Ambroise

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Arrivés devant un portique flanqué de deux ridicules colonnes antiques, Ophélie se mit à chuchoter:
- J'espère qu'Ambroise sera chez son père. C'est à lui que j'ai confié mon sac, il me le rendra sans faire d'histoires si je lui demande.

Thorn fronça les sourcils. "Ambroise? Lazarus aurait donc un fils? J'espère qu'il n'est pas aussi prolixe que son père!" Il regarda Ophélie qui se perdait dans ses pensées. "Était-ce judicieux de lui confier ses affaires? J'espère bien qu'il ne fera pas d'histoires... sinon gare à lui!"
Il était prêt à faire face à cet Ambroise chez qui sa femme avait passé une nuit.

36.288 secondes.

Thorn martela la porte d'entrée du pommeau de sa canne et à sa surprise ce fut un automate qui vint leur ouvrir.
"Rrrrha pesta Thorn, encore ces maudits automates! "
Il força l'entrée sans prêter attention au serviteur d'acier.

La demeure était à la louange de son propriétaire aux lunettes roses et cela souleva le coeur de Thorn, Lazarus s'affichait en tableaux et statues dans tous les recoins de l'atrium dans lequel ils avaient pénétré.

Ophélie appelait Ambroise à travers plusieurs pièces, sans résultat.
Tous les automates de la maison s'étaient rassemblés pour les suivre à distance.
Thorn se braquait de plus en plus. Leur comportement m'avait rien d'hostile mais il n'était pas très confortable de sentir derrière soi une telle réunion de mannequins sans visage.
- Je les trouve perturbants, grommela-t-il.

Un bruit émana du fond de la maison et il fit signe à Ophélie. Le bruit se faisait plus fort à mesure qu'ils avançaient. Ils entrèrent dans une arrière chambre où on y rangeait des vêtements. Un tiroir de commode s'agitait en de violentes secousses.

- C'est peut-être mon sac, murmura Ophélie. Elle pensa l'avoir animé sans s'en apercevoir.
- Une seule façon de s'en assurer. Répondit Thorn pragmatique. Il prit son mouchoir et saisit le bouton du tiroir.
Une chose informe et énervée jaillit à son bras sur lequel elle s'enroula. Thorn, stoïque, reconnut l'écharpe. L'accessoire avait visiblement beaucoup manqué à Ophélie d'après l'émotion de celle-ci.
- Je l'avais perdue! Répéta-t-elle à plusieurs reprises.
Tel un serpent boudeur, l'écharpe daigna quitter le bras de Thorn pour se lover autour du cou de sa propriétaire. Thorn se surprit à jalouser soudainement cette pelote de laine qui câlinait sa femme de manière familière et amoureuse.

Il se demanda pourquoi cet Ambroise ou son père avait enfermé l'écharpe qu'elle pensait avoir perdu.
- Cet... Ambroise, êtes-vous certaine qu'il s'agit bien d'un ami?
- Vous devriez partir. Cette phrase prononcée avec sévérité fit retourner Thorn et Ophélie.
Une chaise roulante, entourée par un bataillon d'automates, se découpait dans l'encadré de la porte. Thorn dévisagea cet homme bizarre et infirme qui avançait dans un ronronnement mécanique.
- Partez, dit-il à l'attention d'Ophélie d'une voix suppliante.
Ophélie lui expliqua qu'ils étaient venus reprendre son sac et lui demanda ce qu'il lui arrivait.
- Il m'arrive que vous n'êtes pas celle que vous prétendez. Il scruta sa réaction.
Thorn sera le pommeau de sa canne, ses griffes étaient prêtes.
- Alors je ne m'étais pas trompé. Dit Ambroise d'un air déçu. Dés le premier instant, j'ai perçu chez vous... Mais je ne pensais quand même pas...
Thorn fronçait de plus en plus les sourcils.
- Vous devriez partir, miss. Please.
- Sinon quoi? Articula Thorn avec son accent du Pôle et un calme qui n'était qu'apparent.
Là, à cet instant, il n'était plus Sir Henry. Il était Thorn. Et il n'aimait décidément pas ce gringalet.

- Sinon ça se terminera très mal, répondit Ambroise.
"Garde tes griffes"
- De toute façon, ça ne pourra que très mal se terminer. Après tout, miss, vous êtes celle qui provoquera l'effondrement des arches.

À ces mots, les lunettes d'Ophélie virèrent au vert. Thorn excédé s'exclama:
- Je vais vous faire économiser du temps "et le nôtre". Vous êtes au service de Dieu n'est-ce pas?
C'est alors que, tous les automates se mirent en marche en même temps. Ils formèrent de concert un cercle autour de Thorn, Ophélie et Ambroise. Puis, des centaines de lames jaillirent des corps des mannequins formant une barrière infranchissable d'épines. Un piège.

- C'est vraiment regrettable, vous n'auriez pas dû dédire cela.
Rappelez-les, ordonna Thorn complètement crispé. Son corps tendu était à la limite de ne plus pouvoir maintenir ses griffes. Mais avec Ophélie si proche de lui, il ne pouvait les lâcher sans la blesser.
Ophélie tenta à plusieurs reprises de convaincre Ambroise de rappeler ses gardes automatisés.

- Il ne peut pas, papillonna une voix familière. La voix de Lazarus.
- Moi, oui! Rompez, boys!
Le cercle des automates ravalèrent leurs lames dans un froissement métallique et se retirèrent.

- Mr et Mrs Thorn! Lazarus les accueillit comme si tout ceci était parfaitement naturel. Il les invita au salon en remettant son immense haut de forme.

Le périple de ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant