Émotion ?

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Nous restons un long moment immobile à fixer l'horizon, mes larmes ne cessent de couler... Je suis bouleversée, je n'aurais pu imaginer un instant un passé aussi lourd. Son enfance ne fut que torture et isolement. Je me sens tellement impuissante face à la situation, j'aurais voulu être là pour lui.

Il se détache alors de moi et me regarde, je peux lire dans ses yeux de l'incompréhension  :

- Pourquoi tu pleures Emi ? Est-ce que j'ai dis quelque chose de mal ?

- Juuzou! Je suis désolé... Je ne savais pas... Tu n'étais qu'un petit garçon et on t'a forcé à faire toutes ses choses... Inhumaines... J'aurais voulu me tromper mais tes sentiments... Les émotions, tu les a oubliées...

- Je ne sais pas trop! Tu as peut-être raison, même si je connais ses mots, je ne les comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi tu pleures, tu avais déjà des larmes hier! Ton visage est moins beau quand tu pleures Emi.

- Je suis triste de penser à tous ce que tu as subi à cause de cette ghoul... Hier j'étais triste d'avoir perdu mes parents mais également heureuse d'être là au centre avec vous.

Tout comme il l'a fait la veille, bienveillant il essuie mes joues noyées par le chagrin.

- Tous ça a l'air compliqué! Mais je préfère quand tu souris.

Il  réfléchi un instant :

- Est- ce que tu veux bien m'expliquer... Les émotions ?

Devant son air calme et interrogateur, je reprends doucement  mon souffle, je tente un léger sourire et lui répond :

- Oui je veux bien, je veux t'aider, alors on prendra le temps de découvrir ensemble toutes ses sensations.

Il se lève et sur un ton résolu ajoute :

- Bien c'est décidé Emi! Apprends moi!

Nous retournons ensemble à l'intérieur du bâtiment, dans le bureau M Shinohara nous attends :

- Où aviez vous disparu tous les deux ? la journée n'est pas fini et vous avez un rapport à rédiger pour la mission de ce matin.

Je tente alors de m'excuser mais Juuzou se redresse tel un soldat et prend la parole sur un ton sérieux quoi qu'un peu théâtral :

- Rentré de mission, Emi est parti précipitamment dans nos bureaux, j'ai pas compris alors je l'ai suivi. Couverte de sang elle était par terre avec ses habits propres, je l'ai donc accompagné dans les douches. À la base, je voulais faire des avions mais comme vous dites toujours que je dois être poli, je l'ai attendu. J'ai pas regardé l'heure mais après du coup on a été sur le toit pour faire voler les avions, après elle m'a posée une question bizarre, mais bon j'ai quand même répondu et après elle s'est mise à pleurer, j'ai pas compris non plus, mais elle veut bien m'expliquer, alors je vais attendre. Et puis maintenant on est là.

Comment vous dire qu'à ce moment là je ne savais plus où me mettre, il est d'une franchise qui me laisse sans voix. M Shinohara nous dévisage à tour de rôle puis pose son regard affectueux sur moi :

- Je suis désolé Emi, cette mission était peut-être un peu trop intense pour ton premier jour, mais je t'assure que tu t'en es très bien sorti. Tu vas bien ?

Il pense que c'est la mission qui m'a fait pleurer, c'est peut-être mieux ainsi, je me sens moins gênée pour le coup. Il est tellement gentil et bienveillant, il me rappelle mon père c'est rassurant.

-  Oui... Je vais bien, ne vous excusez pas. Cette première mission m' a apportée une grande satisfaction et je vais redoubler d'effort pour les suivantes. Je vous rédige tout de suite mon rapport M Shinohara.

- Je n'en doute pas, tu deviendras une grande inspectrice Emi, j'en suis certain. Juuzou! un rapport également, sans dessin pour changer. Je dois me rendre auprès du directeur, je vous laisse, vous n'aurez qu'à déposer vos rapports sur mon bureau quand vous aurez fini. Je vous ai  déposé des sandwichs sur la table. A plus tard.

Il quitte ensuite la pièce me laissant seule avec Juuzou qui s'était déjà précipité sur la nourriture, la bouche pleine il me tend un sandwich. Je le remercie et le mange rapidement afin de me mettre au travail, sur un ton amusé je lui fais tout de même une remarque :

- Des dessins! vraiment!

- J'aime pas écrire c'est vraiment trop long. Les rapports, les réunions, ça m'ennuie. Me dit-il d'un air blasé.

Il n'a pas vraiment tort mais tous doit être archivés alors il est important de le faire, sans compter que c'est une obligation. Je reste concentrée un moment afin de le remplir correctement, une fois terminé je me tourne vers Juuzou, il avait étalé sur la table des crayons de couleur et regardais le plafond en baillant.

- Tu as terminé Juuzou ?

- Oui, regardes!

Fière de lui, il me tend son rapport.

(Je remercie Juuzou pour son intervention qui nous éclaire grandement sur les évènements passés ce matin)

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(Je remercie Juuzou pour son intervention qui nous éclaire grandement sur les évènements passés ce matin)

- C'est comment dire ... Artistique. (Quoi ? Imaginez ces yeux remplis de fierté, la tête légèrement penchée et un sourire au lèvre. Il a une tête trop adorable pour que je lui dise qu'on ne doit pas le remplir ainsi.)

- Artistique ? Oui ça me va, M Shinohara me dit toujours que ce n'est pas adapté, mais bon il le prend quand même alors je continue comme ça.

Je passe le reste de la journée à consulter les affaires en cours : Ken Kaneki, la Goinfre, le Gourmet, le Cache œil, la chouette, Aogiri... Les affaires en cours sont nombreuses, sans compter cette histoire avec le docteur Kano et ses expériences de transformer des humains en ghouls. Rien que dit penser ça me fais frissonner, pitié achevez moi si je passe entre ses mains. 

M Shinohara n'est toujours pas revenu au bureau et Juuzou... Il fait acte de présence à mes cotés.

Il est désormais temps de rentrer chez moi. Cette journée fut longue, douloureuse le matin et bouleversante l'après-midi. Je vais ramper jusqu'à mon lit, pleurer sous les couvertures en pensant à lui et dormir pendant au moins trois jours.

- À demain Juuzou.

- Oui à demain Emi. Dans un grand sourire il ajoute : avec des beignets! il était trop bon ce matin.

- C'est d'accord un beignet spécial Juuzou, mais seulement parce que tu es trop adorable.

Il me regarde sans comprendre, je tourne les talons en riant et rentre à la maison.






Tel un papillon blanc,  pur et insouciantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant