlie lui accorda son regard le plus repentant. Ses cheveux bouclés n'étaient pas facilement domptés et elle n'en prenait pas franchement soin. Elle les laissait le plus souvent libres et elle n'avait aucune raison de les coiffer si ce n'était pour retirer des épis de blés ou du sable de leur masse grise. En réalité, elle regrettait un peu de les avoir coupé, après le procès du Conseil mais c'était bien plus pratique pour nager ou courir sans être embêtée.

"Apaisez vos soupirs, Lyse. Brossés, mes cheveux seront très bien lâchés et ornés d'un peigne classique."

La camériste leva les yeux au ciel et s'appliqua à brosser ses cheveux avec des mouvements amples et rapides. Elle ouvrit un tiroir de la coiffeuse et positionna joliment le peigne pointu dans les cheveux, si épais et nombreux, qu'ils le retinrent sans mal. L'effet était plutôt joli et de toute façon, Charlie se préférait comme cela. Plus naturelle, moins rompue aux convenances de la société qui la forçait à porter des corsets.

"Hélas, je cède à Mademoiselle. On ne dira pas que je n'ai pas essayé."

Lyse se tourna ensuite vers la boîte posée sur le lit et l'ouvrit. Charlie ne voyait pas ce qu'elle contenait mais n'osa pas bouger, par crainte d'énerver encore la pauvre suivante. Elle n'y pouvait rien si elle détestait tous ces trucs de fille !

"Le prince a fait commander une belle robe pour vous. Cela a fait jaser, j'espère que la rumeur retombera vite. Sa Majesté n'est pas homme à courtiser deux femmes à la fois."

Charlie rit, franchement. Elle savait qu'elle aurait dû se cacher de sa main ou rire moins fort mais rien n'y faisait, elle n'avait pas envie.

"Lucius et moi ? Oh j'y ai rêvé, quelques temps. Mais je ne pourrais pas le considérer autrement que comme un frère, désormais."

Le prince héritier était un jeune homme excentrique et elle l'aimait désespérément mais ils feraient un couple bien inégal. Elle n'était pas intéressée par l'amour - cette chose embarrassante et bien ennuyante - et il ne l'était pas plus. Au moins, Alianora faisait bonne figure pour son couple, si on pouvait parler de couple dans ce cas là. Elle rendrait honneur à ce mariage s'il se produisait mais elle rêvait secrètement à une annulation.

Elle se leva, à la demande de Lyse, et sourit en voyant la robe. D'un blanc immaculée, elle était brodée ci et là d'or rutilant, mais, plus important, elle lui laissait les épaules et les bras libres et nus. Une paire de gants longs en dentelle étaient restés dans la boîte, accompagnés d'une pochette dorée du plus bel effet. Lyse ne fit aucune remarque sur l'inconvenance de sa tenue l'aida à l'enfiler. Charlie sourit doucement et remarquant combien elle aimait porter cette robe.

Lady von Dast [Ruthless Ravenwell - 2] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant