Le passe-miroir

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Vadislava, était cachée, invisible, dans un coin de la salle des pas perdus à l'affût de toute information. Sortant d'un des ascenseurs, deux gendarmes chuchotaient à propos de l'impensable mariage de l'ex-intendant. "Il l'aura eu finalement son mariage" se dit-elle. Mais les gendarmes continuaient leurs raillleries, pariant même jusqu'à l'heure de la prochaine mutilation.

Son contrat avec l'intendant avait pris fin avec les états familiaux. La fiancée était sauve et son clan des invisibles réhabilité. Elle avait rempli sa mission et lui aussi. Mais la suite de l'annonce de l'intendant à la radio l'avait poussé à en savoir d'avantage sur cet homme qui faisait passer ses intérêts après ceux des autres. Elle n'appréciait pas particulièrement Thorn ni la froideur de ses ordres mais il y avait en lui quelque chose de différent: Il était loyal et n'attendait rien en retour, chose extrêmement rare au Pôle et encore plus à la Citacielle.

Elle se glissa dans l'un des ascenseurs, arpenta invisible les nombreux couloirs, réussit à passer plusieurs sas de sécurité en frôlant des gendarmes qui lui semblaient de plus en plus nerveux. Ils parlaient de la cour et de Farouk. Un brouhaha se faisait entendre au loin. Elle arriva finalement devant une grande porte blindée en or massif. Une partie de la surface dorée avait fondu laissant l'empreinte d'une forme humaine. Des gendarmes gisaient à terre, elle s'agenouilla, ils étaient endormis. Elle comprit de suite qu'il y avait eu une évasion et qu'il ne pouvait s'agir que de Thorn. Elle pris le passe-partout d'un des hommes et s'en servit pour entrer dans le bureau jouxtant la cellule. Elle fouilla les nombreux tiroirs et découvrit ce qu'elle cherchait.

Il ne lui fut pas trop difficile de faire le trajet en sens inverse car les portes s'ouvraient maintenant à elle et surtout à l'esprit de famille et sa cour. C'est alors que Vladislava vit pour la première fois Farouk, de toute sa hauteur, impassible et majestueux. Il était précédé de la petite fiancée qu'elle était censée protéger il y avait encore quelques heures et qui n'avait visiblement plus besoin d'elle. La jeune fille semblait parfaitement se défendre toute seule face à son imposant interlocuteur et ce malgré le déferlement de voix et d'exclamations qui les entouraient. Vlasilava profita du tumulte ambiant pour longer les murs et prendre le chemin opposé du cortège hétéroclite.

Affalé devant sa penderie, Thorn se tenait hagard devant le miroir qu'il venait juste de franchir. Ce même miroir qu'il avait espéré voir Ophélie franchir tant de fois. C'était le premier qui lui était venu à l'esprit lorsqu'il comprit que le don que son épouse venait de lui inoculer n'était pas celui tant espéré de la lecture mais un autre, plus rare. Il était devenu un passe-miroir!

(PS: Merci Agebete pour la
relecture !)

Le périple de ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant