Lady von Dast [Ruthless Ravenwell - 2]

25 - Special Intermission #4

Hello ! C'est la rentrée pour moi - mes vacances sont finies - et pour Lady von Dast ! On reprend doucement avec un petit chapitre ~ Bonne lecture ! 

TAESCH 

Taesch regardait la fenêtre avec un certain désappointement. En tendant l'oreille, il aurait pu entendre Huit gratter le sol de la corbeille de linge de lit dans laquelle il se cachait mais il était trop concentré à regarder ses espions quitter le parvis du château, discrètement.

Quand ils eurent rejoint les ombres du Temple, en ce début de nuitée très prononcées, ils disparurent et il ne put que contempler les ombres mouvantes, éclairées par le crépuscule de la fin de l'été. Pourquoi n'avait-il pas envoyé quelqu'un auparavant ? Il avait confiance en sa fille et en Lucius ... Il n'aurait peut-être pas dû.

Les ombres papillonnantes des hautes tours du Temple semblaient le noyer dans leur obscurité. Il les observa un instant avant de s'en détourner. Il commençait à pleuvoir dehors et il ferait bien d'aller promener Huit avant que le déluge ne leur tombe dessus ...

Il cherchait la laisse de son chien dans le fatras sur son bureau - il avait tant de dossiers en souffrance qu'il n'avait pas dormi de la journée - mais les deux battants de sa porte ouverts à la volée détournèrent son attention. Yvan avait poussé les portes de son bureau si fort qu'elles étaient désormais fichées dans le mur, de chaque côté.

Il portait son uniforme d'un noir immaculé et un col de fourrure marron qui n'appartenait certainement pas à cette saison. Visiblement, il avait enfilé ce qui lui était tombé sous la main. Ses cheveux noirs étaient tressés sur le côté en ce qui aurait pu ressembler à une coiffure travaillée sans tous ces cheveux solitaires.

Yvan fondit sur lui et, en quelques secondes, le Conseiller fut lui aussi enfoncé dans le mur. C'était douloureux mais il ne cilla pas. Il décida de ne pas feindre l'innocence.

"J'ai fait ce qui était nécessaire."

Contrairement aux prévisions de Taesch, Elijah fut le premier à exploser de colère.

"Comment as-tu osé exiler Ulrick sans même m'en parler ?

- Techniquement, il s'est exilé de sa propre initiative, je lui ai juste demandé de faire croire qu'il était Infecté pour sauver les fesses de Luscka. Et puis le Sache-Canne est une très belle région à cette époque de l'année.

- C'est un désert de végétation !"

Taesch ferma les yeux. Il faillit glousser. Ses nerfs étaient en train de lâcher. Au lieu de cela, il repoussa Yvan. Le généralissime était fumant de colère. C'était tout aussi bien ... il se rendrait peut-être compte que ce n'était pas LUI le fautif. Si le toyboy d'Elijah s'était bien protégé ... Elijah s'effondra dans un fauteuil et sourit avec un tel désespoir que Taesch sentit son cœur se briser.

"Le monde s'écroule autour de moi et je n'ai même plus Ulrick ...

- Oh ! Elijah, ne sois pas si dramatique ! Je ne pense pas qu'un seul courtisan se souvienne de tout cela d'ici à vingt-cinq ans, il reviendra vite."

Yvan lui jeta un regard accusateur. Quand il parla, sa voix avait un terrible écho de dégoût.

"Ulrick est un abruti notoire mais c'est notre frère. Je n'arrive pas à croire que tu t'en sois prit à notre famille ..."

Taesch sentit la culpabilité lui tordre les intestins. Il n'avait jamais eu autant de mal à faire son travail. C'était peut-être une mauvaise idée de se rapprocher autant de la famille impériale.

"J'ai fait ce qui était nécessaire. Luscka est le point de trouver un remède, non ? Tout va rentrer dans l'ordre."

Yvan lui jeta un regard noir avant de sortir du bureau. Taesch l'aurait bien attrapé mais Elijah semblait dans un état bien pire encore. Il s'agenouilla face à lui et lui prit les mains.

* * *

Une heure plus tard, Taesch descendit aux écuries. Yvan était en train de sceller Tempête. La jument était revenue seule deux jours plus tôt, comme prévu. Il ne savait pas ... Yvan n'était pas censé partir. Face d'Égout, le palefrenier était en train de changer ses fers rapidement et Yvan la chargeait déjà.

"Par Acunha, qu'est-ce que tu fais Yvan ?"

Yvan était encore en colère. Il remplit rageusement le fourreau fixé à la droite de Tempête avec son épée, tout juste polie.

"Je vais chercher mes filles et mon neveu."

Taesch frémit doucement. Il voulut s'avancer pour prendre la main d'Yvan mais celui-ci lui passa devant pour attacher l'autre côté de la jument. A l'époque où Yvan avait eu sa première jument, l'ancêtre de Tempête, Taesch l'avait encouragé à prendre un Glass noir, une très bonne race très solide. Il avait visiblement eut raison.

"Tes filles ?"

Plus loin, dans la basse-cour, des volailles s'ébattaient tranquillement. Il fixa son regard sur elles pour ne pas regarder Yvan. Il n'avait aucune prédisposition à s'excuser et lorsqu'il était facile de faire amende honorable pour d'autres, Taesch ne lâchait pas le morceau quand il avait raison. Et cette fois, il était sûr d'avoir raison.

"Charlie et Isobel. J'y vais et je les ramène à la maison. Je n'aurais jamais dû les autoriser à partir, je n'aurais jamais dû d'écouter."

Taesch avait la gorge serrée. Il n'était pas facile pour lui de s'excuser ... Mais il aurait fait n'importe quoi pour Yvan.

"Je suis dés-

- C'était une erreur."

Le conseiller impérial releva les yeux vers Yvan et haussa un sourcil, l'enjoignant silencieusement à continuer.

"Toi et moi, Taesch. C'était une erreur. Je n'aurais jamais dû ... Je me suis fourvoyé. Mais ça ne change rien, Charlie reste ma fille. Et je la ramènerai par la peau des fesses s'il le faut."

Yvan enfourcha Tempête, qui geignit sous le poids soudain d'un homme de presque deux mètres mais se redressa bientôt. Taesch redressa la tête, dignement. Il était singulièrement perturbé mais il tenta de ne pas le montrer, malgré les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

"Est-ce que tu veux dire que ... nous deux ... c'est fini ?"

Yvan inclina la tête vers lui. La lune qui se levait derrière lui était si lumineuse que Taesch ne voyait pas bien son visage.

"Non, Taesch. Je veux dire que ça n'a jamais existé."

Et puis, Yvan s'élança dans un nuage de poussière humide. Il fut loin avant que Taesch ne puisse même s'en rendre compte. Le conseiller avala difficilement, remonta les escaliers jusque dans ses appartements et ferma la porte à clef. Visiblement, il avait donné raison aux racontars. Il avait fini par faire le mauvais pas de trop. Et désormais il était seul.