Lady von Dast [Ruthless Ravenwell - 2]

16 - Heathens

ALIANORA

Une nouvelle ville, une nouvelle ambiance mais surtout, une nouvelle mission. Elle ne se remettait toujours pas de cet enlèvement. Elle ne se sentait pas de rire ou de profiter de toutes ces nouvelles choses si fabuleuses qu'elle expérimentait depuis qu'ils étaient arrivés ici. Ni l'eau courante, ni toutes les inventions de leur hôte n'avait réussi à l'émouvoir. Pas même les nouvelles tenues, arrivées par dizaine dans sa chambre au petit matin, toutes plus somptueuses les unes que les autres. Le descendant des anciens rois lui avait fait porter tout cela, probablement pour qu'elle puisse choisir mais pas une seule robe ne descendait au dessous des genoux. Toute cette ville était parfaitement indécente, sa mère lui avait dit de nombreuses fois, mais elle était ébahie par ce qu'elle voyait dans sa garde robe.

A contrecœur, elle choisit une jolie robe dorée qui lui arrivait à mi-cuisse et s'assura de porter des collants en dentelle si épaisse qu'on ne voyait ni sa peau ni le métal de sa jambe mécanique.

 Une paire d'escarpins classiques et une capeline grise accompagnaient avec ravissement sa tenue. Puisque aucune paire de gants n'était fournie, elle s'estima heureuse d'avoir emporté quelques affaires avec elle depuis Nox. Une fois ses bras couverts de soie blanche, elle se regarda dans le miroir. Ses cheveux étaient ramenés en arrière et laissés libre dans son dos. Mais comme aurait dit Lucius, autre ville, autres coutumes. Oh, comme ses jupons lui manquaient.

Lorsqu'elle arriva dans le salon, Charlie était vêtue comme un garçon. Cela n'aurait pas dû l'étonner, elle n'avait jamais mis sa féminité en avant quand elle pouvait se promener avec une paire de pantalons autour des jambes mais elle fut tout de même frappée par la surprise. Ces vêtements étaient apparemment ajustés pour le corps d'une femme, comme s'ils avaient été fabriqués pour être portés par la gente féminine. Est-ce que les femmes d'ici avaient le droit de porter de telles horreurs en public ? Outrageant.

"Pourquoi criez-vous ?"

Charlie et monsieur Lockrain se disputaient en effet assez bruyamment depuis une bonne demi-heure. Elle devait probablement rester campée sur ses positions et lui ... elle ne le connaissait pas assez pour évaluer son comportement mais il semblait aussi têtu qu'elle. Ils ne sortiraient probablement pas de ce problème en les laissant s'écharper comme deux chats avides de territoire. Et puis, elle était la voix de la raison dans ce groupe, aussi incroyable que cela puisse paraître.

"Il insiste pour nous accompagner. Nous n'avons pas besoin d'une personne supplémentaire qui va nous encombrer et nous retarder."

Aujourd'hui, ils avaient prévu de se rendre à l'adresse où avait été 'livrée' leur amie. Isobel n'était rien de plus qu'un colis pour ceux qui l'avaient emmenée au loin et cela révoltait Alianora mais ils devaient retrouver le véritable instigateur de ce crime, pour couper le mal à la racine et l'empêcher de sévir encore. D'après le plan original, ce n'était qu'une mission de reconnaissance mais tout le monde savait qu'ils allaient poursuivre l'affaire jusqu'à récupérer Isobel et anéantir la menace.

"Je ne vais pas laisser deux jeunes femmes se rendre dans les bas quartiers seules avec pour seule protection un mage moyennement en forme et un enfant !

- Nous n'avons pas besoin d'un chevalier servant, monsieur Lockrain ! Nous nous passerons fort bien de vos muscles.