Tel un papillon blanc, pur et insouciant

Un long silence

- M Suzuya vous ne pouvez pas rester là, l'hôpital n'accueille pas les visiteurs la nuit. Je vous le répète tous les soirs, ça fait déjà six mois M Suzuya, rentrez chez vous.

- Et ça fait six mois que je vous répète que je ne quitterais pas cette chambre! Si vous n'êtes pas là pour la soigner vous pouvez dégager!

Chaque soir depuis six mois le même rituel, l'infirmière encourage Juuzou à rentrer chez lui, mais chaque soir, chaque nuit, il reste auprès de moi. Ça fait déjà six long mois et je n'ai toujours pas ouvert les yeux, six mois que je suis dans ce lit d'hôpital, mon corps ne réagis pas, seul les sons et les odeurs que je perçois me prouve que je ne suis pas encore morte.

Je n'en peux plus, je n'arrive plus à supporter le bip de cette machine, le tuyaux qui traverse ma trachée, le balai des infirmières et des médecins, les visites de ma sœur qui pleure à chacun de ses passages. J'ai envie de crier, de pleurer, de bouger mais rien ne se passe. Combien de temps encore vais-je rester dans cet état. Je fais souffrir l'homme que j'aime et je suis impuissante, j'aime qu'il soit près de moi chaque nuit, mais il est malheureux et sans le vouloir je l'empêche de refaire sa vie.

Chaque nuit je l'écoute me raconter sa journée et depuis six mois il s'en est passé des choses, il ne me cache rien et c'est avec tristesse qu'il m'a annoncé que M Shinohara ne s'était toujours pas réveillé de son coma, il m'a également dit que M Amon avait disparu le soir de l'affrontement, la chouette à l'œil écarlate quand à elle a survécu et n'a toujours pas été retrouvée. Combien y a t'il eu de perte humaine cette nuit là, cette opération avait elle lieu d'être finalement, quand je prends conscience du résultat je me le demande.

Un nouveau jour se lève, j'entends toquer à la porte de ma chambre, je sens alors les bras de Juuzou me soulever pour qu'il puisse s'écarter et se lever il demande alors à la personne d'entrer :

- M Suzuya, vous allez encore être en retard ce matin, dépêchez vous !

- Je sais Hanbee j'arrive, tu te sens obligé de venir me chercher à chaque fois !

- Je ne suis pas sûr de vous voir de la journée si je ne viens pas.

- Attends moi dans le couloir, j'arrive.

Ce rituel fait également partie de mon quotidien, Juuzou est passé inspecteur spécial depuis un moment maintenant, il a donc pris le commandement d'une équipe dont Hanbee fait partit. Juuzou est que très rarement à l'heure au CCG alors Hanbee à pris l'habitude de venir le chercher à l'hôpital. Et comme chaque matin il me dépose un baiser sur le front avant de partir pour la journée.

Après son départ les infirmières entrent dans la chambre, elles changent les draps, me coiffent, me lavent et notent à chaque fois la même chose " Pas de changement constaté concernant l'état de la patiente"... Et elles parlent, elles parlent beaucoup trop d'ailleurs :

- Son petit-ami est là toutes les nuits, mais il devrait abandonner, il est impossible qu'elle se réveille, son traumatisme est trop grand.

- Je ne sais pas, il y a parfois des miracles, j'ai d'ailleurs entendu dire, que le soir de son accident, elle a réussi à se lever et protéger M Suzuya alors qu'elle avait le crâne en morceau. Comme quoi l'amour est peut être plus fort que la mort.

- On va attendre le miracle alors, en attendant je vais arrêter de dire à M Suzuya qu'il ne doit pas rester là le soir, à chaque fois il s'énerve et me mets dehors.

- Depuis le temps j'ai arrêté de le lui dire, elle en a de la chance d'avoir un petit ami si dévoué, moi je l'attends encore le prince charmant.