14 - The Rose

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CHARLIE 


Une fois le portail passé, elle se retrouva dans une allée étrange. Une ruelle, pour être plus exacte. Le mur du fond sembla rester mou quelques secondes avant de se solidifier comme une meringue après être sortie du four. Une fois la stupeur passée, l'envie de fuir loin d'ici avec la première diligence qu'elle pourrait trouver et de retourner chez elle, elle respira un bon coup et tenta de faire cesser les tremblements de ses mains. Elle ne voyait aucun de ses amis autour d'elle.


Elle entendait du bruit tout autour d'elle, des bruits de pas, de grands 'bang' métalliques. L'endroit avait une odeur de poudre et de chaud. Elle devait se rendre à l'évidence : elle avait passé le portail pour se retrouver dans une caserne militaire mais, si celle-ci ressemblait de très loin à Makaroff, elle était persuadée qu'elle se trouvait bel et bien chez l'ennemi. Ses soupçons se confirmèrent quand, en fouillant dans une des caisses en bois solide qui se trouvaient avec elle dans la ruelle, elle trouva un uniforme gris foncé brodé des armoiries de Percellian. Le portail l'avait donc bien envoyé à Lumen.


Lorsque deux hommes entrèrent dans la ruelle, elle chercha à se faire le plus petite possible. Par magie, elle trouva une échelle rétractée qui montait jusqu'en haut du mur. Un saut pareil, pour une vampire, c'était du gâteau. Aussi, avant qu'ils ne puissent arriver à sa hauteur, elle était camouflée en haut de l'échelle. Son cœur battait comme un fou dans sa poitrine lorsque les deux soldats vinrent se poster juste en dessous d'elle. L'échelle avait intérêt à tenir bon.


"Viens ça, soldat."


Elle ne voyait pas grand chose du soldat en question - juste une chevelure de feu - mais celui qui avait parlé portait sur son torse une sorte de plaque décorée de diverses étoiles et de plusieurs flammes. Il devait être gradé. C'était plus simple, chez elle. Ceux qui avaient de l'importance ne portaient d'uniforme militaire que lors des grandes parades. Les autres, quelque soient leurs grades, portaient le même uniforme noir aux rebords argentés, parfois décorés du blason de leur famille, quand il y avait lieu d'en être fier.


"Ne crois pas que tu peux faire le malin parce que tu viens d'une famille fortunée. Tu n'es qu'un peigne cul comme les autres, même si la bibliothèque porte le nom de ton tuteur."


Le soldat eut un petit rire méprisant et elle tenta de se pencher pour voir son visage. L'échelle grinça sous son poids et elle jura silencieusement. Après cela, elle ne tenta plus de bouger.


"Cet endroit ne tiendrait pas debout si mon tuteur, justement, ne gaspillait pas son argent dans la rénovation de vos bâtiments vieux comme Honorus. Priez que sa foi se place encore en vos talents cette année sinon vous pourriez bien vous retrouver écrasé par le toit de votre chambre, commandant Mallory."


Le commandant fronça ses lourds sourcils largement trop fournis et s'approcha du soldat au rire méprisant. Elle put apercevoir l'incarnation de la colère sur son visage. Il pointa un doigt sur la poitrine du soldat, qui ne recula pas. A la place, il attrapa son bras et lui tordit comme s'il ne s'agissait que d'un fétu de paille. Charlie retint sa respiration quand elle entendit un os craquer bruyamment. Par le Feu, cet homme avait de sérieux problèmes d'autorité.


"Et n'oubliez jamais que les Chasseurs ne se plient à l'autorité de personne. Surtout pas celle des pisse-froid comme vous !"

Lady von Dast [Ruthless Ravenwell - 2] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant