L'opportunité

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Un matin, Ysac, son employeur, entra dans l'atelier tout excité, un paquet dans les mains.

Ysac était un homme jovial et consciencieux, plutôt petit, avec un ventre proéminent et les cheveux dégarnis sur le haut du crâne.

- Bán, je vous confie un travail hors du commun. Une Lady de LUX vient de passer à la librairie avec ceci et aimerait que ce soit restauré le plus rapidement possible!

Thorn se leva de toute sa hauteur. Il dépassait Ysac de presque deux têtes. Il prit le paquet délicatement de ses grandes mains et le posa à son pupitre. Il ôta lentement le papier de soie beige et découvrit un ouvrage visiblement très ancien et également très abîmé.

Impassible, il répondît:
- Je vois. Il est très altéré. Je vais faire de mon mieux.
Ysac frétillait à l'idée qu'une Lady, une personne aussi prestigieuse puisse confier à sa petite entreprise une tâche aussi importante. Il jubilait de fierté intérieure.
- Je n'en doute pas. Vous n'êtes pas là depuis longtemps mais je sais que vous êtes méticuleux et que vous en prendrez grand soin.

Thorn inclina la tête en signe de remerciement.

- Faites passer ceci avant toute chose et vous aurez à le livrer en main propre! Je ne voudrais pas qu'un objet de cette valeur se perde par un commis. L'adresse de livraison est mentionné sur la carte.

De fait, un petit carton blanc avec un emblème en forme de soleil et doré au fer scintillait à côté du papier de soie.
- Ce sera fait. Dit simplement Thorn.

Son expression si neutre décontenança Ysac, alors qu'à l'intérieur, Thorn bouillait d'impatience de se rendre déjà à l'adresse indiquée. Voilà une opportunité à ne pas manquer.

Thorn travailla jour et nuit pour restaurer le mieux possible cet ouvrage. La reliure était usée et des enluminures vieillissantes ornaient la couverture de cuir marron. Il fut d'abord un peu déçu en l'ouvrant et de découvrir que celui-ci était rédigé dans une langue ancienne, pour lui inconnue. L'ouvrage devait probablement dater de peu de temps après la déchirure, voir avant. Il ne pourrait donc rien tirer de cet ouvrage. S'il avait hérité du don de lecture, il aurait pu au moins connaître l'émotion de la commanditaire de la restauration. Mais il ne l'avait pas, et se réconforta en se disant que si il n'avait pas hérité de celui de passe-miroir à la place, il ne serait pas sur Babel aujourd'hui.

La restauration terminée et validée par son employeur, il empaqueta le précieux livre et sortit de l'atelier qu'il n'avait pas quitté depuis 5 jours. Il était rasé de près, le turban impeccable et habillé de sa plus belle toge blanche. Il fallait faire bonne impression.

Il prit un tramway, un tramoiseaux rempli d'étudiants en uniformes bleus tous très absorbés par leurs lectures, puis un tac-si près de la pyramide pour le mener à un quartier très huppé de l'arche. Des acacias en fleurs bordaient les allées, embaumaient l'air, apportaient une ombre rafraîchissante aux passants et attiraient une multitude d'oiseaux chantants. Les demeures et leurs jardins privés étaient magnifiquement entretenus.

Thorn arriva devant une sorte de palais, de forme rectangulaire blanche avec des créneaux ornés sur le haut des murs. 3 coupoles de bronze étincelant couvraient l'édifice. Il y avait de minces et éparses fenêtres mais aussi une porte imposante sur laquelle un énorme soleil doré était sculpté. Le temple des Lords de Lux.

Mais ce n'était pas l'adresse indiquée et il poursuivit sa marche un peu plus loin en direction d'un pont de pierre qui enjambait le vide vers une petite arche mineure invisible quelques mètres avant.

Arrivé devant un portail forgé en or massif, il se dirigea vers un garde et précisa la raison de sa visite. Le garde le jaugea et prit le combiné d'un appareil téléphonique, parla brièvement puis la grille s'ouvrit.

Le périple de ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant