Lui parler.

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Voici un chapitre beaucoup plus long que d'habitude.
Je ne me suis pas résolu à le scinder.
Comme d'habitude, les textes en italique sont de Christelle Dabos.
Bonne lecture!
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Quelques heures plus tard, Thorn se réveilla, hébété d'avoir réussi à dormir aussi vite et aussi profondément. Cela ne lui était plus arrivé depuis 11 ans, 4 mois et 23 jours.
Ses neurones, eux, étaient déjà en marche. Il se redressa péniblement dans un grincement d'acier et ses draps se lissèrent instantanément.
Il fit le point et établit la liste des choses qui lui restaient à faire avant de retrouver sa femme.

La première était de faire sa toilette et se raser. Il ne pouvait décemment pas se présenter auprès d'Ophélie ainsi. Tous ses gestes étaient à son attention. Préférait-elle quand il lissait ses cheveux en arrière?

Une fois rafraîchi, désinfecté et recoiffé, il enfila avec soin la tenue la plus habillée qu'il possédait, celle qu'il pensait pouvait le mettre le mieux en valeur. Non pas qu'il se trouvait beau.

Il se fit apporter un copieux déjeuner par fantomisation. C'était nouveau: il avait faim! Faim de savoir enfin, faim de lui parler,... faim d'elle.

Le point suivant sur sa liste était de réparer sa jambière. Elle n'était vraiment plus présentable! Celle-ci fut beaucoup plus coopérative que la veille grâce à l'humeur étonnamment plus détendue de son propriétaire.

Ensuite il souhaita ranger son bureau, mais en y pénétrant il comprit vite que la tâche risquait de lui prendre beaucoup plus de temps qu'espéré. Il aurait pu remettre à plus tard comme le feraient beaucoup d'êtres humains normalement constitués mais son sens de l'ordre et du classement ne le laisserait pas tranquille tant qu'il ne faisait pas le minimum.

28 minutes et 7 secondes plus tard, les caisses étaient sagement alignées de part et d'autre de la pièce. Il prenait beaucoup sur lui pour ne pas entreprendre de trier les documents et les livres qu'il avait empilés par défaut sur les chaises et son bureau.

Là, il était prêt. Mais lorsqu'il sortit du Secretarium ce fut comme si il sortait de sa bulle et appréhensions et pressentiments revinrent hanter ses pensées. Un peu plus que cela même.

Il devait parler à Ophélie.

Elle lui avait dit qu'elle l'aimait mais rien dans ses gestes ne démontrait la moindre trace de l'amour auquel il aspirait. Leurs deux baisers n'avaient été que des baisers qu'il lui avait volés. Elle n'avait même pas répondu à l'étreinte qu'il lui avait faite après ses quatre mots.

Il ne connaissait rien à l'amour ni aux femmes et encore moins aux coutumes en la matière sur Anima mais il savait une chose: sa femme n'était vraiment pas une femme ordinaire.

Sur Anima, Ophélie avait refusé plusieurs propositions de mariage et elle avait résisté aux avances de l'ambassadeur, rien que cela était un exploit car, à sa connaissance, aucune femme du Pôle n'y était parvenue. Cela la rendait encore plus précieuse aux yeux de Thorn. Mais, manifestement, soit sa femme était particulièrement difficile soit elle n'était pas intéressée par la chose.
Et ces deux conclusions n'aidaient pas Thorn à le rassurer.

La mauvaise humeur de Thorn revint comme l'hiver au Pôle. Et l'averse qui tombait maintenant sur la place du Mémorial lui faisait écho. Heureusement, il était muni cette fois-ci, de son grand parapluie, il atteiginit le ponton et embarqua dans le premier tramoiseaux de la journée.

Il reprit son laïus intérieur.

Il n'avait eu de cesse d'observer qu'Ophélie avait la facilité déconcertante de se lier à des amis masculins, auxquels elle n'hésitait pas à apporter assistance en prenant parfois de très gros risques. Ils le lui rendaient tous plutôt bien.

Le périple de ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant