Je me réveille à l'infirmerie perdue. Alors que je m'apprête à me lever l'infirmière surgie de nulle part « Attends bois ça. » me dit-elle tout en me tendant un verre. Je regarde le verre et fixe l'infirmière un peu perdue.
« Ce n'est rien d'autre que de l'eau. » Elle sort un pain au chocolat de la poche de sa blouse « Et mange ça aussi, ça ne te fera pas de mal. »- « D'accord. Mais c-comment suis-je... »
- « Arrivée là ? »Je hoche la tête.
« Des élèves qui t'ont vu dans un mauvais état devant le CDI. » Je fronce les sourcils mélangés entre l'étonnement et l'incompréhension.Où est passé Aeden. « Et Aeden, il n'était pas là ? »L'infirmière semble mitiger « Je n'ai pas entendu parler d'un Aeden, ils t'ont trouvé toute seule. C'était des élèves de la seconde deux si je ne me trompe pas. »
- « Ah d'accord, merci. »
- « Tu es sûre que ça va ? »
- « Oui, oui, c'est juste le choque du réveil. »
Elle hoche la tête et dit rapidement au revoir avant de disparaître de nouveau. Un seul mot me vient en tête étrange.° ° ° ° °
Nouvelle journée, toujours la même routine.
En ce début d'après-midi, j'accompagne mon père faire des courses. À peine garée, je sors de la voiture et me retrouve face à la route.
Je suis debout face à la route et observe avec étonnement la vitesse à laquelle les voitures passent.Le bruit des roues sur le sol m'hypnotise me coupant du monde et je me surprends à me demander ce qui se passerait si je me mettais au milieu, si les voitures auraient le temps de freiner face à moi.
Si je pourrais en mourir, si j'allais manquer à des gens, et surtout à qui ? C'est désespérant que les humains nécessitent d'une situation extrême pour dire les choses. Et si je finissais sur un lit d'hôpital entre la vie, et la mort, vont-ils se rendre compte à quel point j'allais mal ?
Ils vont repenser à tout, ces petits détails qu'ils ont vus sans y porter d'attention, et en comprendront le sens que maintenant.
Est-ce qu'ils vont se sentir coupables ? Est-ce qu'ils vont vite s'habituer à mon absence, une absence de longue durée ?
J'ouvre les yeux d'étonnement, et prends peur. Suis-je vraiment en train de penser à ma mort ? Suis-je suicidaire ?
Je ne sais plus comment réfléchir cette chose prend de plus en plus d'espace dans ma vie, et je pense que tout peut très mal finir.
Pourtant, je sais que je n'aurais jamais le courage de me suicider, mais regarder la route avec autant de pensée me semble particulièrement anormale.
Et pourtant, j'ai continué ma journée comme si tout allait bien.Cela fait quelques jours que j'ai le cerveau en vrac et je ne sais pas encore combien de temps, je vais tenir. Il faut que je parle avec Calypso au plus vite.
° ° ° ° °
Aujourd'hui encore aux courses avec mon père, je suis en mission pour aller chercher des vis.
Je marche sans vraiment porter attention à ce qui m'entoure. Gauche, droite, mouvement d'épaule pour éviter une collision.
Un automatisme.Un automatisme qui se bloque lorsque je me retrouve face à Aeden.
Nos regards se croisent à peine, lorsque je repars dans l'autre sens.
Cours Hina, vite, fuis.Je ne me retourne pas et prends un petit chemin à gauche pour me poser sur un banc. Il y a très peu de passage, je m'assois et pose ma tête entre mes mains pour me calmer.
Tu peux le faire, respire.
Il faut juste que je prenne le temps de me calmer et je pourrais repartir. Jamais il n'aura le culot de me suivre.
La dernière fois que je l'ai vu remonte au moment sous la pluie. Depuis, plus aucune nouvelle. Il avait comme disparu de la surface de la Terre.Aller, on inspire 4 secondes, bloque pendant 7 secondes et expire pendant 8 secondes.
Les gens passent devant moi sans s'arrêter. Chacun occuper dans son petit monde, sa petite vie remplie de problèmes.
C'est uniquement lorsque je sens que quelqu'un s'assoie sur le banc que je me mets à paniquer. Pourquoi cette personne, c'est elle assise ici. Il y a une dizaine de bancs libre, n'a-t-elle pas remarqué que j'occupe déjà ce banc.
Je ne jette aucun regard et me lève bien décidé à partir.Cependant, quelqu'un me retient par le poignet et un « Hina » flotte dans l'air.
Aeden.
Je me retourne essayant de ne pas porter attention à la chaleur autour de mon poignet et d'un air glacial, je demande : « C'est une habitude de m'attraper par le poignet ? »
Aeden me regarde de manière neutre, je suis incapable de savoir ce qu'il pense.
Puis, il me répond « Si tu arrêter de fuir peut-être que ça ne serait pas une habitude. »Je le fixe avec des éclairs dans les yeux. Je ne suis pas son amie, pourquoi me parle-t-il me parle de cette manière. « Et ça te fait quoi si je fuis ? Ce n'est pas ton problème. » Et avant qu'il ne réponde je rajoute « Et puis, je ne fuis pas. C'est toi qui te créer des histoires tout seul. Je n'ai rien à fuir. »
Cette fois-ci, il me regarde d'un air désolé. Non. Ne me regarde pas comme ça.
« Hina. Tu te mens à toi-même. Tu fuis. Tu fuis dès que tu as la tête en vrac et que quelqu'un arrive. Tu refuses qu'on te voie dans un tel état, mais tu ne vas pas pouvoir t'en sortir toute seule. Pas cette fois-ci. »Je me mords la lèvre. Aucun son semblable à un sanglot ne doit s'échapper de ma bouche.Ce qui se passe dans ma tête, c'est mon problème pas le sien. Puis, entre toutes les personnes que je connais, c'est bien le dernier qui est arrivé alors ce n'est pas lui qui va m'aider.
J'inspire et expire fortement les yeux fermés, puis m'assois sur le banc en tailleur face à lui.Je le regarde un sourire narquois et lui dit : « Pourquoi ? Tu crois être un héros ? Tu crois que tu vas pouvoir sauver la pauvre petite Hina ? Parce que monsieur le petit héros, tu es en retard. Il fallait arriver quand j'essayais de remonter à la surface. Maintenant ça ne sers plus a rien. »
Il ne vacille pas d'un millimètre et demande d'un air le plus neutre possible « Pourquoi ? Tu es ou maintenant ? »
Puis, il prit une grande inspiration, sûrement afin de se préparer mentalement de la violence de ma prochaine réponse. Il la redoute.
Il la redoute autant que ce que moi, j'ai peur, de finalement affirmer tout haut.« Actuellement ? Je suis morte noyée coincée dans les profondeurs de l'océan. »
De la pitié, voici ce qu'il y a dans son regard en ce moment même. Le tout mélangé avec un peu de tristesse.
- « Tu n'est pas noyée. »
- « Tu es dans le déni. Aeden. »
- « Tu n'est pas noyée. Pour la simple et bonne raison qu'à la fin de l'année, tu seras heureuse. Heureuse comme tu ne l'as jamais été. Et puis si tu étais vraiment noyée, tu ne l'aurais jamais avoué. Mais tu l'as dit tout fort, tout haut et ça, c'est déjà le début de la fin. »
- « Aeden. L'espoir tue. »
- « Quelquefois oui, mais pas cette fois-ci. »
Alors que mes yeux s'embrument de larmes, il se contente de sourire tout en ouvrant grand ses bras.
Par automatisme, je m'y précipite, toute de suite réconforter par sa chaleur et son odeur.
Ma tête nichée dans son cou à l'abri du monde, je laisse mes larmes couler le long de mes joues. Tandis que, sa main monte et descend le long de mon dos.Une douce caresse qui me réchauffe dans les profondeurs de l'océan.
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EFFRÉNÉE
Fiksi RemajaHina, est une jeune adolescente faisant face à la dépression, qu'elle finit par surnommer Amy. Face aux aléas de la vie rien n'est pas simple, mais qui a dit que l'échec était inévitable ? effréné : qui est sans frein, sans retenue : une poursuite e...