Sans pitié

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Après quelques minutes à arpenter les couloirs de ce laboratoire souterrain, je désespère de trouver Juuzou, je commence à m'inquiéter, dans ma tête défile les pires scénarios possibles j'ai tellement peur de le retrouver blessé ou même pire. À chaque tournant j'angoisse de le trouver allongé inerte, je ne me sens pas capable de voir un lendemain sans lui.

Je fini par entendre des bruits de lutte non loin de là, je reprends alors espoir, c'est lui j'en suis certaine, ce rire, cette façon de parler, il n'y a que Juuzou pour prendre autant de plaisir dans un combat. Lorsqu'il s'agit de combattre des Ghouls il est sans pitié, il ne fait aucune distinction entre elles. Hommes, femmes, enfants, il n'hésite pas une seconde et combat avec une grande détermination. Lors de chaque affrontement il est comme possédé, il n'a qu'un objectif, infliger un maximum de dommage, il prend un réel plaisir à torturer ses proies et il savoure chaque goutte de sang versé par sa victime avant de l'achever. Même si sa méthode de combat est parfois inhumaine, même s'il ôte la vie dans un éclat de rire, je ne pourrais jamais lui en vouloir, comment pourrais-je lui en vouloir c'est sans doute sa façon d'évacuer toutes ses années de torture qu'il a subit. Son manque de compassion fait de lui l'un des meilleurs inspecteurs du centre à mes yeux et même si il est vrai que ce coté de sa personnalité peut être effrayante, sa rage n'est jamais dirigée vers les humains, enfin sauf peut être si on vient à le critiquer sur sa façon de s'habiller, son coté androgyne ou son comportement enfantin mais je serais la première à le défendre c'est certain. Les humains ont souvent ce coté abruti à persécuter une personne pour sa différence. Oui l'humain est parfois pathétique...

Une voix retentit me sortant alors de mon admiration pour mon partenaire de combat si cher à mes yeux :

- Rei! tu n'es qu'un psychopathe, un sale psychopathe qui va finir le ventre ouvert !

Rei ? Le ventre ouvert ? Je dois me dépêcher, je peux clairement distinguer de la haine dans la voix de cette fille et ça ne me rassure pas du tout. Je cours en direction des voix et pénètre dans la pièce où se tiennent deux filles à quelques choses prêts identique, l'une à les cheveux noirs et l'autre les cheveux blancs mais il est évident qu'elles sont jumelles, elles ont chacune un unique œil rouge, elles sont des demi Ghouls, certainement l'œuvre du docteur Kano. Elles ont abandonnées leurs vies humaines pour devenir des Ghouls... Même si on venait à m'expliquer les motivations d'une telle transformation, je ne pense pas que j'arriverais à comprendre.

De ce que je constate  elles sont sacrément amochées enfin surtout celle aux cheveux noirs , elle est transpercée de toute part de couteaux. Mon regard se tourne alors vers lui.

Quelque chose ne va pas, je le sens, je le vois, Juuzou ne s'en rend pas compte dans sa folie meurtrière mais le bas de son corps est couvert de sang, chaque mouvement qu'il exécute laisse une trainée rouge derrière lui, il y en trop, beaucoup trop. Mon cœur s'accélère lorsque je réalise alors qu'il s'agit de son sang, l'entaille qui traverse son ventre est tellement profonde que je me laisse envahir par l'angoisse, je ne supporterais pas de le voir mourir sous mes yeux. Par mesure de protection je me précipite entre lui et les deux sœurs, je crie alors son nom d'une voix tremblante, les larmes aux yeux pour qu'il réalise l'ampleur de la situation. 

- Juuzou!  Ce sang... Tous ce sang... Tu vas mourir ! Arrêtes toi !

Il sort alors de sa transe meurtrière et me regarde, puis baisse les yeux vers son abdomen.

- ah oui ! Mes intestins, ils vont sortir si je laisse ça comme ça... ne pleure pas Emi... Je vais bien, regardes ! un petit coup d'aiguille et je suis comme neuf. Si tu peux juste les occuper deux minutes.

Son ton calme et enjoué face à la situation suffit à me rassurer... Un peu. Je me ressaisi et pleine de rage envers ses deux Ghouls je me jette sur la plus acharnée, en effet la jumelle au cheveux blancs me paraît plus faible et reste en retrait contrairement à sa sœur qui est clairement plus forte et dangereuse pour Juuzou. Elle est rapide mais j'arrive tant bien que mal à esquiver son Kagune, mon heure n'est pas arrivée et ma colère suffit à me donner la force de l'affronter, je parviens enfin à la toucher, elle est désormais agenouillée au sol, il est tant pour moi de l' achever. J'entends alors la deuxième ghoul crier :

- Kurona! Non!

Je tourne la tête et je la vois se précipiter sur moi. Sa sœur lui crie de ne pas approcher, en effet Juuzou fait alors son apparition devant moi et d'une voix amusée balance :

- Désolé pour l'attente Emi! Bien, bien je vais maintenant casser ce que tu as de plus précieux Kurona.

Et d'un coup de quinque il fend en deux le corps de la seconde sœur, elle s'effondre alors au sol crachant du sang. Juuzou satisfait ajoute :

- Ils sont longs, tes intestins Nashiro!

Elle sont sœurs, elles étaient humaines et malgré leur choix de devenir Ghoul je ressens de la compassion face à cette scène, je le vois tous l'amour d'une sœur lorsque Kurona se précipite vers Nashiro, je le lis le chagrin sur son visage, elle est anéantie et dans un dernier espoir de protection elle tend la main vers elle mais sans aucune pitié Juuzou tranche le bras de Nashiro qui s'effondre dans les bras de sa sœur. Je reste en retrait, je n'ai pas autant de détermination que Juuzou à cet instant.

Kurona s'enfuie alors sous nos yeux emportant Nashiro avec elle :

- Papa va te sauver! je dois le trouver!

Juuzou n'a pas bougé et les a laissé partir. Peut-être a t'il ressenti de la pitié... Il fixe le couloir qu'elles ont empruntées, je m'avance vers lui :

- Tu vas bien Juuzou? Tu les connaissais ?

- Elles ont grandis au centre pour orphelin du CCG avec moi. J'avais rien contre elles mais elles sont devenus Ghouls.

- Tu les as laissé partir... Enfin moi aussi mais est-ce que tu as hésité à les tuer ?

D'un air gêné il se frotte l'arrière de la tête :

- C'est étrange, je ne sais pas trop... Je les tuerais la prochaine fois.

Me rappelant de sa blessure, je lui fais comprendre que je suis légèrement énervée:

- J'ai le droit de te frapper pour ton inconscience, non parce que te voir éventré me plaît pas beaucoup.

Il rit et se met à courir :

- Tu peux mais il faudrait que tu m'attrape d' abord Emi! Et avec tes petites jambes ce n'est pas aujourd'hui que ça arrivera!

Il ne se rend pas compte de la trouille que j'ai eu pour lui. Quel gamin il peut être parfois et le pire c'est que je le suis dans sa bêtise. Je l'aime tellement cet inconscient. Je ris à mon tour et pars à sa poursuite :

- Tu plaisantes ! Tu te moque pour deux centimètres de différence entre toi et moi... Je vais te tuer.

Tel un papillon blanc,  pur et insouciantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant