Dans la nuit

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Combien de temps c'est écoulé depuis qu'ils sont sortis de la chambre, je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être mais Juuzou n'est toujours pas revenu, je pensais pourtant que la journée était fini... L'arrivée dans la chambre d'une infirmière confirme mes doutes :

- Je viens vérifier que les constantes sont bonnes M Suzuya... M Suzuya ? Il n'est pas là cette nuit ? Il n'a pourtant jamais manqué une nuit à l'hôpital...

L'infirmière reste une dizaine de minute dans la chambre avant de sortir en refermant la porte. L'angoisse me prends alors, je ne comprends pas pourquoi il n'est pas là... Est-ce qu'il lui est arrivé quelque chose ? Je fais quoi ? Qu'est ce que je peux faire ? Je n'arrive pas à réfléchir... Bouge, allez bouge je t'en prie... Je croyais tellement en cette opération mais rien... Ce n'est pas possible....

Cela fait peut être une heure que j'angoisse, que des dizaines de scénarios tournent en boucle dans ma tête, une larme coule le long de ma joue... Une larme.... Je, je pleure, je ne rêve pas je pleure. Alors l'opération a fonctionné, je dois bouger... Je prends une grande inspiration avant de vérifier si mes doigts bougent, si mes yeux s'ouvrent. J'ouvre alors lentement les yeux sur une chambre éclairée faiblement, je dois sortir d'ici et trouver Juuzou, il ne faut pas que je me fasse remarquer sinon il ne me laisseront jamais sortir, mais je ne peux pas attendre. Je m'assieds, retire la perfusion, débranche la machine, je me lève mais m'écroule aussitôt bousculant la table de chevet, un objet tombe et roule alors sous le lit. Après six mois j'ai peut être été un peu trop rapide, je me penche pour attraper l'objet tombé et c'est avec un pincement au cœur que je découvre qu'il s'agit du rouge à lèvre à la fraise... Mon Juuzou tu l'as gardé tous ce temps... J'essuie mes larmes et fais une nouvelle tentative pour me lever en prenant appuie sur le lit. Après dix minutes je tiens enfin debout, j'ouvre la porte de la chambre sans bruit, il fait nuit les couloirs sont déserts, j'évite les quelques personnes que je peux croiser et sors de l'hôpital.

Je me retrouve à errer dans les rues de Tokyo, je n'ai été qu'une fois chez M Shinohara et je n'ai pas mon téléphone. Si il lui est arrivé quelque chose il ne sera pas là-bas mais je ne peux pas aller au CCG, je vais déjà aller chez lui et si il n'y est pas je... Je panique. Non je vais au centre, oui je vais au centre je n'aurais pas vraiment le choix. Je n'ai pas d'argent je ne peux donc pas prendre de taxi, après avoir marché environ une heure je perds espoir, il faut que je demande mon chemin, mais... Je ressemble à une évadée de prison, non d'asile, j'aurais peut être du m'habiller avant de sortir sans réfléchir et mettre des chaussures aussi, j'ai l'air maline dans ma blouse d'hôpital et pieds nues. Une voix retentit dans mon dos :

- Tu es perdu ma jolie ? Tu as besoin d'aide ?

Ma jolie ? Je suis prise d'angoisse, sa voix mielleuse ne me rassure pas et si c'est une Ghoul ou un pervers... C'est bien ma chance, je n'ai même pas d'arme, je presse le pas mais une main me saisit l'épaule :

-Allez ne sois pas timide, je ne vais pas te manger... C'est dangereux de traîner la nuit.

Il me retourne face à lui, et commence à me sentir les cheveux... Si il croit que je vais me laisser faire :

- Lâchez-moi !

- Tu te rebelles ma jolie... J'aime ça!

Je relève la tête afin de voir son visage, il s'arrête, me regarde et je sens sa main me relâcher, il s'écarte alors en courant avant de crier :

- Désolé... Je... J'ai rien dit...

Il avait l'air effrayé, je regarde autour de moi mais il n'y a rien... Je suis soulagée qu'il soit partie mais tous ça ne m'avance pas, je m'approche d'un plan à l'entrée du métro et murmure :

- Vous êtes ici! Bon je suis ici, donc je ne suis pas perdu, M Shinohara habite prêt d'une école. Oui! Cette école, c'est à deux rues d'ici.

Je reprends ma route, j'espère vraiment qu'il est chez lui, je serais soulagée de savoir qu'il ne lui est rien arrivé. mais si il est chez lui et pas avec moi, est-ce qu'il ne m'aime plus ou est-ce qu'il est fâché à cause de l'opération? Je n'arrive pas à comprendre, le mieux c'est de lui demander, oui je dois le trouver.

J'arrive dans la rue de M Shinohara, mon cœur s'accélère, je suis excitée mais anxieuse, j'avance tremblante quand je me fais bousculer par une personne qui fonce dans la direction opposée à moi, je tombe alors sur le trottoir, la personne s'arrête et fait demi-tour :

-Excusez moi! Je suis pressé, je dois aller à l'hôpital, elle a disparu... Emi à... Disparu... Emi?

Dans la nuit je n'arrive pas à distinguer le visage de la personne mais sa voix, je n'ai aucun doute :

- Juuzou?

Il se rapproche de moi lentement et s'arrête à quelques centimètres de mon visage, il ne dit plus rien et m'observe. On dirait qu'il a vu un fantôme, je fais quoi... Je parle, il parle, il part en courant, je pars en courant, j'ai l'air pitoyable assise par terre, pieds nues dans ma blouse et certainement le teint pâle et les cheveux emmêler. Il a changé... Oui sa coupe de cheveux et sa couleur aussi, il est toujours aussi beau, voir son visage m'avais tellement manquée, J'ai envie de pleurer, je baisse la tête et lui dit :

- Tu... Tu n'étais pas à l'hôpital cette nuit et... J'ai eu peur parce que tu es toujours là...

Il me prends alors dans ses bras et me serre tellement fort... La pression retombe, je suis soulagée et laisse ma tête reposée contre son épaule, il me chuchote alors :

- Je suis désolé, je ne voulais pas t'inquiéter... Emi c'est bien toi ? Je ne rêve pas ? Mon Emi j'ai eu peur à cause de l'opération, mais tu es là... Je suis tellement heureux...

Il s'écarte de nouveau et me regarde un long moment avant de se lever et de me porter, je passe mes mains autour de son cou et il avance jusqu'à la maison je lui dis alors :

- Je n'ai pas réussi à te le dire cette nuit là mais Juuzou, je t'aime oui je t'aime moi aussi... Tu m'as tellement manquée, tu étais chaque nuit prêt de moi dans ce lit d'hôpital mais j'ai tellement eu peur de ne jamais me réveiller et de... ne jamais revoir ton visage... J'avais tellement peur de gâcher ta vie...

- Ne redis jamais ça... Tu as su donner un sens à ma vie. Emi tu es l'amour de ma vie... Je t'aime et si il aurait fallu attendre un an, deux ans ou même l'éternité pour que tu ouvres les yeux je serais resté à tes cotés...

Il referme la porte de chez lui avec le pied et me conduit dans sa chambre puis me dépose sur le lit avant de me couvrir de ses draps, il retire ses vêtements et vient s'allonger près de moi. Je me serre contre lui, la chaleur de son corps me réchauffe alors, il m'entoure de ses bras et vient m'embrasser, je répond à son baiser. Oui je suis enfin là, je peux enfin le toucher, lui parler, l'aimer, je ne me suis jamais sentie aussi vivante...

Je perçois les rayons du soleil passer à travers les rideaux, une main qui ne m'appartiens pas est posée sur ma poitrine, je tourne la tête pour trouver Juuzou endormit. Je souris heureuse de le voir, je tourne mon corps vers lui et lui dépose un léger baiser sur les lèvres avant de me glisser hors du lit pour aller à la salle de bain, je me dirige vers le lavabo pour me rafraichir quand j'aperçois mon reflet dans le miroir :

- Je... Ce n'est pas moi... Non ce n'est pas possible...

Prise de panique je pousse un crie avant de me recroqueviller dans un coin de la pièce... Les pièces du puzzle s'assemblent alors mon dieu je suis un monstre...

Tel un papillon blanc,  pur et insouciantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant